Tabac : six hausses de prix d'ici fin 2020 pour arriver à 10 euros le paquet

Le prix du paquet de tabac augmentera six fois d'ici fin 2020 pour atteindre 10 euros, à commencer par une hausse de 35 centimes cette année, a annoncé mercredi 20 septembre la ministre de la Santé, suscitant la grogne des industriels et buralistes.

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Six hausses du prix du tabac sont programmées pour arriver à 10 euros le paquet fin 2020.

"Nous allons harmoniser le prix du paquet du tabac, notamment les (prix) plus faibles, dès la fin de l'année (...) en augmentant en moyenne de 35 centimes d'euros pour aboutir à des paquets à 7,10 euros. Puis il y aura une hausse d'un euro en mars prochain", a déclaré Agnès Buzyn sur Europe 1.

"Il y a aura ensuite des hausses de 50 centimes d'euros en avril et en novembre 2019, de 50 centimes en avril 2020 et de 40 centimes en novembre 2020", a détaillé la ministre.

Ces hausses étalées dans le temps permettront "aux gens de se préparer, de trouver les moyens d'arrêter de fumer, c'est un calendrier qui permet à chacun de se mettre dans la perspective de l'arrêt", a souligné Mme Buzyn.

En France, rappelait récemment la ministre, 29% de la population fume, tandis que dans les pays déjà passés par une forte hausse du prix du tabac, comme la Grande-Bretagne, cette proportion est inférieure à 20%.

Le prix du paquet de tabac à 10 euros était une promesse de campagne d'Emmanuel Macron.

Paquets de cigarettes chez un buraliste à Paris.

Pour Brian Dalton, responsable communication chez Seita, "les mesures annoncées par la ministre de la Santé sont à la fois biaisées et inadaptées : en choisissant de s'attaquer aux marques d'entrée de gamme, cette mesure a peu de chance de faire reculer le tabagisme en France car on sait que ce sont les marques les plus chères qui captent le plus de fumeurs".

Manifestation le 4 octobre

Eric Sensi-Minautier, directeur de la communication chez British American Tobacco (BAT) "note la volonté de la ministre d'avoir une politique de lutte contre le tabagisme ambitieuse" mais juge qu'elle "se trompe de cible: ce sont les cigarettes chères qui sont en croissance et non les cigarettes d'entrée de gamme".

Selon lui, "par le matraquage fiscal, on pousse les fumeurs vers le marché parallèle". Ce marché, qui comprend les ventes hors du réseau des bureaux de tabac, atteint déjà 27,1% de la consommation, selon une étude de KPMG.

Du côté des anti-cigarettes, les associations de l'Alliance contre le tabac "se félicitent" de la hausse d'un euro prévue début 2018, mais déplorent que les "petites augmentations" de 2019 et 2020 soit trop progressives.

"C'est dommage qu'on ne passe pas de 7 à 10 euros tout de suite, mais je dis bravo à la hausse initiale de 1,35 euros", affirme Gérard Audureau, président de l'association Droits des non-fumeurs (DNF).

Des paquets de cigarettes chez un buraliste à New York City.
Photo : AFP/VNA/CVN

La confédération des buralistes regrette "l'absence de concertation (...) promise par la ministre". Son secrétaire général Jean-Luc Renaud juge ces "hausses désastreuses", et "malheureusement pas accompagnées d'un réel plan de lutte contre le marché parallèle".

Il lance un appel aux buralistes pour une manifestation le 4 octobre à Paris.

Enfin, Philip Morris rappelle "que si l'évolution du cadre fiscal des produits du tabac en France est décidée par les pouvoirs publics, et que ceci peut avoir une influence sur la décision de chaque fabricant, les prix de vente au détail sont en revanche déterminés librement par chacun d'entre eux".

En France, les fabricants de tabac, et non l'État, fixent les prix de vente aux consommateurs mais les taxes en représentent plus de 80%. Le tabac rapporte à l'État environ 14 milliards d'euros par an.

Au niveau européen, le gouvernement souhaite une "meilleure harmonisation des niveaux de fiscalité sur les produits du tabac", ont fait savoir Agnès Buzyn ainsi que le ministre de l'Action et des comptes publics, Gérald Darmanin, dans un communiqué commun. Il entend également limiter "strictement les transports transfrontaliers de tabacs" afin de diminuer la quantité de tabac "transitant d'un pays à l'autre de l'Union Européenne", ont précisé les ministres.

Le tabac est responsable du décès prématuré de "plus de 75.000 personnes" chaque année, selon le rapport 2017 de référence sur la santé des Français.

AFP/VNA/CVN

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