Un centre d'appel en Pologne avec ses opérateurs non-voyants

Dans un centre d'appel téléphonique à Varsovie une dizaine de personnes démarchent des clients, rapportent leurs opinions sur ordinateur, complètent des bases de données: rien de compliqué a priori, sauf que la majorité de ces opérateurs sont non-voyants.

Leurs interlocuteurs au bout du fil n'ont pas la moindre idée de cette particularité. Ils pensent être en contact avec un centre d'appel classique. Le secret est dans l'application de solutions techniques adaptées aux non-voyants. "Quand on clique sur une icône, l'ordinateur vous dit ce que c'est. Une personne voyante peut le lire, alors que nous pouvons l'entendre", explique Lukasz Chmielewski, employé de cette société très particulière, Quality Cube.

Créée fin 2010, cette PME spécialisée dans les services de "call-center" emploie aujourd'hui une quinzaine de salariés, dont 12 personnes aveugles.

Son cofondateur Marcin Gic apprécie le dévouement de ses collaborateurs. "Ces personnes sont de meilleurs salariés. Elles sont plus loyales. Il n'est encore jamais arrivé que l'une d'entre elles ne vienne pas au travail parce qu'elle est malade ou qu'elle a trop fait la fête la veille. C'est très concluant", souligne-t-il.

Au départ, l'idée était de permettre aux collaborateurs de Quality Cube de travailler chez eux, grâce à l'Internet. "Mais il s'est avéré que nos employés préfèrent venir travailler ici, dans nos locaux", indique M. Gic.

"Être obligé chaque jour de sortir en ville, prendre un bus, marcher dans les rues, c'est extrêmement motivant et rafraîchissant", explique Pawel Urbanski, 29 ans, qui a rejoint Quality Cube en qualité d'expert et partenaire.

Après avoir perdu la vue à l'âge de 13 ans, il a poursuivi ses études en Pologne et à l'étranger et s'est spécialisé dans les technologies appliquées aux projets d'entreprise.

Le fondateur de Quality Cube, Marcin Gic, définit son projet comme du "vrai business mais qui peut en plus aider les autres". Sa société, encore déficitaire, sortira du rouge en 2012, estime-t-il.

La plupart de ses salariés ont été formés au centre éducatif pour non-voyants de Laski, près de Varsovie, qui a également conçu la technologie.

De l'école primaire au baccalauréat, les quelques 280 élèves sont pris en charge et suivent un enseignement spécialisé. Par la suite, ils peuvent apprendre un métier et postuler pour un emploi.

Depuis peu, ils peuvent suivre une formation de "typhlo-informaticien" (nom basé sur le préfixe grec se référant aux aveugles) spécialisé dans l'adaptation du matériel et des logiciels aux besoins des non-voyants. "Pour minimiser les frais d'embauche d'une personne aveugle, nous proposons à l'employeur un logiciel, un interface, un savoir-faire et le suivi en continu", explique le père des solutions élaborées et enseignées à Laski, Jan Gawlik, lui-même totalement aveugle.

AFP/VNA/CVN

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