Une élection américaine "COVID COVID COVID"

Fin janvier, peu après la confirmation du premier cas officiel aux États-Unis de ce qui ne s'appelait pas encore COVID-19, la Bourse de New York était au plus haut historique et la préoccupation principale de Donald Trump était l'impact des déboires de Boeing sur l'économie.

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Le président américain Donald Trump débarque de l'avion Air Force One à Pittsburg, le 31 octobre 2020 en Pennsylvanie.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Le rêve américain est de retour, plus fort que jamais", déclarait le président américain Donald Trump à Davos, évoquant une "prospérité (...) sans précédent".

Neuf mois plus tard, 60 millions d'Américains ont été infectés, selon un modèle, et plus de 300.000 sont morts, directement ou indirectement, de la pandémie, faisant du virus la troisième cause de mortalité en 2020.

Des millions d'Américains ont perdu leur emploi, et malgré un rebond impressionnant au troisième trimestre, beaucoup n'ont pas retrouvé de travail depuis. De quoi faitre s'effondrer l'argument électoral le plus fiable des présidents américains en quête d'un second mandat, celui de la vigueur économique.

La défaite de M. Trump dans les urnes mardi 3 novembre est loin d'être assurée, et lui-même veut croire que son adversaire démocrate, Joe Biden, faute d'avoir mené une vraie campagne de terrain, sera sanctionné par les électeurs.

Mais sa gestion de la crise lui a certainement coûté des voix, tout comme la guerre en Irak l'avait fait pour George W. Bush et les républicains aux législatives de 2006.

Kimberly McLemore, bijoutière, chez elle à St Augustine, le 31 octobre en Floride.
Photo : AFP/VNA/CVN

Celle de Kimberly McLemore, bijoutière de 56 ans, est déjà perdue. Pour la première fois de sa vie, cette électrice de St. Augustine en Floride a voté démocrate. Spécifiquement à cause de la pandémie.

"En conscience, je ne peux pas voter pour cet homme", confie-t-elle. "Il a propagé de la désinformation, si ce n'est carrément menti".

Cerise sur le gâteau : ses deux parents, 86 et 89 ans, également républicains, ont aussi voté Biden.

Mais combien y aura-t-il de Kimberly dans le pays?

Quelques voix 

"COVID, COVID, COVID ! Les médias +Fake News+ n'ont que ce mot à la bouche", s'est récemment lamenté Donald Trump dans un meeting.

Dès le début de sa campagne, le virus a frustré le tribun : son premier meeting post-confinement, dans une salle à Tulsa en juin, a sans doute créé un foyer de contaminations. La Maison Blanche fut un autre cluster, et le chef de l'État lui-même tomba malade un mois avant l'élection.

Graphique montrant les nouveaux cas et décès du COVID-19 aux États-Unis, au 1er novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Depuis des mois, les sondages montrent que les Américains notent sévèrement le dirigeant pour sa gestion de la crise sanitaire : 40% seulement l'approuvent, selon un récent sondage Gallup, contre 60% en mars.

Le glissement est perceptible chez l'une des cibles traditionnelles des républicains : les seniors.

En Floride, par exemple, où le virus a tué 13.000 personnes de plus de 65 ans, Joe Biden devance Donald Trump dans cette classe d'âge, à 55% contre 40%, selon l'institut Quinnipiac, ce qui inverse totalement le rapport de force de 2016.

Mais les cotes de popularité sont trop générales pour distinguer un "effet COVID" sur l'élection. Des chercheurs ont donc réalisé une analyse fine pour isoler cet effet, publiée vendredi 30 octobre dans la revue Science Advances.

À l'aide d'un panel de 300.000 personnes en 2019 et 2020, et des données locales sur la mortalité du virus, ils ont réussi à lier la baisse de popularité de Donald Trump au nombre de morts du coronavirus au niveau local, par comté.

Un doublement du nombre de décès dans les 30 jours précédents, dans un comté donné, est lié à une baisse de 0,14 point de pourcentage des intentions de vote pour Donald Trump, et de 0,28 point pour les candidats républicains au Sénat, selon leurs calculs.

Le candidat démocrate à la présidentielle américaine Joe Biden en meeting à Detroit, le 31 octobre dans le Michigan.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Beaucoup d'élections se jouent à des marges très minces", pointe l'auteur principal de l'étude, Christopher Warshaw, de l'université George Washington. "Il est très possible, selon nos résultats, que le COVID fasse perdre au président et à son parti un demi-point ou un point dans certains États ou comtés".

Cela pourrait suffire à M. Biden. En 2000, la présidentielle s'est jouée à quelques centaines de voix en Floride. Et il y a quatre ans, une maigre avance de 77.000 voix dans trois États (Pennsylvanie, Michigan, Wisconsin), a fait basculer l'élection en faveur de M. Trump.


AFP/VNA/CVN

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