Une main tendue au handisport ?

Alors que le handisport vietnamien enregistre des résultats remarquables dans les compétitions internationales, le manque de moyens est criant pour les athlètes, le plussouvent livrés à eux-mêmes. Mais la situation est peut-être en passe de changer.

Le nombre de sportifs handicapés bénéficiant du nouveau régime d’allocations reste très limité.

Depuis 2003, l’année où le Vietnam a organisé les 2es Jeux paralympiques d’Asie du Sud-Est (ASEAN Para Games 2), le handisport vietnamien connaît un réel essor tant en termes d’effectifs que de résultats. Le Vietnam est l’une des toutes meilleures nations de la région Asie du Sud-Est, comme en attestent les performances de nos sportifs lors des différentes compétitions internationales. Pourtant, le handisport suscite actuellement beaucoup d’interrogations, car le moins que l’on puisse dire, est que son exposition médiatique et les investissements consentis par les instances sportives nationales souffrent de la comparaison avec les valides.

Une progression constante

Pour préparer chaque grande compétition - la dernière en date ayant été les ASEAN Para Games 7 au Myanmar en janvier dernier -, la sélection handisport vietnamienne est réunie environ trois mois avant l’échéance. Durant cette période, les sportifs bénéficient depuis peu d’une allocation de 350.000 dôngs par jour pour l’entraînement. Si cela paraît un peu chiche, cela n’a pas empêché nos représentants de réaliser des performances éblouissantes. Lors des derniers ASEAN Para Games, l’athlète Nguyên Thi Thuy a remporté cinq médailles d’or, avec au passage trois records des jeux sur 100 m, 200 m et saut en longueur dames (catégorie T44). De même pour Ngô Xuân Doàn (catégorie F44), qui a obtenu l’or au saut en hauteur avec 1,71 m, battant son précédent record de 1,68 m établi il y a deux ans en Indonésie. Mieux encore, Nguyên Thi Hai a remporté deux médailles d’or au concours de lancer du javelot en fauteuil dames (F57-58), en explosant le record du monde avec 24,88 m contre 23 m auparavant. Chez les hommes, son petit ami Cao Ngoc Hùng a aussi établi un nouveau record du monde dans la même discipline et catégorie.

En haltérophilie, Châu Hoàng Tuyêt Loan a remporté l’or chez les moins de 55 kg dames en réalisant l’exploit de soulever 102 kg au développé-couché, battant son propre record d’Asie.

Les instances sportives doivent s’intéresser davantage au monde handisport.
Photo : Huy Hùng/VNA/CVN

Ces sportifs de haut niveau restent cependant des amateurs qui doivent chaque jour travailler pour gagner de quoi subsister et aider leur famille. C’est le cas de l’athlète Nhu Thi Khoa (catégorie T54), qui a remporté cinq médailles d’or et établi un nouveau record lors des ASEAN Para Games 3 en 2005, et qui doit vendre du pain dans la rue Lo Duc, à Hanoi. L’haltérophile Nguyên Thi Hông, 4e des Jeux paralympiques de Londres en 2012, est aussi vendeuse ambulante de billets de loterie à Hô Chi Minh Ville, sur son fauteuil roulant. Quand à Lê Van Công, champion des derniers ASEAN Para Games chez les moins de 49 kg en soulevant 176 kg, explosant au passage le record de ces jeux et égalant le record olympique établi par le Nigérian Yakobu Adesokan aux Jeux paralympiques de Londres 2012, il est réparateur d’objets électriques à Hô Chi Minh-Ville.

De nouvelles aides

Conscient de ce problème, le Département général de l’éducation physique et des sports vient d’approuver le plan d’entraînement à long terme en faveur des sportifs handicapés cibles en vue des Jeux asiatiques handisport 2014 (ASIAN Para Games 2014) en octobre prochain à Incheon (Corée du Sud). Selon lequel, les sportifs qualifiés aux ASIAN Para Games sont réunis du 1er mars au 31 septembre afin de pouvoir se focaliser uniquement sur le sport. Les athlètes ayant de bons résultats lors des compétitions internationales bénéficieront également d’une allocation de 350.000 dôngs par jour d’ici les jeux. La diététique, indispensable au haut niveau, sera rajoutée au menu pour la période dite d’«effort final» précédant les grandes échéances sportives. L’objectif est que chacun puisse suivre un régime en fonction de ses besoins sur le plan nutritionnel.

Une nouvelle qui évidemment a été extrêmement bien accueillie par le monde handisport. Le couple recordman du monde au javelot, Cao Ngoc Hùng et Nguyên Thi Hai, aux anges, voit cette décision comme un signe fort encourageant à donner le meilleur lors des prochains ASIAN Para Games.

Il faut néanmoins nuancer le propos, le nombre de sportifs handicapés bénéficiant de ce nouveau régime étant très restreint au regard du nombre de pratiquants. Le plus souvent, seuls les «habitués» de la sélection nationale sont concernés. De plus, la question du rayon d’action de ce nouveau régime reste à élucider. Tandis que les sportifs handicapés souhaitent le voir être appliqué à la totalité des villes et provinces du pays, certains experts estiment qu’une telle mesure serait compliquée à appliquer dans les faits, sachant que cela concernerait l’ensemble du monde handisport, ce dès l’échelon de base.

Dans tous les cas, le fait qu’un nouveau régime en faveur de ces sportifs soit effectif en sélection nationale pour cette année constitue d’ores et déjà un pas important de franchi.

«En plus de représenter leur pays, les sportifs handicapés, en prenant part aux compétitions internationales, manifestent aussi l’espérance, la volonté et l’énergie de leur peuple. Les efforts qu’ils produisent pour avoir une médaille et défendre les couleurs de leur pays sont extraordinaires. Ils ont, pour moi, encore plus de mérite que les valides», souligne Pham Van Tân, président de l’Association paralympique du Vietnam et vice-président du Département de l’éducation physique et des sports. Le message est passé.

Phuong Nga/CVN

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