Washington va taxer les importations d'acier et d'aluminium du Brésil et de l'Argentine

Donald Trump a annoncé lundi 2 décembre que les États-Unis allaient imposer des droits de douane sur les importations d'acier et d'aluminium en provenance du Brésil et de l'Argentine, prenant par surprise l'un de ses principaux alliés, le président brésilien Jair Bolsonaro.

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Le président Donald Trump (gauche) et le président brésilien Jair Bolsonaro à Washington, le 19 mars.

Le président américain a justifié sa décision par le besoin de riposter à la dévaluation des monnaies de ces pays, faisant fi de la crise économique que traverse actuellement l'Argentine. "Le Brésil et l'Argentine ont procédé à une dévaluation massive de leur monnaie, ce qui n'est pas bon pour nos agriculteurs", a tweeté le locataire de la Maison Blanche. "Avec effet immédiat, je rétablirai les droits de douanes sur tout l'acier et l'aluminium qui sont expédiés de ces pays aux États-Unis", a-t-il ajouté.

Cette annonce est une très mauvaise nouvelle pour le Brésil, le deuxième fournisseur d'acier des États-Unis. Même chose pour l'Argentine qui exporte la majorité de son acier et de son aluminium vers la première puissance économique mondiale. Le très pro-américain Jair Bolsonaro, qui se targue d'entretenir d'excellentes relations avec Donald Trump, a immédiatement réagi, se disant prêt à appeler son homologue américain.

Incertitudes

"J'ai une ligne directe avec lui", a-t-il déclaré à des journalistes devant sa résidence à Brasilia. Un peu plus tard, dans une courte interview à un média local, Radio Itatiaia, Jair Bolsonaro a également espéré que Donald Trump "comprendra" la position de son pays et ne le "pénalisera pas". En mars 2018, Donald Trump avait annoncé l'instauration, au niveau mondial, de droits de douane de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium avant d'accepter quelques mois plus tard de les supprimer pour l'Argentine et le Brésil, ainsi que pour d'autres pays. En échange de cette exemption, le Brésil avait accepté d'établir des quotas d'exportation.

"Je leur ai donné un sacré coup de pouce sur les tarifs mais maintenant, c'est fini", a par la suite déclaré le président américain à des journalistes, en référence au Brésil et à l'Argentine. Bien que de nombre d'économistes déplorent l'imposition de droits de douane punitifs américains sur des centaines de milliards d'importations, Donald Trump a une nouvelle fois défendu cette stratégie, soulignant que Washington encaissait "des sommes énormes" grâce à ces taxes. Pour autant, les entreprises ont ralenti leurs investissements aux États-Unis et les agriculteurs américains, qui ont subi les représailles notamment de la Chine, sont à la peine.

Et l'acier américain a continué à souffrir, l'emploi dans le secteur sidérurgique poursuivant son déclin tandis que la production a été arrêtée dans certains hauts fourneaux le mois dernier. Le Brésil et l'Argentine ont, eux, bénéficié en partie de la guerre commerciale sino-américaine en se substituant aux États-Unis pour les exportations de soja et d'autres produits agricoles. Le président américain a également demandé à la Réserve fédérale d'"agir en conséquence" pour que les autres pays "ne profitent plus de la force de notre dollar en dévaluant leur monnaie".

"Perplexe"

En 2018, les États-Unis ont importé plus de 3,98 millions de tonnes d'acier en provenance du Brésil, représentant une valeur de près de 2,5 milliards de dollars, selon le département américain au Commerce. La semaine dernière, la monnaie brésilienne, le réal, a franchi pour la première fois le seuil des 4,27 réais pour un dollar, nouveau record historique de baisse. Le réal a perdu 5% depuis le début novembre face au dollar.

Une dépréciation due, selon les analystes, non pas à une intervention de Brasilia, mais aux incertitudes internationales avec notamment la guerre commerciale USA-Chine, et à des doutes sur la capacité du gouvernement Bolsonaro à mettre en place ses réformes d'austérité. La semaine dernière, si le ministre brésilien de l'Économie a fait reculer le réal en déclarant qu'il n'était pas préoccupé par la santé de sa monnaie, la Banque centrale est en revanche intervenue plusieurs fois sur les marchés pour en limiter l'érosion.

La décision du président américain "porte un dur coup au (locataire du) palais de Planalto qui voyait Washington comme un allié", a estimé André Perfeito, du cabinet de consultants Necton. De son côté, l'institut brésilien de l'acier (IAB) s'est dit "perplexe". Il a souligné que ces mesures finiraient à terme "par nuire à l'industrie sidérurgique américaine elle-même, qui a besoin des produits semi-finis exportés par le Brésil pour faire fonctionner ses usines".

En Argentine, où tous les voyants économiques sont au rouge, Javier Madanes Quintanilla, le président du groupe Aluar, seul producteur d'aluminium du pays, a dénoncé dans un entretien au quotidien La Nacion une mesure qui "nous touche très fortement". L'an passé, les États-Unis ont importé 168.922 tonnes d'acier en provenance d'Argentine, représentant 220,25 millions de dollars, selon l'administration américaine.


AFP/VNA/CVN

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