Un robot unique en France trait les vaches dans le pré

Après l’industrie, la robotique devrait progressivement investir le domaine de l’agriculture. Preuve en est d’un étonnant système de traite automatisée, une première en France.

Des vaches broutent paisiblement dans un pré avant de se présenter, une fois les mamelles bien remplies, à un robot de traite installé à plusieurs kilomètres de l’étable : la ferme expérimentale bretonne de Trévarez est la première en France à disposer d’un tel système de traite en plein champs, permettant aux éleveurs de réduire leurs coûts et mieux respecter l’environnement.

«L’herbe pâturée présente le coût de production le plus bas», explique Pascal Le Coeur, directeur de cette ferme laitière située à Saint-Goazec (Ouest), bien moins chère que l’ensilage de maïs, d’herbe ou le foin.

Une vache dans la ferme expérimentale bretonne de Trévarez, qui expérimente un système de traite aux champs, en juin.

Or, les exploitations ne disposent pas toujours de champs à proximité immédiate du lieu de traite, d’où l’idée des Chambres d’agriculture de Bretagne de lancer ce projet de robot mobile, qui est utilisé dans quelques fermes privées au Danemark et à l’université de Liège, au stade expérimental.

En 2013, 45% des nouvelles installations de traite en France étaient des robots fixes installés dans des bâtiments, une tendance qui répond à l’amélioration des conditions de travail souhaitée par les éleveurs. Cependant, sachant que l’accès au robot doit être permanent, les allers-retours entre l’étable et les près sont souvent compliqués, du fait notamment des chemins et routes à traverser pour le troupeau.

Conséquence regrettable de l’introduction des robots dans les fermes : «Quand un robot entre dans une exploitation, les éleveurs ont tendance à garder davantage les vaches à l’étable et à utiliser moins les pâturages», explique Pascal Le Coeur.

Au contraire, monté sur un châssis de bétaillère, le robot de traite mobile peut être emmené au plus près des champs, ce qui permet aux vaches de s’y rendre seules via un système de chemins balisés.

«Bluffé»

«La vache a une capacité d’adaptation extrêmement importante et elle comprend très vite le chemin qu’elle doit suivre», assure le directeur de la ferme expérimentale. «C’est magique de voir les meneuses du troupeau prendre le chemin de la traite, parce qu’elles savent que quand elles y seront passées, elles pourront aller vers un nouveau paddock d’herbe fraîche», s’enthousiasme-t-il.

Bardé de haute technologie, le robot est notamment capable de repérer les vaches qui voudraient se faire traire plus de deux fois par jour afin d’avoir la petite ration de céréales prévue à ce moment-là : un jet d’air envoyé sur le dos les invite à passer leur chemin. Celles qui en revanche tentent de quitter l’enclos sans s’être allégées de leur lait sont confrontées à des portes closes.

Le portillon donnant accès au robot de traite est en effet doté d’un lecteur capable de lire l’étiquette à puce dont sont équipées les vaches et de savoir ainsi si elles sont passées à la traite ou non.

«La vache qui veut feinter ne peut pas le faire!», s’amuse Pascal Le Coeur, assurant que le système est prévu pour fonctionner en toute autonomie. Ainsi, les données recueillies par le robot sur la quantité de lait fournie ou le nombre de passages sont consultables à distance via une connexion internet.

Avec leurs bras à commande hydraulique et leurs caméras optiques couplées à des lasers, les robots localisent très bien les trayons.

«J’ai été bluffé de voir que concrètement ça marche», témoigne Hervé Corre, un des premiers éleveurs à avoir assisté cette semaine à une présentation du dispositif appelé à être commercialisé à court terme.

«Ca paraît accessible, économiquement et socialement», ajoute ce propriétaire de 70 vaches installé à Plouvien (Finistère), reconnaissant travailler «encore un peu comme son père», à savoir «beaucoup».

Le robot de traite mobile, qui comprend également une remorque où se trouve le réservoir nécessaire à la conservation du lait, a un surcoût de 90.000 euros par rapport à un robot fixe.

«On a un investissement de départ, mais on n’a pas de coût de fonctionnement», assure Pascal Le Coeur, indiquant que l’objectif du dispositif est d’encourager le pâturage, pour une réduction des coûts de production, mais aussi pour des raisons environnementales.

Avec cette méthode, l’éleveur n’a plus besoin d’amener avec un tracteur l’herbe fauchée dans les étables, les vaches broutant l’herbe fraîche des champs. C’est moins cher et moins polluant aussi que d’alimenter les vaches avec du maïs et de l’herbe ensilée.

«Les vaches épandent le lisier dans le champ, ça coûte aussi moins cher, c’est aussi moins de gaz à effet de serre, moins d’utilisation de fioul, moins de tracteurs, donc globalement c’est bon pour la planète», vante M. Le Coeur.

AFP/VNA/CVN

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