Une main tendue à la lutte libre féminine ?

Ces dernières années, la lutte libre féminine vietnamienne a connu un réel essor tant en termes d’effectifs que de résultats. Cependant, elle suscite actuellement beaucoup d’interrogations au regard des investissements consentis par les instances sportives nationales.

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Nguyên Thi Lua (droite) et Vu Thi Hang défendront fièrement les couleurs du Vietnam cet été, lors des JO de Rio de Janeiro, au Brésil.

Les lutteuses Nguyên Thi Lua - dans la catégorie des moins de 53 kg - et Vu Thi Hang (moins de 48 kg) ont réussi à décrocher mi-mars leur billet pour les Jeux olympiques (JO) de Rio de Janeiro 2016, au Brésil. Nguyên Thi Hang, ancienne lutteuse de la sélection nationale et l’une des pionnières de cette discipline au Vietnam, en a pleuré de joie.

Petit retour en arrière. Il y a 15 ans, elles n’étaient qu’une dizaine à pratiquer cette discipline à haut niveau. À cette époque-là, il était en effet compliqué de se lancer dans une telle carrière, l’opinion publique vietnamienne se montrant globalement réticente à l’idée qu’une femme puisse pratiquer ce sport, considéré alors comme réservé aux hommes.

Une discipline prolifique…

Mais bien leur en a pris, puisque quelques années plus tard, ces pionnières ont eu de superbes résultats dans les compétitions internationales, à commencer par les Jeux sportifs d’Asie du Sud-Est (SEA Games) disputés en 2003 au Vietnam. Nguyên Thi Hàng et ses coéquipières ont fait le grand chelem en remportant l’or des cinq épreuves inscrites dans le calendrier des compétitions.

Un an plus tard, la lutteuse est devenue vice-championne du monde junior. Du jamais vu. Depuis, la lutte a toujours été prolifique pour le Vietnam, notamment lors des SEA Games.

Née en 1990, Nguyên Thi Lua s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs. Et elle a tout pour les surclasser. La jeune championne de 26 ans est d’ores et déjà la première lutteuse vietnamienne à s’être qualifiée pour deux olympiades (Londres 2012 et Rio de Janeiro 2016). Un dernier billet validé grâce à sa médaille d’argent décrochée lors du tournoi de qualification olympique disputé à la mi-mars au Kazakhstan. Elle défendra donc fièrement les couleurs du Vietnam cet été, avec tout un peuple derrière elle.

Depuis 2005, la lutte a toujours été prolifique pour le Vietnam, notamment lors des SEA Games.

Aux dires d’observateurs, le premier trimestre de cette année est à marquer d’une pierre blanche pour la lutte vietnamienne, au regard des progrès accomplis. Nos sportives ont raflé une médaille d’or aux championnats d’Asie juniors, puis une d’argent et deux de bronze lors des championnats d’Asie seniors organisés en février en Thaïlande, et tout récemment deux qualifications directes aux JO.

Ces résultats montrent, si besoin était, que la lutte libre féminine fait partie des disciplines sur lesquelles le sport de haut niveau vietnamien peut compter. De plus, la couverture médiatique grandissante de ces jeunes femmes permet peu à peu de «tordre le cou» aux préjugés et autres poncifs entendus ci et là dans la société.

… en dépit de moyens dérisoires

Dans la stratégie de développement des sports vietnamiens adoptée en 2010, la lutte libre féminine figure parmi les dix disciplines cibles du «Groupe 1». Cinq ans plus tard, alors que la plupart des disciplines en question - athlétisme, natation, tir sportif, haltérophilie et gymnastique artistique notamment - ont opéré de grands changements en termes de gestion et surtout de moyens financiers, rien ou presque du côté de la lutte libre féminine. La meilleure illustration de cet immobilisme ? L’absence de Fédération vietnamienne de lutte libre. Conséquence, les jeunes pratiquants restent entre les mains des localités, sans véritable structure au niveau national.

Les investissements consentis par les instances sportives nationales ont, eux, augmenté… Ils sont passés de 300 millions de dôngs (environ 13.500 dollars) à 500 millions de dôngs par an (un peu plus de 22.000 dollars). Une somme dérisoire pour les frais d’entraînement d’une sélection nationale, avec les préjudices que cela implique au niveau du suivi des athlètes.

Avec deux qualifications aux JO, cette enveloppe de 500 millions de dôngs est anecdotique. Un cas certainement unique au monde à ce niveau et indigne des résultats de la sélection. Dans ces conditions, l’on mesure mieux la performance réalisée pour les lutteuses vietnamiennes. Que serait-ce avec des moyens à la hauteur de leur talent ? L’on est en droit de se poser la question…

Phuong Nga/CVN

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