Vers l’inscription de la culture d’Óc Eo au patrimoine mondial

De nouvelles découvertes sur le site archéologique d’Óc Eo - Ba Thê ont marqué une étape importante dans les recherches sur la culture d’Óc Eo. Et début 2022, l’UNESCO a officiellement introduit ce lieu à ses propositions d’inscription à la liste du patrimoine mondial.

Le site archéologique d’Óc Eo - Ba Thê figure depuis début 2022 dans les Listes indicatives de l’UNESCO.
Photo : VNA/CVN

Óc Eo est l’une des trois cultures anciennes du Vietnam : Dông Son au Nord, Sa Huynh au Centre et Óc Eo au Sud. Il s’agit d’un nom donné par l’archéologue français Louis Malleret (1901-1970) lors de sa découverte en 1944 du site sur un monticule élevé dans un champ situé au sud-est de la montagne Ba Thê, aujourd’hui le bourg d’Óc Eo, district de Thoai Son, province méridionale d’An Giang.

La culture d’Óc Eo est inhérente à l’ancien royaume de Phù Nam (Fou-nan ou Funan) qui semble avoir prospéré du Ier au VIe-VIIe siècles de l’ère chrétienne en Asie du Sud-Est. Dotée de traces matérielles, elle est une preuve claire d’un âge d’or de l’histoire nationale vietnamienne.

De nouvelles découvertes sur les sites archéologiques Óc Eo - Ba Thê et Nên Chùa dans les provinces méridionales d’An Giang et de Kiên Giang ont fourni des preuves matérielles fiables afin de constituer un dossier pour demander la reconnaissance par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) du site en tant que patrimoine culturel mondial.

Une ville prospère il y a deux millénaires

"Óc Eo est un projet scientifique de grande envergure que le Premier ministre nous a confié en 2015", a indiqué le Professeur agrégé-Docteur Bùi Nhât Quang, président de l’Académie des sciences sociale du Vietnam.

La bague en or Nandin de Giông Cát, un trésor national.
Photo : CTV/CVN

"Entre 2017 et 2020, les archéologues ont mené des fouilles à grande échelle sur plus de 16.000 m² dans la zone du champ d’Óc Eo et de la montagne de Ba Thê. Certaines parties du site auraient plus de 2.000 ans", a informé le Professeur agrégé-Docteur Bùi Van Liêm, rédacteur en chef de la revue Khao cô hoc (Archéologie) et membre du Conseil national du patrimoine culturel.

Les chercheurs ont rassemblé un grand nombre de vestiges et dévoilé l’histoire de la formation et du développement de la culture d’Óc Eo dans le delta du Mékong et de l’ancien royaume de Phù Nam en général. Ils ont également étudié plus en profondeur la position, le rôle et l’importance de l’ancien centre urbain d’Óc Eo dans l’histoire du pays ainsi que pour les régions d’Asie du Sud-Est et d’Asie.

En effet, les traces matérielles de cette culture avaient été décelées par des archéologues français à la fin du XIXe siècle. Et le site fut découvert en 1944 par Louis Malleret, membre de l’École française d’Extrême-Orient (EFEO) avant de la diriger de 1949 à 1956, lorsqu’il se rendit à la commune de Vong Thê (Thoai Son) pour fouiller les vestiges d’un port.

"Les fouilles nous ont permis d’estimer qu’Óc Eo aurait été un port commercial prospère de l’ancien royaume de Phù Nam il y a deux millénaires", a fait savoir Bùi Van Liêm.

Le bas-relief de Bouddha Linh Son Bac a une valeur exceptionnelle.
Photo : CTV/CVN

Le Professeur agrégé-Docteur Bùi Minh Tri, directeur de l’Institut d’études de la citadelle impériale (IICS), a déclaré qu’après quatre ans de fouilles, des résultats encourageants ont été obtenus. Les documents montrent qu’Óc Eo était liée à la terre et aux habitants du delta situé en aval du Mékong et avait une relation étroite avec l’histoire de l’Asie du Sud-Est antique. Elle fait partie de l’histoire nationale du Vietnam.

Beaucoup d’archéologues vietnamiens et étrangers ont effectué des fouilles importantes pour percer les secrets de cette ancienne culture. "Deux reliques ont été reconnues en tant que trésors nationaux fin 2021", a informé Bùi Minh Tri. Ce sont le bas-relief de Boud-dha Linh Son Bac datant des IIIe-IVe siècles et la bague en or Nandin de Giông Cát du Ve siècle (selon la légende, le taureau Nandin est la monture du dieu Bhadresvara, alias Shiva).

Dans le site de Nên Chùa, des chercheurs ont découvert une partie du corps de la statue de la déesse Durga (épouse de Shiva) et la main de la statue du dieu Surya - le dieu du soleil, montrant que les vestiges architecturaux sur la colline de Nên Chùa sont d’architecture hindou.

Les archéologues ont également trouvé des vestiges d’un complexe d’ouvrages liés au temple, tels que deux grands lacs, deux puits et la "colonne sacrée" du dieu Shiva autour du monticule de Nên Chùa. Il s’agit d’une toute nouvelle découverte qui démontre que le temple de ce site était de grande envergure et qu’il avait été construit selon le modèle religieux hindou.

De nombreux types de reliques précieuses d’origines étrangères trouvées dans les fouilles telles que des pièces de monnaie et des médailles d’or romaines, des lampes en bronze perses, des miroirs en bronze chinois... ont révélé les mystères du réseau commercial maritime de cette époque-là.

En particulier, de nouvelles découvertes de céramiques de l’Empire romain, de l’Inde, de la Chine et de l’Asie occidentale témoignent qu’Óc Eo - Ba Thê et Nên Chùa étaient un ancien complexe urbain, jouant un rôle très important dans le développement du royaume de Phù Nam. Il entretenait des relations commerciales avec de nombreux anciens royaumes d’Asie du Sud-Est ainsi qu’avec des pays d’Asie du Sud, d’Asie du Sud-Ouest, d’Asie du Nord-Est... par le biais du commerce maritime international.

Autant de bases scientifiques pour que l’UNESCO introduise début 2022 ce site parmi ses propositions d’inscription à la liste du patrimoine mondial.

Phuong Nga/CVN

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