Y aura-t-il des cadeaux à Noël ?

"On dit toujours aux clients qu'il vaut mieux faire les courses de Noël en avance", remarque Judy Ishayik, copropriétaire d'une boutique de jouets new-yorkaise. Cette année, avec les problèmes d'approvisionnement, s'ils veulent un article spécifique, "on leur recommande de faire leurs emplettes dès septembre".

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Des étagères quasiment vides à Mary Arnold Toys, magasin de jouets à New York, le 2 août.

D'autant que les prix vont grimper. Son magasin, Mary Arnold Toys, vend des jouets depuis 90 ans dans l'Upper East Side, un quartier huppé de Manhattan.
En apparence, il est bien achalandé. Mais au fond de la boutique et dans le sous-sol où les stocks sont entreposés, certaines étagères sont vides.
Comme de nombreux autres secteurs de l'économie, les géants du jouet peinent à s'approvisionner et à acheminer leurs livraisons.
Les raisons sont multiples : des usines ferment sporadiquement à cause de pics de contamination au COVID-19, les transporteurs maritimes sont submergés par la demande avec le commerce en ligne, il y a une pénurie de conteneurs, dans certains ports, les bateaux attendent plusieurs jours pour décharger leurs marchandises, aux
États-Unis, les transporteurs routiers peinent à recruter des chauffeurs.
Les spécialistes du jouet manoeuvrent comme ils peuvent depuis le début de la pandémie, confrontés début 2020 à la fermeture d'usines de fabrication en Asie, puis de magasins un peu partout dans le monde.
Un mini-vent de panique avait commencé à souffler avant la saison des fêtes l'an dernier, certains craignant que les transporteurs comme UPS ou Fedex, débordés, ne puissent livrer les colis aux clients en temps voulu.
Les cadeaux étaient en grande majorité arrivés à temps.
Finalement, soutenues par les achats de poupées, de jeux de société et de construction pour les enfants coincés à la maison, les ventes du secteur ont progressé de 16% en 2020 aux
États-Unis, selon le cabinet NPD.
Bataille pour les bateaux
Mais avec une chaîne d'approvisionnement perturbée depuis plus d'un an maintenant, les retards se sont accumulés, remarque Jennifer Blackhurst, spécialiste en chaîne d'approvisionnement à l'université de l'Iowa.

Un employé à Mary Arnold Toys, magasin de jouets à New York, le 2 août.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Cela n'affecte pas juste un secteur ou un produit. Toutes les entreprises se battent pour obtenir un peu d'espace sur les bateaux" et la situation ne devrait pas, selon elle, se normaliser avant 2022.
Hasbro, la maison mère des figurines Transformers et des Monopoly, en est bien conscient.
"Nous
œuvrons pour assurer la disponibilité des produits pendant les fêtes", a récemment assuré la directrice financière du groupe, Deborah Thomas.
Hasbro a passé les commandes plus tôt, diversifié ses sources d'approvisionnement, les ports et transporteurs utilisés.
Ces mesures ont toutefois un coût : les tarifs du fret maritime ont quadruplé comparé au début de l'année, a souligné Mme Thomas.
Le groupe va donc augmenter ses prix au troisième trimestre.
Pour sa part, le PDG de Mattel, fabricant de la célèbre Barbie, assure que son groupe peut répondre à la demande.
"Il pourrait y avoir encore des défis imprévus dans la chaîne d'approvisionnement et il est difficile de dire ce que l'avenir nous réserve", reconnaît toutefois Ynon Kreiz.
Stocks limités de Lego
Si les multinationales peuvent compter sur leur réseau étendu, ce n'est pas le cas des petites entreprises.
La fédération professionnelle du secteur, Toy Association, a créé fin juillet une structure pour aider les sociétés à surmonter la crise du transport maritime, qui devrait, selon elle, durer jusqu'à fin 2021, voire 2022.
"85% des jouets vendus aux
États-Unis sont fabriqués à l'étranger", a rappelé l'organisation dans une récente lettre à des parlementaires. Or, à cause de la pénurie de conteneurs et du peu d'espace disponible sur les bateaux, "de nombreux membres voient leurs produits coincés à l'étranger".
Et pour ceux qui parviennent à trouver des solutions, les tarifs explosent et les retards se multiplient.
"On commande le maximum actuellement (...) car les entreprises ne peuvent pas nous garantir la disponibilité de la marchandise en octobre ou novembre", remarque Ezra Ishayik, chargé des achats pour Mary Arnold Toys.
Il a passé auprès de Lego une commande de 60.000 USD mais seul l'équivalent de 20.000 dollars de marchandises sera envoyé faute de stocks.
Il y aura des jouets sous le sapin, assure Jennifer Blackhurst. Mais il est difficile de prévoir où seront les goulots d'étranglement.

À cause d'une pénurie de bois, "il faut actuellement des mois pour certains meubles", souligne-t-elle. Et le manque de semi-conducteurs pourrait finir par affecter plus durement les fabricants de produits et gadgets électroniques.

AFP/VNA/CVN

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