Un orthopédiste Viêt kiêu aux allures de magicien

De retour au Vietnam tous les trimestres depuis sept ans, le Professeur orthopédiste René D. Esser, un Viêt kiêu de France internationalement reconnu par ses pairs, a redonné le goût de vivre à des milliers d’infirmes. Portrait.

Sous les «mains magiques» du Professeur René D.Esser (centre), des milliers d’infirmes vietnamiens ont trouvé une vie normale.

Depuis 2006, le Professeur en médecine René D. Esser fait la navette entre la France et le Vietnam, son pays d’origine. Son objectif : procéder à des opérations orthopédiques gratuites en faveur des personnes ayant une déformation corporelle, et partager ses expériences professionnelles avec ses collègues vietnamiens. Une mission bénévole. Car, sans parler des billets d’avion qu’il paie lui-même, le médecin Viêt kiêu prend totalement en charge les programmes d’opérations orthopédiques qu’il chapeaute. Et c’est toujours lui qui opère les cas compliqués.

«Le Professeur René D. Esser est vraiment un saint généreux qui a résolu mon infirmité. Maintenant, je peux marcher normalement et faire tous les travaux manuels. Avant l’intervention, je devais supporter sans le moindre répit une douleur aussi bien physique que morale. Je ne pensais plus qu’à la mort», confie Nguyên Thi Hà, de la ville de Hai Phong. Victime de l’agent orange, Hà est née avec les jambes et les bras tordus. Un fardeau terrible qu’elle a dû porter durant 28 ans, jusqu’au jour où son «sauveur» est apparu. Passée deux fois sur la table d’opération, Hà est devenue une personne bien portante et active. Actuellement, elle dirige un salon de coiffure à Hai Phong, capable de pratiquer excellemment le métier qu’elle a toujours rêvé d’exercer. Mieux encore, elle apprend la coiffure à des enfants locaux nés, comme elle, malformés.

Ces sept dernières années, sous les «mains magiques» du Professeur René D. Esser, un des meilleurs orthopédistes du monde, des milliers d’infirmes vietnamiens ont retrouvé une vie normale.

Le prince de Samoa

En 1946, le nouveau-né René D. Esser quitte le Vietnam avec sa famille pour s’installer en France. Plus grand, il a envie de renouer avec sa terre natale - un pays lointain qu’il ne connaît qu’à travers les souvenirs de ses parents. Il choisit d’apprendre la médecine dans l’espoir de pouvoir un jour rendre service à son pays d’origine.

Sous les «mains magiques» du Professeur René D.Esser (centre), des milliers d’infirmes vietnamiens ont trouvé une vie normale.

Frais émoulu de l’Université de médecine de Paris, spécialisation orthopédie, le médecin Viêt kiêu est envoyé pour un temps sur les Îles Samoa, dans le cadre d’une mission dite «Obligation de citoyen français».

De retour en France en 1975, il décide d’exercer en Allemagne. Après trois mois passé en qualité d’aide-chirurgien, René D. Esser se présente à un examen de sélection professionnelle difficile, et le passe avec brio pour devenir le directeur de la clinique de traumatologie-orthopédie d’un hôpital d’envergure, équipé de 220 lits. Il a alors 29 ans.

Quelques années après, l’orthopédiste en chef, accompagné de son épouse (une Viêt kiêu également), retourne aux Samoa sur l’invitation des autorités locales. Il lance une vaste campagne de collecte de fonds pour avoir de quoi construire un hôpital spécialisé en traumatologie-orthopédie, avant de le remettre à la gestion du gouvernement.

Les contributions de René D. Esser sont telles que le roi de Samoa en fait son «enfant adoptif» et lui remet l’Ordre d’honneur. «Le jour où je suis arrivé aux Samoa, le secteur de la médecine orthopédique de cet archipel était loin d’être idéal. Et puis, le jour où je suis parti, il n’y avait plus d’habitants handicapés. Tous ont été opérés et guéris. Les infirmes n’ont désormais plus besoin d’aller se faire traiter à l’étranger», confie le «prince de Samoa».

C’est durant son séjour aux Samoa que l’orthopédiste se forge une renommée mondiale. Expert maîtrisant cinq langues, il est invité à donner des conférences dans les universités les plus prestigieuses de la planète. En 1990, sur proposition de l’Université Stanford (États-Unis), il assume le poste de recteur du Département de traumatologie-orthopédie de cette université, où il est nommé professeur.

Il n’en oublie pas pour autant le territoire de son père roi adoptif, y retournant régulièrement pour des opérations orthopédiques gratuites, et accueillant à l’Université Standford plusieurs groupes de médecins stagiaires samoans.

En 1995, le Professeur décide de rentrer en France où ses parents âgés ont besoin de lui à leurs côtés.

Retour aux sources

Toute sa vie, René D. Esser l’a consacrée à la médecine. De retour au bercail pour la première fois en 2007, le Professeur orthopédiste Viêt kiêu, désormais à l’âge de la retraite, lance de son propre gré un programme d’opérations caritatives en faveur de ses compatriotes handicapés. Il décide d’y retourner tous les trois mois afin de mettre en œuvre des programmes similaires dans diverses localités du pays.

À Hô Chi Minh-Ville notamment, il se présente à l’hôpital de traumatologie-orthopédie, celui de Cho Rây, de Nhân Dân 115, de Nhân Dân Gia Dinh, à l’hôpital militaire 108, etc., où il prend part directement à nombre de cas d’opérations orthopédiques compliquées.

Chose admirable : ayant opéré des milliers d’handicapés lors de ses programmes caritatifs au Vietnam, le Professeur n’oublie aucun de ses patients. Il retient leur situation familiale, suit de près leur rétablissement postopératoire... «Les voyages de travail au Vietnam m’ont donné l’impression de pratiquer ma profession de médecin de tout mon coeur. C’est juste ce que je me suis promis de m’y consacrer jusqu’à la fin», confie-t-il.

Aux yeux de ses confrères vietnamiens, le Professeur René D. Esser est «un maître à la fois ingénieux, simple, sincère et dévoué», note le Docteur en médecine Nguyên Dinh Phu, directeur de l’hôpital Nhân Dân 115, Hô Chi Minh-Ville. «Il nous a transmis non seulement ses expériences professionnelles mais aussi le savoir-faire sur tous les plans, comme les méthodes de travail modernes, la manière d’établir des plans détaillés pour chaque cas d’opération, le soin du patient en période postopératoire».

Une chose est sûre : les projets du Professeur Viêt kiêu pour le Vietnam ne sont pas prêts de s’arrêter.

Nghia Dàn/CVN

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