UNESCO : le quan ho de Bac Ninh, dix ans déjà

Inscrit en 2009 par l’UNESCO sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, le quan ho ou chant alterné de la province de Bac Ninh confirme la forte vitalité d’un art original au sein de la communauté.

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>>La forte vitalité du chant alterné

>>"Je chanterai jusqu’à mon dernier souffle"

Représentation du "quan ho" de Bac Ninh lors de la fête de Lim.
Photo : VNA/CVN

La province de Bac Ninh (Nord) compte actuellement 44 villages d’origine du quan ho, 369 autres le pratiquant et 381 clubs regroupant plus de 10.000 membres, dont environ 600 capables de transmettre ce chant populaire. À travers le pays et à l’étranger, il en existe des centaines de clubs qui maintiennent régulièrement leurs activités, créant ainsi une forte diffusion au sein de la communauté.

Le quan ho est traditionnellement associé aux fêtes du printemps qui suivent la célébration du Têt (Nouvel An vietnamien). Cette musique folklorique, qui provient des anciennes chansons d’amour entre jeunes hommes et femmes, prend son origine dans la province de Bac Ninh qui dénombre 547 fêtes se déroulant tout au long de l’année.

Ces chants sont constitués de couplets interprétés en alternance par deux femmes d’un village qui chantent à l’unisson et auxquelles deux hommes d’un autre village répondent avec des mélodies similaires mais des paroles différentes. Ils sont souvent exécutés lors de rites, de festivals, de concours et de soirées où les invités interprètent plusieurs vers pour leurs hôtes, avant de chanter le chant d’adieu. Ils expriment l’esprit, la philosophie et l’identité locale des communautés de la région et aident à nouer des liens sociaux dans et entre les villages qui partagent cette pratique culturelle chère à leurs cœurs. Des jeunes musiciens des deux sexes peuvent pratiquer les quatre techniques de chant - retenu, sonore, carillonnant et staccato - lors de soirées spéciales.

Dix ans de succès

Dix ans après sa reconnaissance en tant que patrimoine culturel immatériel de l’humanité, le quan ho de Bac Ninh s’est bien développé dans l’ensemble des villages, communes et hameaux de cette province. Il y anime les fêtes et activités quotidiennes des habitants. Parallèlement, ce chant s’est également étendu à toutes les régions du pays, devenant aujourd’hui un symbole culturel attrayant dans le processus d’intégration internationale.

Pour parvenir à ces succès, Bac Ninh a bien mis en œuvre son engagement auprès de l’UNESCO, via deux projets : "Préserver et valoriser le patrimoine culturel immatériel du chant populaire quan ho de Bac Ninh pour la première phase 2010-2011" et "Préserver et promouvoir les patrimoines culturels immatériels du quan ho de Bac Ninh et du ca trù (chant des courtisanes) pour la période 2013-2020".

À ce sujet, plus de 102 milliards de dôngs sont destinés à honorer et récompenser des artisans, investir dans des institutions culturelles ainsi que dans l’enseignement et la promotion du quan ho. Jusqu’à présent, 76 artisans dont cinq "Émérites" ont été reconnus. En outre, chaque mois, des artisans, villages et clubs de quan ho sont soutenus financièrement.

Les spectacles de "quan ho" sont présentés non seulement lors des fêtes mais aussi aux touristes.

En particulier, des maisons de quan ho, une institution culturelle propre à ces artisans, ont également été construites pour un montant de 7 à 8 milliards de dông. Un investissement sans précédent et le rêve des artisans qui se concrétise. Ainsi, quatre maisons de ce type ont été livrées à d’anciens villages de quan ho. Sans oublier l’installation de deux pavillons de quan ho sur la colline de Lim au service des activités d’échange lors de la fête annuelle éponyme...

Faire face à la mondialisation

"Bac Ninh a bien mis en œuvre les engagements du Vietnam envers l’UNESCO dans la préservation du +quan ho+. Ce travail ainsi que la promotion de ses valeurs par la province constituent un modèle qui devrait être multiplié dans l’ensemble du pays", a souligné le vice-Premier ministre Vu Duc Dam, lors de la célébration des dix ans de l’inscription de ce chant alterné dans la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.

Cependant, malgré sa vitalité, le quan ho doit faire face à de nombreux défis, dont l’intégration internationale. "Le +quan ho+ est actuellement confronté à des difficultés face à la mondialisation en raison du fort développement des technologies de communication et de l’influence de nombreuses cultures... Bac Ninh doit opter pour des solutions plus complètes et plus efficaces dans la conservation, la transmission et la valorisation de ce chant populaire", a recommandé le chef adjoint du gouvernement.

En effet, les plus anciens ont remarqué un relâchement dans la transmission du quan ho. Il est difficile d’initier la jeune génération qui se tourne vers l’international. Par ailleurs, l’enseignement de cet art nécessite beaucoup de temps et de pratique.

Vu Duc Dam a donc proposé ceci : "Pour que le +quan ho+ rayonne, l’une des mesures importantes est de lui créer un espace où la population joue le rôle central et où les us et coutumes sont préservés. Cela incombe non seulement aux habitants de la province de Bac Ninh, mais aussi à tous les Vietnamiens de l’ensemble du pays comme à l’étranger".

Dans la peinture culturelle de Bac Ninh, le chant alterné occupe toujours une place particulière, créant une identité, une marque à la fois pour la terre et les habitants d’ici. En le honorant, l’UNESCO rend hommage à une culture entière, une activité lyrique pleine d’humanité, contribuant ainsi à la préservation et à la promotion de ce patrimoine culturel immatériel de l’humanité de manière efficace, scientifique et durable.

Mai Huong/CVN

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