Ukraine: avancée dans l'application de Minsk 2 avec un échange de prisonniers

Les rebelles et Kiev ont procédé samedi 21 février à un échange massif de prisonniers dans l'Est séparatiste de l'Ukraine, un des rares pas dans l'application de l'accord de Minsk 2 qui prévoyait aussi un cessez-le-feu.

Un prisonnier ukrainien dans un camion militaire lors de l'échange de prisonniers le 21 février 2015 à Frunze

La poursuite des combats a provoqué la colère de Washington, qui a accusé les rebelles d'avoir "bafoué (...) plus de 250 fois" la trêve et annoncé réfléchir à des sanctions "graves" contre la Russie, accusée de soutenir les séparatistes prorusses dans l'Est de l'Ukraine.

Rare point positif depuis la conclusion de Minsk 2 le 12 février, 139 soldats ukrainiens et 52 combattants rebelles retenus prisonniers ont été échangés samedi à Jolobok, un village situé sur la ligne de front dans la région de Lougansk, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.

Des soldats étaient blessés et certains se déplaçaient difficilement, bien qu'ils aient dû marcher plusieurs kilomètres dans une campagne ukrainienne frappée par les tirs d'artillerie pour arriver au lieu de l'échange.

Il s'agit du plus important échange de prisonniers depuis le début de l'année. Les accords de Minsk 2 prévoient qu'Ukrainiens et rebelles libèrent "tous les prisonniers et les otages" retenus depuis le début du conflit en avril dernier.

Les séparatistes ont précisé que plusieurs prisonniers avaient été capturés à Debaltseve. Environ 2.500 soldats ukrainiens avaient réussi mercredi 18 février à s'extirper de ce verrou stratégique, quasiment encerclé et soumis à des bombardements quotidiens des rebelles depuis un mois.

Vingt soldats sont morts au cours de cette retraite, et la bataille a causé en un mois la mort de 179 soldats ukrainiens, a annoncé vendredi 20 février Iouri Birioukov, un proche conseiller du président ukrainien Petro Porochenko. Il a ajouté que 81 soldats étaient toujours portés disparus.

Malgré la signature des accords de Minsk 2 prévoyant l'instauration d'un cessez-le-feu à partir du 15 février, les rebelles avaient continué leur offensive autour de Debaltseve, dont la prise leur permet de relier les deux "capitales" séparatistes de Donetsk et Lougansk.

Samedi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry, de passage à Londres, a déclaré que les États-Unis envisageaient "des sanctions graves, qui auraient un impact très négatif sur l'économie russe" à l'encontre de Moscou. Washington estime la Russie responsable de la rupture du cessez-le-feu en Ukraine.

"Dans les prochains jours, le président Obama va évaluer les choix à sa disposition et prendre sa décision", a ajouté M. Kerry. Plus tôt, il avait accusé la Russie d'avoir un comportement "extrêmement lâche" en Ukraine. Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir les séparatistes en leur fournissant armes et troupes, ce que Moscou nie farouchement.

Minsk 2 prévoit également le retrait des armes lourdes du front. Mais aucune confirmation d'une telle opération - qui devait être effectuée entre le 17 février et le 3 mars - n'a pu être obtenue auprès des parties en conflit.

Pas de trêve à Donetsk

Kiev et les rebelles s'accusent mutuellement de poursuivre les combats, alors que des tirs d'artillerie résonnaient encore à Donetsk samedi matin, selon un journaliste de l'AFP.

Trois civils ont été tués par des bombardements à Avdiïvka, une ville contrôlée par Kiev et située cinq kilomètres au nord de Donetsk, a annoncé samedi 21 février Viatcheslav Abroskine, chef de la police régionale pro-Kiev. Un soldat ukrainien a été tué et 40 blessés, selon un porte-parole militaire ukrainien, Andriï Lyssenko.

Vendredi 20 février, il avait annoncé que vingt chars russes avaient franchi la frontière russo-ukrainienne à Novoazovsk, à l'extrémité sud de la ligne de front. Les Ukrainiens craignent que l'important port de Marioupol, dernière grande ville contrôlée par Kiev dans l'Est rebelle, devienne le nouveau point chaud du conflit.

Le commandant adjoint des forces alliées de l'Otan, le général Adrian Bradshaw, a de son côté fait part de ses craintes d'une tentative russe de conquérir des territoires appartenant à des Etats de l'Alliance atlantique. "La Russie pourrait croire que les forces conventionnelles de grande envergure qu'elle a pu mobiliser en si peu de temps (...) pourraient à l'avenir être utilisées non seulement pour intimider et contraindre (un Etat), mais aussi conquérir des territoires de l'Otan", selon lui.

Kiev célébrait par ailleurs ce week-end le premier anniversaire de Maïdan, la révolution pro-européenne ayant mené au départ du président prorusse Viktor Ianoukovitch. "Cette révolution a été la première, mais surtout la victorieuse bataille pour notre indépendance", a déclaré l'actuel président Petro Porochenko.

Dimanche matin 22 février, plusieurs dirigeants européens, dont le président du Conseil européen Donald Tusk et le président allemand Joachim Gauck, sont attendus à Kiev pour participer à une "marche de la dignité".

Viktor Ianoukovitch, aujourd'hui réfugié en Russie, a, lui, promis de "revenir" pour "soulager la vie en Ukraine", dans une interview diffusée samedi à la télévision russe.

À Moscou, quelque 35.000 manifestants ont participé samedi 21 février à un rassemblement "anti-Maïdan", selon la police moscovite.

AFP/VNA/CVN

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