Trang Quynh, le malin

Il y a certains contes qui donnent du vague à l’âme, mais il y en a aussi qui apportent joie et bonne humeur. Surtout ceux qui narrent les aventures de personnes malicieuses… comme Trang Quynh.

>>Les contes égrillards

Dès l’âge de 10 ans, Trang Quynh se montra d’une intelligence extraordinaire.
Photo : CTV/CVN

Du temps de Lê Thái Tô (1385-1433), la princesse Liêu Hanh, fille de l’Empereur céleste, fut exilée des cieux et vint s’établir dans une gorge montagneuse dans la région de Ninh Binh (Nord) où elle bâtit une tour à trois étages. Sur ses quatre côtés se trouvaient des filets de fer avec lesquels on prenait des oiseaux que l’on mettait en cage. Dans les jardins, il y avait de multiples espèces d’arbres, de plantes d’ornement et de rocailles. Devant la porte était creusé un lac où vivaient des myriades de poissons.

Mère géniale

La princesse avait pris la forme d’une jeune fille d’une grande beauté. Elle vendait aux voyageurs des fruits et des boissons, mais aussi des statuettes, des dessins de paysage, d’oiseaux, de poissons, de dragons, de tigres, et distribuait aux pauvres les recettes des ventes. Tous les passants qui traversaient la gorge et voyaient ce beau pavillon y entraient pour se rafraîchir et voir les objets en vente. À ceux qui ne faisaient que manger, boire et acheter, sans parler d’amour à la fille, il n’arrivait rien. Ceux, au contraire, qui, la voyant si jolie, avaient voulu tenter leur chance avec elle, quels que furent leur rang et leur fortune, s’ils trouvaient du bonheur, en restaient continuellement comme ivres et hébétés, parfois même en mouraient.

Il y avait trois ans que la princesse habitait là sans que l’on sache qui elle était. Elle avait donné le jour à un garçon qui avait six doigts à chaque main. La princesse le porta à la pagode de la montagne Hông Linh pour le faire instruire par le supérieur. Elle lui dit : "Je pense que j’ai fait là un roi ou pour le moins un Trang (premier lauréat du concours de Docteur royal). Devenu grand, il portera le nom de Trang Quynh".

Après avoir remis son fils au bonze, la princesse mit le feu à son palais et s’envola dans la fumée avec ses servantes. L’on sut alors que l’on avait eu affaire à un génie et l’on s’expliqua le nombre de morts causées par elle. Par la suite, on lui éleva un temple sur le chemin qui sépare les provinces de Thanh Hoá et Nghê An (Centre), sur une montagne élevée que l’on appelle le Palais des amours. La divinité de ce temple se montra très puissante, aussi venait-on de toutes parts lui présenter ses vœux et lui apporter des présents, mais les gens du pays n’osaient y toucher et laissaient tout le produit au gardien du temple pour acheter les objets du culte.

Fils astucieux

Dès l’âge de 10 ans, Trang Quynh se montra d’une intelligence extraordinaire, connaissant tou-tes choses célestes et terrestres. Allant se présenter aux examens, il passa devant le temple dédié à sa mère, et entra pour lui rendre ses devoirs et lui demander de l’argent. Il lui dit aussi : "Faites que je réussisse dans mes examens et je vous sacrifierai trois bœufs". L’argent apparut sur l’autel, et Trang Quynh le prit et le dépensa à s’amuser.

Une fois entré dans la salle du concours, il fit une cinquantaine de lignes et sur le reste de son cahier dessina des éléphants et des chevaux. Il fut naturellement refusé. Une autre fois, il fit une composition où il ne parlait que d’amours et de plaisirs. En s’en retournant, il entra dans le temple de sa mère et lui dit : "Vous ne m’avez pas protégé, j’ai été refusé à tous mes examens, mais qu’importe ! Je vais vous donner mes trois bœufs".

"À malin, malin et demi", dit un proverbe.
Photo : CTV/CVN

Le gardien du temple, l’entendant parler de sacrifier trois bœufs, se mit bien vite à faire tous les préparatifs d’encens, de bougies, papiers dorés, de vin et de thé, mais Trang Quynh ne l’entendait pas ainsi. Il se mit tout nu et par trois fois marcha à quatre pattes devant l’autel, disant : "N’est-ce pas là ce que j’ai promis". Trang Quynh avait joué sur les mots ! En vietnamien, bœuf se dit , con bò, mais signifie aussi ramper, se traîner sur les genoux et les mains…

En se promenant, Trang Quynh avait coutume de passer par un certain bac, mais il ne payait jamais le passeur. Celui-ci naturellement lui faisait toujours des réclamations. Un jour, Trang Quynh lui dit : "C’est bon, ne te plains plus ! Je vais te donner un moyen de faire fortune". Revenu chez lui, il fit construire une armoire bien close, laquée, couverte de jolis dessins. Quiconque voulait voir ce qu’il y avait à l’intérieur devait payer cinquante sapèques. Il fit ensuite porter son armoire près du bac. La foule s’assembla et chacun donna cinquante sapèques pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur. Une inscription placée en dedans disait : "Si quelqu’un veut voir, Trang Quynh le lui permet, mais que le diable emporte celui qui racontera ce qu’il aura vu".

Après avoir vu, ils comprenaient qu’ils avaient été joués, mais ils n’osaient rien dire, de crainte de tomber sous le coup de la malédiction de Trang Quynh. De cette manière, le passeur fit fortune. Il alla remercier Trang Quynh et lui porter des présents. Celui-ci riait toujours, tout content d’avoir joué ce bon tour.

Trang Quynh invita un jour les mandarins de la cour à venir chez lui. Il les reçut à merveille, leur offrit à boire. Pendant ce temps, ses serviteurs dans sa cour frappaient sur des billots de bois, ayant ainsi l’air de faire des hachis et de préparer un grand festin. À l’aide de ce stratagème, il retint les mandarins toute la journée sans manger, mais, en revanche, les fit tellement boire qu’ils tombèrent sous les tables. Il les fit alors rapporter en ayant soin de les envoyer chacun dans une maison autre que la sienne et en recommandant aux porteurs de les porter jusque dans leur lit, de crainte qu’étant ivres il ne leur arrivât quelque malheur. Grâce à cette précaution, les mandarins se réveillèrent dans le lit de leurs collègues.

À la semaine prochaine pour rire encore des farces de Trang Quynh…


Ông Ngoai/CVN

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