Valoriser le rôle des villes petites et moyennes

L’aménagement urbain est un processus continu nécessitant des ajustements périodiques. Au Vietnam, pour valoriser le rôle des villes petites et moyennes en vue d’un développement équilibré, les experts proposent de les placer dans un rapport étroit avec les grandes cités.

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Vue aérienne d’un coin de la ville de Tuyên Quang de la province éponyme du Nord.
Photo : VNA/CVN

L’absence de connectivité entre les centres urbains est une lacune du système pour atteindre un développement durable. La coopération interrégionale entre les villes n’est pas encore devenue une préoccupation des autorités municipales. Citant en exemple la région Centre, l’architecte Pham Thi Nhâm, directrice adjointe de l’Institut national d’aménagement urbain et rural, affirme que très peu de relations entre les villes petites et moyennes sont établies, et même elles existent, elles restent très formelles.

"Bien que ces dernières années, les centres urbains du littoral du Centre aient pris conscience de l’importance des liens interrégionaux en proposant des initiatives de coopération, celles-ci restent en grande partie inefficaces. Par conséquent, il est nécessaire d’établir un mécanisme de gouvernance régionale et de mettre en place un organisme de gestion et de contrôle des activités de partenariat entre les centres urbains", suggère-t-elle.

L’importance de la connectivité urbaine

La tendance dans le domaine du développement urbain dans le monde est de connecter les petites villes avec les grandes métropoles et agglomérations. L’expérience internationale montre que ces politiques permettent de valoriser le rôle des villes petites et moyennes tout en réduisant progressivement la pression sur les grandes cités, contribuant à un développement urbain plus équilibré. D’après le Dr. Alfonso Vegara, ancien président de l’ISOCARP (acronyme de l’Association internationale des urbanistes de villes et régions), la coordination entre les petits et les grands pôles urbains peut être vue comme la structure d’un diamant : ses côtés mettent en valeur sa surface centrale, ce qui rend le diamant plus brillant, plus attractif.

Une meilleure connectivité urbaine peut se réaliser par la construction des villes satellites atour d’un grand pôle-centre. Dans le delta du fleuve Rouge par exemple, la construction des infrastructures de transport entre Hanoï, Hai Phong et Quang Ninh ont permis de dynamiser des villes comme Hai Duong et Hung Yên, avec à la clé la création de nombreux emplois et la réduction de l’exode vers Hanoï et Hai Phong.

Préoccupés par la surcharge des infrastructures de transport vers l’aéroport international de Nôi Bài, à Hanoï, des experts ont proposé la possibilité de construire une petite ville dans le district suburbain de Soc Son avec une population raisonnable, spécialisée dans le service de cet aéroport. Cette ville accueillerait le personnel et les entreprises impliqués dans les opérations aéroportuaires qui ne devraient ainsi plus retourner dans le centre-ville tous les jours.

Des villes résilientes aux désastres

La pandémie de COVID-19 a révélé un grand nombre de problèmes dans la gestion urbaine. En effet, jusqu’à présent, aucune politique n’aborde véritablement la question de la résilience des centres urbains aux catastrophes, sanitaires ou naturelles. Par conséquent, les urbanistes vietnamiens sont appelés à réfléchir sérieusement sur de futurs modèles de centres urbains en capacité de résister à des épisodes catastrophiques afin de minimiser les dégâts. Ce défi implique d’améliorer la connectivité du réseau urbain, afin de permettre le déplacement et la mise à l’abri des populations.

Photo : VNA/CVN

Selon le Pr. Nguyên Quôc Thông, vice-président de l’Association vietnamienne des architectes, le COVID-19 est une bonne opportunité de penser à la ville de demain. En fait, sans l’épidémie, nul n’aurait imaginé vivre en distanciation sociale. L’architecture urbaine moderne doit donc essayer d’envisager aujourd’hui toutes les possibilités. "Il est peut-être temps de créer des villes petites et moyennes d’une densité faible mais très flexible pour l’accueil de gens évacués à cause d’épisodes catastrophiques", se questionne-t-il.

Pour sa part, l’architecte Ngô Viêt Nam Son suggère qu’il faut se concentrer sur la construction d’espaces aérés et verts tels que les zones urbaines écologiques. Les ouvrages architecturaux de l’avenir seront des modèles respectueux de l’environnement, avec suffisamment d’espaces ensoleillés et de grandes étendues d’eau.

Les modèles de "centres urbains sanitaires" sont une autre idée avancée par les urbanistes. Ce seraient dans ces zones que l’on retrouverait hôpitaux, centres de services de rétablissement de santé, maisons de repos, etc. Ils devront être des espaces de vie suffisamment larges pour être capables d’accueillir la population extérieure. "Je pense que c’est un réel besoin à l’avenir. Si nous nous préparons bien, nous pourrons nous adapter plus facilement aux nouvelles épidémies qui pourraient survenir", indique M. Son.

Pour atteindre une répartition raisonnable de fonctions et de responsabilités entre les villes, grandes ou petites, un plan directeur avec des orientations stratégiques et des programmes de développement spécifiques à chaque période est nécessaire. Le président de l’Association vietnamienne de l’aménagement et du développement urbains, Trân Ngoc Chinh, déclare que le ministère de la Construction, en tant qu’organisme de gestion étatique, devrait élaborer une stratégie spécifique dans laquelle seront privilégiées la durabilité et la valorisation du rôle des villes petites et moyennes pour qu’elles puissent seconder les grands pôles. Dans le même temps, il devrait avoir des évaluations sur le développement urbain pour les rapporter périodiquement au gouvernement.


Vuong Tho - Linh Thao/CVN

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