Trinh Ngoc, le plus vieux cordonnier du Vietnam

Âgé de 90 ans, Monsieur Trinh Ngoc a assisté à plusieurs évènements de l’Histoire du Vietnam au cours de laquelle la cordonnerie a représenté son fil rouge. Sa carrière a prouvé par ailleurs que les artisanats peuvent survivre, avec élégance et fierté, malgré les évolutions de la société.

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Trinh Ngoc, le plus vieux cordonnier du Vietnam, dans son atelier à Hô Chi Minh-Ville.

Sur la rue Ly Chinh Thang dans le 3e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville, se trouve une petite maison modeste. Il s’agit de la boutique de chaussures du plus vieux cordonnier du Vietnam, monsieur Trinh Ngoc.

Né en 1931 dans la province de Bac Liêu, la famille de Trinh Ngoc a survécu aux journées les plus difficiles de la Guerre d’Indochine et traversé depuis 1945 nombre d’endroits dans le delta du Mékong. En 1947, sa famille est arrivée au Cambodge puis dans sa capitale, Phnom Penh.

"Là-bas, chaque membre de ma famille faisait un métier différent. Un jour, j’y ai rencontré un cordonnier vietnamien et je l’ai suivi dans son atelier. À ce moment-là, j’ai commencé à apprendre la maroquinerie, puis ensuite, la cordonnerie".

Au début, Trinh Ngoc ne se permettait que de faire des réparations de chaussures. Ses clients étaient nombreux et portaient à leurs pieds des styles de chaussures très différents. Au fil du temps, il a pu comparer les modèles de ses clients avec les modèles occidentaux, et il s’est mis à fabriquer ses propres chaussures.

Depuis, il procède toujours en plusieurs étapes : entre autres, il y a les mesures puis l’étude anatomique, le dessin, l’étude sur les parties, le semelage, la coupe des cuirs, l’assemblage et le montage.

Trinh Ngoc a ouvert sa propre boutique de chaussures à Phnom Penh, et vers la fin des années 1950, ses chaussures étaient vendues aux hommes politiques, aux hommes d’affaires et même à la famille du roi du Cambodge, Norodom Sihanouk.

Une inspiration pour tous

En 1970, Trinh Ngoc et sa famille sont retournés au Vietnam. À Saigon, il a essayé d’exercer plusieurs métiers mais il gardait la passion de la cordonnerie chevillée au corps. Ainsi, rapidement, il a ouvert sa boutique et est ensuite devenu formateur dans l’usine Bata où il a enseigné à de nombreux artisans du pays.

"Pour les chaussures, les Vietnamiens ont le même goût que les Français : on adore l’artisanat et la méticulosité. La fabrication est compliquée, comprend plusieurs étapes, et parfois, plusieurs artisans en même temps. Outre ces ressemblances, les chaussures sont aussi de la haute couture, et font en plus l’élégance de chaque personne".

Le vieil artisan surveille toutes les étapes de la cordonnerie.

Pour Trinh Ngoc, la cordonnerie est surtout une science à étudier profondément. Tous les cordonniers devraient connaître l’anatomie des pieds qui comprennent un système nerveux compliqué. C’est pour cette raison que ce vieil artisan doit surveiller toutes les étapes de la fabrication : il est à la fois dessinateur, modéliste, formier et sellier garnisseur.

Sans doute, ce métier artisanal exige des compétences et une créativité sans limite, surtout pour faire face à la concurrence industrielle. Avec des prix élevés, l’artisan peut vivre de son métier mais son nombre de clients se restreint.

"Avant tout, c’est le cœur : le cœur, c’est la passion. Deuxièmement, le cerveau fournit la créativité. Troisièmement, il faut vos yeux pour observer, pour juger. Quatrièmement, ce sont les mains. Et enfin, il faut la volonté". C’est ce qu’il a dit souvent à ses élèves.

La cordonnerie est un métier de grande élégance qui court le risque de disparaître, même dans une grande ville du pays comme Hô Chi Minh-Ville. Les cordonniers artisanaux comme Trinh Ngoc peuvent être fiers de leur métier qui inspire nombre de personnes au Vietnam et à l’étranger grâce à la minutie et à la classe éternelle qu’il implique.

Texte et photos : Dang Duong/CVN

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