Trang Quynh, le malin (suite et fin)

Encore quelques savoureuses aventures de Trang Quynh, le facétieux. Des histoires où le bon sens se marie avec la malice pour le plus grand bonheur de tous ceux qui les ont entendus racontées à travers les siècles…

>>Trang Quynh, le malin

Affiche d'une œuvre cinématographique sur Trang Quynh du réalisateur Dô Duc Thinh, sortie en 2018.
Photo : CTV/CVN

Trang Quynh était plein de finesse. Cependant, une fois il trouva son maître en la matière, chez un des gardiens des portes du palais. Celui-ci s’installa dans un palanquin semblable à celui d’un ministre et, se faisant suivre par deux ou trois soldats qui jouaient le rôle de l’escorte, portant des parasols, une longue pique, il se rendit à la maison de Trang Quynh. Celui-ci le prit pour un mandarin, mais, ne le reconnaissant pas, il lui demanda qui il était. "Mes fonctions, répondit l’autre, sont celles de +giáo thu+ (littéralement : fonctionnaire enseignant, chef de l’enseignement dans un district)".

Trang Quynh le reçut avec honneur, l’invitant à boire du thé et du vin. Ensuite, le visiteur partit. Le lendemain, son tour de garde étant venu, il veillait à la porte du palais lorsque Trang Quynh passa pour se rendre à la cour. Il le reconnut et lui demanda comment il avait eu l’audace de prendre le titre de giáo thu. L’autre lui montra sa lance (giáo) et lui demanda : "Cette lance n’est-elle pas à l’État, est-ce une lance de particulier ?" Trang Quynh vit qu’il avait été joué et en fut très mortifié, mais qu’y faire ?

Astucieux jusqu’au bout

Un autre jour, le roi voulut mettre à l’épreuve la perspicacité de Trang Quynh. Il fit raboter un grand arbre, de manière que les deux extrémités fussent d’égale grosseur et le fit peindre en rouge. On le porta ensuite au milieu de la cour du palais. Le roi fit venir Trang Quynh et lui demanda de quel côté était le tronc et de quel côté la cime. Trang Quynh d’abord ne sut que dire, mais il s’avisa d’un stratagème. Il demanda trois jours pour répondre. Le roi les lui accorda.

Pendant la nuit, Trang Quynh vint en secret souiller l’arbre d’ordures. Le lendemain, les hommes de garde le portèrent à la rivière pour le nettoyer. Trang Quynh, qui les épiait, remarqua quel était le côté qui plongeait et en conclut que c’était le côté du tronc, naturellement d’un grain plus dense. Le lendemain, le roi le fit appeler pour donner sa réponse. Il indiqua le côté du tronc et celui de la cime, au grand étonnement du roi qui loua sa perspicacité.

Un jour, on apporta au roi un plateau de fruits de longue vie (pêches). Trang Quynh bien vite s’empara d’un fruit et le mangea. Le roi irrité ordonna de l’emmener et de le décapiter. "Ce ne sont donc pas des fruits de longue, mais bien de courte vie !", dit Trang Quynh. Le roi, charmé de ce trait d’esprit, lui pardonna.

Empoisonné par le roi

Un jour, le roi manda son conseil pour délibérer au sujet de Trang Quynh. Trang Quynh, leur dit-il, est un homme félon ; il fait chaque jour cent choses qui montrent son mépris pour mon autorité ; il faut le faire périr. Tous les membres du conseil approuvèrent. Le roi alors manda le chef du service de la bouche et lui ordonna de préparer des mets empoisonnés pour Trang Quynh. Il invita ensuite celui-ci à un festin.

Trang Quynh savait ce qui lui était réservé. Il fit venir son fils et lui dit : "Le roi m’invite à un festin où il doit me faire empoisonner. Lorsque je serai mort, fais rapporter mon cadavre à la maison, mais ne m’enterre pas !
Laisse-moi assis dans mon hamac, et pendant ce temps fais jouer la comédie, bats du tambour ; offre à boire et à manger sans te lamenter, ni paraître triste. Si l’on te demande pourquoi ces réjouissances, dis que tu célèbres mon retour à la vie, mais ne laisse pénétrer personne jusqu’à moi. Quand tu apprendras la mort du roi, tu pourras te livrer à ta douleur, appeler les maîtres des cérémonies et me faire enterrer !".

Le fils obéit. Le roi, qui pensait que Trang Quynh était mort du poison qu’on lui avait donné, fut surpris d’apprendre que dans sa maison on se livrait ainsi à la joie. Irrité, il fit comparaître devant lui le chef des cuisines et lui demanda comment il se faisait que Trang Quynh ne fut pas mort. Il se fit apporter les mets empoisonnés pour en juger, mais à peine les eut-il flairés qu’il se mit à vomir le sang et mourut. Le fils de Trang Quynh alors fit cesser les réjouissances et enterra son père. C’est pourquoi le proverbe dit : "Quand le roi fut mort, Trang Quynh mourut".

Trang Quynh connaissait l’avenir de soixante générations ; il savait qu’au bout de dix générations ses descendants deviendraient des mendiants ; aussi avant sa mort fit-il faire une tablette à laquelle ses fils devaient rendre le culte. Sur une face étaient gravés son nom et ses titres, sur l’autre les deux vers suivants : "Je t’ai sauvé du malheur de la poutre qui était sur ta tête, Sauve ma dixième génération de la pauvreté".

Ses enfants ne savaient ce que signifiait cette inscription. Le dixième descendant de Trang Quynh réduit à une extrême pauvreté dut se résoudre à mendier. Il avait encore la tablette de son ancêtre, mais il ne pouvait penser la vendre, et personne ne voulait la lui garder. Il la cacha donc dans un massif de bambous et alla demander son pain. Arrivé à la maison d’un homme riche, il se mit à demander la charité, mais le riche dormait dans son hamac et ne l’entendait pas.

Le mendiant éleva donc la voix et, voyant que le maître de la maison se réveillait, il lui dit : "Levez-vous bien vite, de peur que le toit ne vous tombe sur la tête". Le riche se leva et, à ce même moment, une poutre se rompit et tomba juste sur le hamac. Le maître de la maison fut tout joyeux d’avoir ainsi échappé à la mort. Il dit au mendiant : "J’ai eu une heureuse fortune. Le Ciel vous a envoyé ici pour m’empêcher de périr". Il le fit entrer dans sa maison pour lui rendre grâces. Il lui dit : "Je vois par l’inspection de vos traits que vous êtes destiné à la mendicité, mais je vais construire pour vous un bac où vous passerez les voyageurs, de cette manière vous gagnerez de quoi vivre et vous n’aurez plus besoin de mendier".

Le descendant de Trang Quynh fut tout heureux de cette aventure et vécut longtemps avec son bac et sa maison, louant sans cesse la finesse d’esprit de son ancêtre.

Ông Ngoai/CVN

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