Attentats
Une nouvelle équipe de jihadistes "neutralisée", le sort du cerveau présumé inconnu

Les policiers ont "neutralisé" le 18 novembre une équipe de jihadistes dans un appartement de Saint-Denis, aux portes de Paris, mais le sort d'Abdelhamid Abaaoud, cerveau présumé des attentats du 13 novembre, demeure inconnu, les suspects tués dans l'opération n'étant pas encore identifiés.

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Huit personnes ont été interpellées et placées en garde à vue lors de l'intervention ciblant le jihadiste belge, qui a déclenché une fusillade nourrie.

"Une nouvelle équipe de terroristes a été neutralisée et tout laisse à penser (...) que ce commando pouvait passer à l'acte", a déclaré le procureur de la République de Paris, François Molins, au cours d'un point de presse.

Opération policière antiterroriste à Saint-Denis en lien avec les attentats de Paris, le 18 novembre.

S'exprimant après l'assaut, François Hollande a appelé les Français à "ne pas céder aux tentations de repli", "à la peur", "aux excès", après le carnage revendiqué par le groupe État islamique (EI), qui a fait 129 morts et 352 blessés (dont 41 sont encore en réanimation, avec trois personnes dont le pronostic vital est engagé), à Paris et aux abords du Stade de France, à Saint-Denis.

Des vérifications sont en cours pour savoir si Abdelhamid Abaaoud, l'un des visages de la propagande de l'EI sous le nom d'Abou Omar al-Baljiki ("le Belge" en arabe) et Salah Abdeslam, suspect-clé traqué par la police, ont été tués dans l'assaut.

"Abaaoud et Salah Abdeslam ne font pas partie des gardés à vue", a en tout cas déclaré François Molins.

Un témoignage avait laissé entendre aux enquêteurs que l'immeuble de Saint-Denis était un "lieu possible de retranchement d'Abaaoud", selon François Molins.

Environ 5.000 munitions tirées

Alors qu'il faisait encore nuit, les policiers d'élite du Raid ont donc investi cet appartement, à quelques encablures du Stade de France où trois kamikazes se sont fait exploser vendredi 13 novembre.

Pendant toute l'opération, qui a duré sept heures, le centre de Saint-Denis a été bouclé. François Molins a souligné que l'assaut avait été d'une "extrême difficulté", avec des échanges de "tirs nourris pendant une heure" qui ont vu les policiers tirer plus de 5.000 munitions. Cinq policiers ont été légèrement blessés.

"C'était la guerre. On n'avait pas le droit de sortir, ça fait peur. D'ailleurs on a toujours peur", racontait une voisine, Hayet, qui habite près de l'appartement visé.

Une explosion a retenti pendant l'assaut, attribuée par les forces de l'ordre à une femme kamikaze qui a fait détonner son gilet, un point qui "demande à être vérifié", selon le procureur. Le corps d'un homme "criblé d'impacts" a aussi été découvert dans l'immeuble, qui menaçait de s'effondrer.

Les autorités n'étaient pas en mesure de donner mercredi soir un bilan précis de l'assaut, qui a fait "au moins deux morts" parmi les occupants de l'appartement. Le ministère de l'Intérieur n'a "pas exclu" qu'un "troisième terroriste" ait pu être tué, les constatations étant rendues difficiles par l'état des corps morcelés.

Trois personnes ont été arrêtées au début de l'intervention et deux après avoir été retrouvées dans les gravats. Trois autres individus ont été interpellés "sur la voie publique", dont un homme qui a dit avoir hébergé dans l'appartement ciblé deux personnes "qui venaient de Belgique", à la demande d'un ami.

En plus d'Abdelhamid Abaaoud, les enquêteurs traquent Salah Abdeslam, 26 ans, soupçonné d'être l'un des tireurs qui ont mitraillé vendredi les terrasses de cafés et restaurants parisiens, avec son frère Brahim Abdeslam, qui s'est fait exploser. L'homme est activement recherché, notamment en Belgique, où les attaques ont été organisées selon les autorités françaises.

Hommage à l'Assemblée

Un autre jihadiste non identifié serait aussi en cavale, à moins qu'il ne s'agisse d'un des deux complices présumés arrêtés samedi 14 novembre à Bruxelles et inculpés par la justice belge pour "attentat terroriste" : Mohammed Amri, 27 ans, et Hamza Attou, 20 ans.

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, arrive à Saint-Denis à l'issue d'une opération antiterroriste en lien avec les attentats de Paris, le 18 novembre.

En cinq jours, les enquêteurs sont parvenus à établir le scénario des attaques, avec trois équipes coordonnées : trois kamikazes aux abords du Stade de France à Saint-Denis, trois autres au Bataclan et trois assaillants pour les terrasses de bars et restaurants.

Juste avant l'assaut du Bataclan, l'un d'eux a envoyé un SMS disant "on est parti, on commence", à partir d'un téléphone portable retrouvé dans une poubelle, a révélé le procureur.

Plusieurs jihadistes ont déjà été identifiés, tous Français : Brahim Abdeslam (31 ans), Samy Amimour (28 ans), Bilal Hadfi (20 ans) et Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans).

Il reste notamment à mettre un nom sur un homme passé par la Grèce cet automne et auprès duquel a été retrouvé un passeport syrien à l'authenticité douteuse, dont les policiers ont diffusé la photo.

Autre individu dans le collimateur des enquêteurs : Fabien Clain, Français de la Réunion converti à l'islam et vétéran du jihadisme, qui a revendiqué les attaques au nom de l'EI dans un enregistrement.

L'Assemblée nationale a rendu mercredi 18 novembre un hommage unanime à l'action des forces de l'ordre à Saint-Denis, avec des élus applaudissant debout dans l'hémicycle. La prolongation de l'état d'urgence jusqu'à fin février sera examinée jeudi à l'Assemblée et vendredi au Sénat.

L'islamisme radical, "l'ennemi"

Alors que plus d'une centaine de chefs d'État ou de gouvernement sont attendus pour participer à la COP21, le sommet de l'ONU sur le climat, du 30 novembre au 11 décembre au Bourget, près de Paris, le gouvernement français a décidé mercredi "de ne pas autoriser" les manifestations prévues le 29 novembre et le 12 décembre.

Du côté de la riposte militaire, Paris a de nouveau bombardé Raqa, fief de l'EI. Mercredi 18 novembre, le porte-avions Charles-de-Gaulle a appareillé de Toulon. Il sera en Méditerranée orientale, prêt à engager ses avions en Syrie, "à la fin de la semaine", selon le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

"Oui, nous avons un ennemi, et il faut le nommer, c'est l'islamisme radical. Et un des éléments de l'islamisme radical, c'est le salafisme", branche fondamentaliste de l'islam, a déclaré le Premier ministre Manuel Valls à l'Assemblée nationale.

"Dans nos quartiers, il y a des dizaines, des centaines, peut-être des milliers de jeunes qui sont attirés par le jihadisme", a-t-il déploré.

AFP/VNA/CVN

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