Thang "le timbré" et son projet de vélos "R4K"

À l’écart de son activité professionnelle habituelle, Trân Quyêt Thang se consacre à un travail insolite : trouver des vélos usagés puis les réparer. Son but : "que tous les enfants déshérités aillent à vélo à l’école".

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Trân Quyêt Thang en train de réparer un vélo désuet qu’il offrira à des élèves pauvres.
Photo : Thái Binh/CVN

Le matin. La ville de Phô Châu dans le district de Huong Son, province de Hà Tinh (Centre), s’éveille doucement. Dans la cour d’un atelier spécialisé en publicité où s’entassent pêle-mêle des vélos usagés de toutes sortes, le jeune Trân Quyêt Thang est concentré : il démonte des vieux vélos, les répare puis les assemble de nouveau. Petit à petit, un nouveau vélo prend forme. "Tour à tour, ces vélos désuets seront rénovés avant d’être offerts à des écoliers pauvres de chez moi", confie-t-il. Et d’ajouter avec satisfaction qu’un nouveau lot de 15 vélos restaurés vient d’être expédié à l’école primaire Son Ham, district montagneux de Huong Son, province de Hà Tinh.

Mais d’où viennent ces vieux vélos ? À cette question discrète, Thang explique avec un sourire léger que c’est grâce à son projet communautaire de vélos "R4K" (Rebike for kids) né en avril 2020.

Des projets à triple but

Originaire de la province de Hà Tinh, Trân Quyêt Thang a été étudiant de l’Université de l’administration commerciale de Hanoï. En 3e année d’études, il a dû abandonner ses études pour rentrer chez lui, à Huong Son. Pour gagner sa vie, il a pratiqué divers boulots (par exemple la réparation d’ustensiles de ménage), avant de participer à la gestion de l’hôtel de sa famille. Cet homme au cœur compatissant a commencé à réaliser en 2015 des programmes caritatifs dans sa localité où la vie reste encore difficile. "Habile de nature, je me suis passionné pour la réfection d’outils et instruments usés dès mon plus jeune âge. Cela me permet aujourd’hui de faire quelque chose d’utile au profit des écoliers pauvres", exprime-t-il.

Les premiers temps, Thang a cherché à rassembler chez les habitants locaux tous types d’objets désuets comme des manuels scolaires, des ordinateurs, des portables, des radios, des vélos… Lesquels, une fois rénovés, deviennent un don précieux pour les écoliers déshérités. "Je suis ravi en exécutant ce travail qui a un triple objectif : servir les nécessiteux, réduire les ordures polluantes et économiser des frais au service de la société".

L’idée du projet communautaire de vélos "R4K" lui est passée par la tête en avril 2020, alors qu’il allait chercher un ancien vélo tout-terrain pour ses exercices sportifs. En voyant des vélos abandonnés ici et là dans les jardins, il a pensé tout de suite aux écoliers devant se rendre à l’école à pied. Après une annonce lancée sur sa page web, Thang a obtenu comme cadeau trois premiers vélos. "Pourtant, leur réparation n’était pas facile du tout. J’ai dû alors recourir à un réparateur professionnel qui m’a aidé à les remettre à neuf. Après quelques jours de pratique, j’ai appris un nouveau métier", déclare-t-il, souriant.

Ses premiers vélos en main, Thang a lancé un projet communautaire dénommé "Régénérer les vélos dégradés pour en faire cadeau aux écoliers". Ses vélos portent désormais la marque R4K. Un mois après, une équipe de bras actifs pour le projet "R4K" est apparue à Huong Son. L’effectif de l’équipe est de plus en plus importante et il est possible d’y participer directement (réparation) ou indirectement (recherche de vieux vélos).

Objectif : 1.000 vélos par an

Seulement trois mois après la naissance de ce projet, Thang a pu rassembler plus de 300 vélos vétustes dont 70 ont déjà été rénovés. "Je me fixe l’objectif d’atteindre 1.000 vélos rénovés par an, afin d’en offrir aux écoliers déshérités de tout le pays", promet l’auteur du projet. Et d’exprimer sa joie en voyant les vélos sortant de son atelier qui accompagnent tous les jours les enfants à l’école.

Les vélos de Thang sont remis aux élèves et même aux chiffonniers ambulants âgés.
Photo : Thái Binh/CVN

Pour les bénéficiaires d’un vélo étiqueté R4K, ce "cadeau du cœur" a beaucoup facilité leur vie et a constitué un grand ressort pour leurs études. Thang cite le cas de Phan Bao Khanh, 8 ans, qui était sur le point d’arrêter ses études. Orphelin de père et mère, Khanh vit avec ses grands-parents et son grand frère de 15 ans qui exerce des petits boulots pour aider la famille. "Avec les deux vélos R4K que nous leur avons offerts, la vie de ces deux frères va mieux à présent. Ils continuent leurs études à l’école le matin et transportent des fruits à vendre au marché l’après-midi".

Une autre chose parvient à enthousiasmer Trân Quyêt Thang : ses parents qui, auparavant n’étaient pas contents du projet considéré comme "utopique" de leur fils, le soutiennent maintenant efficacement. Et le surnom de Thang "le timbré" (donné par ses connaissances) a même disparu. La joie se lit sur le visage de Thang lorsqu’il parle du développement incessant et de l’avenir du projet "R4K". Actuellement, son projet est devenu communautaire, avec la participation (soit directe soit par Internet) d’innombrables volontaires ; grâce à quoi il s’est déjà étendu dans dix provinces et villes du pays. C’est dans le cadre du projet que les uns ramassent et envoient les vieux vélos, les autres les réparent au profit des écoliers pauvres dans leur localité.

À Huong Son, nombre d’habitants sont devenus des membres fidèles du projet. Parmi eux figurent deux voisins de Thang - Quôc Lân (53 ans) et Phi Son (41 ans) - qui se présentent tous les jours à l’atelier. "Très consciencieux, Thang travaille 10-12 heures par jour à l’atelier, voire plus en période de livraison de vélos qu’il a promis avec les écoles. C’est vraiment un exemple à suivre !", observe Phi Son.

À la question sur le long terme du projet, Thang répond tout simplement : "Je ne le sais pas. Car, mon rêve est qu’aucun écolier ne doive aller à l’école à pied".


Nghia Ðàn/CVN

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