Un poète aimé des enfants et amoureux des lettres françaises

Épris de poésie depuis son enfance, Pham Hô (1926-2007) a écrit des vers empreints de fraîcheur consacrés à la littérature enfantine. Ses œuvres figurent dans les livres de lecture des classes primaires.

Né dans la province de Binh Dinh (Centre), Pham Hô a participé aux activités culturelles révolutionnaires dès 1945. Le frère de Pham Hô, Pham Van Ky, Grand prix de la Francophonie de l’Académie française 1961, lui a inculqué l’amour des lettres françaises. Tout jeune, Pham Hô avait été fortement marqué par Victor Hugo. À ce sujet, cet ami ouvert et plein de prévenances m’a confié ce souvenir d’enfance :

«J’ai vécu pendant seize ans avec la mer de Quy Nhon. Ma maison était à quelques centaines de mètres de la mer. De chez moi, je pouvais voir la mer, grande tache bleue qui scintillait. Par les nuits calmes, le bruit des vagues semblait être à portée de main. En été, nous nous baignions chaque soir dans la mer avant de jouer au ballon sur la plage. Nous dormions chaque soir sur le sable, prétexte pour attraper les petits crabes. Et à l’aube pour voir les gens du village pêcher au filet des poissons et des crevettes. Jusqu’à cette année scolaire-là, la mer de Quy Nhon n’avait été pour moi que tout cela, avec peut-être en plus, des moments où je regardais le soleil ou la lune émerger de la mer. Ce jour là, notre professeur Mùi nous expliquait +Oceano nox+ de Victor Hugo. «O combien de marins, combien de capitaines…»

Ses poèmes, notamment ceux sur la vie des animaux, figurent dans les manuels scolaires.

Et puis le coup de foudre

Au début, je l’ai écouté comme je l’avais écouté expliquer tant d’autres textes. Il parlait d’une voix chaude, suffisamment haute pour se faire entendre de toute la classe. Mais quelque instant après, la poésie m’a fasciné, elle m’a emporté dans un monde à la fois étranger et familier, lointain mais proche… Écoutais-je les explications du maître, la voix de Hugo ou de l’océan, de la mer, ou des travailleurs de la mer ? Réalité ou fiction ? Ailleurs ou ici même ? Plus je tendais l’oreille, plus j’étais hébété. Cette nuit-là, je m’étendis sur la petite natte près de la mer sans pouvoir fermer l’œil.

+Oceano nox+, les explications du maître me sont revenues à l’esprit.

J’ai entendu les vagues gronder. Et dans le grondement des vagues des voix humaines. Des soupirs de l’attente, des pleurs et des plaintes des enfants, des mères, dont les pères, les enfants, les maris, étaient partis sur cette mer pour ne jamais revenir. Et cet horizon, je m’en suis rendu compte pour la première fois, ce n’était pas une simple ligne de démarcation entre la mer et le ciel, c’était aussi celle entre la réunion et la séparation, entre l’immensité de la souffrance et la vaillance de l’homme.

… C’est ainsi que l’océan de Hugo m’a initié à la mer de Quy Nhon de mon patelin. Comprendre et aimer. Aimer la mer et l’homme».

«Poète des enfants»

Un recueil de poèmes de Pham Hô.

Pham Hô est surnommé «Poète des enfants». Ses œuvres figurent dans les livres de lecture des classes primaires. Citons parmi ses recueils de poésie : Nhung ngày xua thân ai (Tendres jours d’antan), Chu bo tim ban (Le veau à la recherche d’un ami). Le poème suivant qu’apprennent les enfants vietnamiens parle d’un veau :

Quelqu’un me dira-t-il

Pourquoi

Au Nouvel An

Mon jardin se fait beau

Plus qu’en tout autre mois ?

Moutarde aux fleurs petites,

Poudre d’or qui chatoie.

Aubergine aux fleurs mauves,

Tendres fleurs de courge ;

Piment aux fleurs blanches,

Bleues fleurs de haricot.

Tomates mûres à point,

Rouges, juteuses, lourdes aux branches.

Rang d’oignons vert clair,

Vermeilles momordiques rondes.

Choux bien en rangs.

Sillons en long, sillons en large ;

Moutarde piquante, moutarde-salade.

Quelqu’un me fera-t-il savoir

Quelqu’un me fera-t-il savoir

Pourquoi

Mon jardin devient beau,

Si beau, au Nouvel An,

Beau à ne pas y croire ?

Est-ce parce que

Maman le soigne ?

Ou parce que printemps amène

Soleil tiède et ciel doux ?

Ou parce que c’est moi

Qui aime, moi, le Nouvel An qui vient ?

Le soleil se fourre dans les bambous.

Le soir s’annonce frais.

Le veau va boire à la rivière

Prenant son reflet pour quelqu’un d’autre,

Il le salue : «Hé ! Cher vieux !

Te revoilà donc !»

L’eau qui, couchée, regarde les nuages,

Sourit en l’entendant parler.

Son reflet s’effaçant tout à coup,

Le veau croit son copain parti.

Il regarde devant, derrière,

Et beugle, beugle pour appeler…

(Traduit par Pham Huy Thông)

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