Villages de métiers, nouveau cheval de bataille de Hô Chi Minh-Ville

Hô Chi Minh-Ville comptait autrefois 64 villages de métiers contre seulement 19 actuellement. C’est pourquoi leur préservation s’impose aujourd’hui, au point de devenir une priorité pour les autorités.

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Fabrication des stores en bambou dans la commune de Tân Thông Hôi, district
de Cu Chi, à Hô Chi Minh-Ville.

Au milieu des bambous, Trân Thi Do, 76 ans, une artisane de la commune de Thai My, district de Cu Chi, à Hô Chi Minh-Ville, divise tranquillement chaque tube de bambou en fines tiges utilisées pour le tissage des paniers.

«Chaque jour, je peux faire deux paniers d’une valeur totale de 12.000 dôngs. Je gagne juste assez d’argent pour acheter des bonbons aux enfants», partage Mme Do. «Auparavant, la vannerie faisait vivre tous les habitants de la commune et contribuait à augmenter les revenus et à réduire la pauvreté dans le secteur. Pourtant, en raison du développement de l’économie de marché, les produits en plastique et en aluminium +tuent+ à petit feu les paniers en bambou. Non, la vannerie n’est pas morte, mais elle a du mal à survivre. On continue malgré tout d’exercer cette activité avec amour», ajoute-t-elle.

Comment agir pour changer la situation ?

Thai My n’est pas un cas isolé. Des dizaines de villages de métiers de Hô Chi Minh-Ville ont subi le même sort. Nguyên Thi Bay, une artisane de la commune de Tân Thanh Tây, spécialisée dans la fabrication de matelas en badamier, se rappelle de l’époque où les consommateurs venaient des provinces voisines de Dông Nai, Tây Ninh et Long An pour leurs produits.

«Nos produits artisanaux ne peuvent plus concurrencer les produits industriels en raison de nos faibles ressources financières, de notre production à petite échelle qui s’explique par notre technique de fabrication traditionnelle, et de la monotonie de nos produits. Voilà pourquoi de plus en plus de monde est obligé d’abandonner ce métier», regrette Mme Bay.

Hô Chi Minh-Ville a récemment élaboré un projet d’aménagement des villages de métiers à l’horizon 2020.

Ngô Van Ty, propriétaire d’une fabrique de balais en herbes dans le 8e arrondissement, a fait savoir qu’autrefois, son produit était très connu dans la région. «Notre balai, en plus d’être très résistant, est entièrement fabriqué à la main. Mais depuis trois ans, on ne peut plus rivaliser avec les balais produits à bas coût et vendus à un prix dérisoire», raconte M. Ty.

Certains villages de métiers ont décidé de faire usage des nouvelles technologies et de renforcer le marketing et la promotion de leurs produits pour tenter de survivre. Les artisans tentent aussi de mettre l’accent sur leur mode de production respectueux de l’environnement.

«J’essaie de créer de nouveaux designs pour suivre les tendances du moment. Pour améliorer l’exportation, nos produits doivent être plus beaux, plus durables et plus légers», résume Nguyên Huu Bèn, directeur de la Compagnie de fabrication des stores en bambou Thanh Truc, dans le district de Cu Chi. «Pour l’amour et la nostalgie que j’éprouve à l’égard du métier de mes ancêtres, je veux à tout prix le conserver pour mes descendants», ajoute-t-il.

Le quartier de tissage des nattes de Binh An, dans le 8e arrondissement, n’est plus dans la mémoire de grand monde. «Pour les artisans comme moi, ce métier traditionnel représente la survie et la mémoire de notre lignée. Je ne l’abandonnerai jamais. Nous voulons développer nos produits mais nous n’avons pas suffisamment d’argent», fait savoir Vo Thi Xuyên, une habitante du village de Binh An.

Un espoir qui ne tient qu’à un fil

Selon le chef du voyagiste Lửa Việt, Nguyên Van My, les villages d’artisanat traditionnels risquent de disparaître non seulement à Hô Chi Minh-Ville mais aussi à Hanoï, Hôi An (Centre) et Binh Duong (Sud). «Pour sauver les villages de métiers, l’État doit déterminer la liste des villages de métiers à être préservés en association avec le tourisme et leur accorder des politiques d’assistance et d’exonération des impôts. En même temps, il faut investir dans les infrastructures touristiques», affirme M. My.

Pour sa part, Trân Truong Son, vice-président de l’Association des paysans, estime qu’il est nécessaire de créer des coopératives de villages de métiers et d’encourager les gens, les organisations à participer aux activités de préservation et de développement des villages de métiers. Il s’agit de provoquer une prise de conscience collective des habitants sur l’importance de préserver ces villages.

Récemment, Hô Chi Minh-Ville a élaboré un projet d’aménagement des villages de métiers à l’horizon 2020. L’enjeu de la préservation des villages traditionnels doit être de leur donner les moyens de se développer de façon pérenne.


Huong Linh/CVN

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