Syrie : le groupe EI fait régner la "terreur" par des crimes contre l'humanité

Une commission d'enquête de l'ONU a accusé vendredi 14 novembre le groupe État islamique (EI) de faire régner la "terreur" en Syrie en se livrant à des crimes contre l'humanité et crimes de guerre, et demandé que ses dirigeants soient poursuivis devant la Cour pénale internationale.

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Une explosion au-dessus de la ville syrienne de Kobané le 13 novembre
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans son premier rapport détaillé sur l'EI, rendu public vendredi 14 novembre à Genève, la Commission d'enquête sur les crimes en Syrie, mise en place par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, établit une longue liste de crimes, documentés par quelque 300 témoignages de victimes et de témoins. Elle y dénonce des massacres ciblant des groupes ethniques et religieux, des décapitations, de l'esclavage sexuel et des grossesses forcées.

Le groupe "cherche à dominer tous les aspects de la vie des civils sous son contrôle à travers la terreur, l'endoctrinement et la fourniture de services à ceux qui obéissent", affirme le rapport.

"Le groupe armé mène une politique de sanctions discriminatoires telles que des taxes ou des conversions forcées sur des bases de l'identité ethnique ou religieuse, détruisant des sites religieux et expulsant systématiquement les communautés minoritaires", souligne le rapport intitulé "Règne de la terreur : vivre sous l'EI en Syrie".

Les attaques "à grande échelle et systématiques" contre la population civile kurde et contre la minorité religieuse yazidi constituent des "crimes contre l'humanité", tout comme les disparitions forcées dans des attaques contre les populations civiles dans les régions d'Alep et Ar Raqqah, qui s'accompagnent de crimes et de tortures, souligne le rapport établi sous l'autorité de Paulo Sergio Pinheiro (Brésil).

L'EI a "décapité, fusillé, lapidé des hommes, des femmes et des enfants dans des lieux publics dans les villes et villages du Nord-Est de la Syrie", poursuit ce rapport de 20 pages. Les corps des victimes sont généralement exposés sur des croix pendant trois jours, les têtes plantées sur les grilles des parcs "comme un avertissement à la population sur les conséquences du refus de se soumettre à l'autorité du groupe armé".

Pour une saisine de la CPI

Le rapport souligne que les cadres du groupe, majoritairement étrangers, "sont individuellement responsables pour ces crimes" et il demande à la communauté internationale de combattre l'impunité en "engageant des mécanismes pour qu'ils rendent des comptes, y compris devant la Cour pénale internationale".

Un combattant kurde de Syrie dans la ville de Kobané le 7 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

D'anciens prisonniers ont rapporté que les pires traitements dans les centres de détention sont réservés à ceux soupçonnés d'appartenir à d'autres groupes armés, aux journalistes et aux fixeurs ayant travaillé avec la presse étrangère.

Le rapport souligne également les agressions commises contre les femmes, relevant que les familles terrorisées marient précipitamment leurs filles mineures de peur qu'elles ne soient mariées de force à des combattants du groupe jihadiste. Il caractérise aussi comme "crime contre l'humanité" la mise en esclavage sexuel de femmes yazidies, vendues, violées et pour certaines engrossées.

La Commission dénonce les crimes commis contre les enfants : le groupe, composé majoritairement de combattants étrangers, "donne la priorité aux enfants comme supports d'une loyauté à long terme, d'une adhésion à leur idéologie et comme un groupe de combattants dévoués qui considèrent la violence comme une façon de vivre".

Le rapport évoque le cas de 153 enfants kurdes âgés de 14 à 16 ans, enlevés le 29 mai et libérés cinq mois plus tard, après avoir été endoctrinés quotidiennement, ceux qui refusaient étant sévèrement battus. Il cite le cas de huit femmes lapidées à mort en juin et juillet dans la région de Raqqah, accusées d'adultère. Selon des témoignages, elles avaient apporté du ravitaillement à un autre groupe armé opposé à l'État islamique. À Al Mayadin, en août, une femme dentiste a été décapitée parce qu'elle continuait à traiter des patients des deux sexes, indique le rapport.

À la mi-juillet, les jihadistes de l'EI se sont emparés du gisement de gaz de Sha'ar, à l'est de Homs, tuant quelque 350 personnes. "Parmi eux, les techniciens et les employés ainsi que les membres de leurs familles, y compris les enfants. Le corps d'un médecin a été trouvé dans la clinique, les mains attachées, abattu à bout portant. Les habitants des villages voisins, comme à Al Mahfoura, ont aussi été tués", indique le rapport.

AFP/VNA/CVN

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