Un nouveau record du chômage pour terminer l'année 2015

Un nouveau record du chômage, mais une année 2015 moins mauvaise que les précédentes. À 15 mois de la présidentielle, le gouvernement espère que tous les voyants passeront enfin au vert en 2016, année cruciale pour François Hollande.

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Une agence Pôle Emploi à Armentières, dans le nord de la France, le 27 août 2014.

Après une baisse en novembre, le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a augmenté de 15.800 personnes ("0,4%) en décembre, concluant l'année sur un record de 3,59 millions de chômeurs en métropole, a annoncé le 27 janvier le ministère du Travail.

L'indicateur atteint également des records en incluant l'outre-mer et les demandeurs d'emploi exerçant une activité : 5,78 millions ("0,6%).

"Le tableau reste noir foncé", estime l'économiste Denis Ferrand (COE-Rexecode) "surtout quand on se compare avec nos voisins: la France est l'un des deux seuls pays européens, avec la Finlande, où le chômage continue d'augmenter".

Selon la ministre du Travail, Myriam El Khomri, ces mauvais résultats traduisent "les effets de la baisse d'activité enregistrée par plusieurs secteurs dans le contexte que nous avons connu en novembre et décembre". Les attentats sanglants du 13 novembre ont provoqué de fortes baisses d'activité notamment dans le tourisme, l'hôtellerie et la restauration.

Ces derniers mois, l'indicateur de Pôle emploi a connu de fortes variations, mais au-delà des évolutions mensuelles, réputées très volatiles, la courbe du chômage révèle une réelle tendance à la hausse, avec 42.800 chômeurs de plus en catégorie A (sans activité) en métropole au 4e trimestre.

Selon une analyse récente de la Dares, le service des statistiques du ministère, les chiffres de Pôle emploi sont révélateurs d'une tendance de fond à partir d'une évolution trimestrielle de 35.000.

Un motif d'optimisme, toutefois: Pôle emploi a enregistré sur l'ensemble de l'année 2015 sa plus faible hausse du chômage depuis 2010, avec 89.900 chômeurs supplémentaires ("2,6%).

"Cette inflexion vient d'un retour mou de la croissance, mais cela reste insuffisant pour faire baisser le chômage", analyse Bruno Ducoudré, économiste à l'OFCE.

L'année 2015 a notamment vu la situation des jeunes s'améliorer nettement (-21.900, -4,0%), malgré un coup d'arrêt en décembre ("0,7%). Les seniors, en revanche, ont vu leur situation se dégrader inexorablement ("0,6% sur un mois, "8,4% sur un an).

Baisse "crédible" ou "artificielle"

Évolution mensuelle du chômage de décembre 2014 à décembre 2015, chiffres jeunes et seniors.

Autre point noir: le chômage de longue durée, qui continue de gagner du terrain. Fin 2015, 2,47 millions de demandeurs d'emploi, petite activité comprise, étaient inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an.

Le gouvernement veut combattre ce fléau par la formation professionnelle. Il va débloquer un milliard d'euros, dans le cadre de son plan "d'urgence" pour l'emploi, pour permettre à 500.000 chômeurs supplémentaires de se former aux métiers d'avenir (numérique, environnement...) ou aux métiers en pénurie de main d’œuvre.

Ce dispositif, destiné aux moins qualifiés, "peut avoir un effet statistique sur les inscriptions à Pôle emploi", estime Bruno Ducoudré. Lorsqu'ils entrent en formation, les chômeurs passent en effet de la catégorie A, très commentée, à la catégorie D, qui échappe souvent aux radars médiatiques.

Au-delà de cette baisse "un peu artificielle", les formations pourraient "avoir un effet plus positif si elles répondent réellement au problème des offres non pourvues", ajoute l'économiste.

François Hollande espère que cet effet se fera sentir dès cette année. Le président a souvent dit qu'il n'aurait pas la légitimité pour briguer un second mandat en 2017 sans baisse "crédible" du chômage en 2016.

Sa ministre du Travail pense justement que "la courbe du chômage s'inversera" cette année. Mais le gouvernement annonçait déjà une telle inversion en 2013 et les Français n'y croient plus, selon de récents sondages.

Denis Ferrand partage leur pessimisme : "Il est peu probable que la croissance s'accélère, donc si baisse il y a, elle résultera d'un traitement statistique du chômage".

Du côté des partenaires sociaux, Pierre Gattaz (MEDEF) déplore, dans un communiqué, "une dégradation inquiétante du marché du travail", appelant à des "mesures énergiques".

Quant à la CGT et à la CFDT, elles appellent en chœur à maintenir "un haut niveau de protection pour les demandeurs d'emploi", alors que les partenaires sociaux ont rendez-vous mi-février pour renégocier les règles d'indemnisation de l'assurance chômage.


AFP/VNA/CVN

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