Syrie : deux jihadistes britanniques capturés, des proches de victimes

Deux jihadistes britanniques membres d'une "cellule d'exécution" du groupe État islamique ont été capturés en Syrie, suscitant l'espoir de proches des victimes qui souhaitent les voir jugés.

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Photo non datée d'un homme présenté comme Mohammed Emwazi, alias "Jihadi John", et distribuée le 27 janvier 2016 sur un site d'informations affilié au groupe État islamique
Photo non datée d'un homme présenté comme Mohammed Emwazi, alias "Jihadi John", et distribuée le 27 janvier 2016 sur un site d'informations affilié au groupe État islamique. Photo : AFP/VNA/CVN

Un responsable militaire américain a annoncé jeudi 8 février que Alexanda Amon Kotey et El Shafee el-Sheikh avaient été capturés en janvier en Syrie par une force arabo-kurde alliée de Washington.

Le porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS), Redur Khalil, a confirmé vendredi 9 février à l'AFP la capture de "commandants importants" de l'EI, dont Alexanda Kotey, 34 ans, qui possède les nationalités britannique, ghanéenne et chypriote.

Les deux jihadistes arrêtés "sont des gens qui ont commis des crimes absolument ignobles et méprisables", a réagi le ministre britannique de la Défense Gavin Williamson.

Bethany Haines, dont le père David, travailleur humanitaire, a été décapité en 2014 après avoir été détenu 18 mois a exprimé son "soulagement de savoir, enfin, que les personnes impliquées dans le meurtre de mon père ont été capturées et qu'ils devront faire face à la justice". Elle souhaite que les deux hommes soient "jetés dans une cellule et qu'on jette la clé".

"C'est le début d'un processus qui les amènera, espérons-le, à un procès. Tout ce que je veux, c'est la justice", a déclaré à la chaîne britannique Sky News le journaliste français Nicolas Hénin, enlevé en Syrie en juin 2013 et retenu en otage pendant dix mois.

Son souhait ? "Un procès auquel je puisse potentiellement assister, donc plutôt un procès à Londres qu'à Kobané dans le nord de la Syrie".

La mère de James Foley, journaliste américain enlevé en novembre 2012 et décapité, aimerait pour sa part que les deux jihadistes soient jugés aux États-Unis.

Tobias Ellwood, secrétaire d'État britannique à la Défense, a estimé que les deux jihadistes arrêtés devraient être jugés par un tribunal international pour les crimes de guerre, et non envoyés au centre américain de détention de Guantanamo à Cuba comme la possibilité en a été évoquée dans des informations de presse.

Les individus soupçonnés d'actes terroristes "doivent en répondre et être jugés devant une autorité légitime", a déclaré M. Ellwood au quotidien britannique The Daily Telegraph. "Nous devrions envisager un accord sur un processus international impliquant La Haye", où siège la Cour pénale internationale (CPI), a-t-il dit.

Toutefois, toujours d'après le Daily Telegraph, Londres ne compte pas faire obstacle à un éventuel processus d'extradition des deux hommes vers les États-Unis, et les responsables britanniques sont peu désireux qu'ils soient rapatriés en Grande-Bretagne.

"Je ne crois pas qu'ils doivent jamais remettre les pieds dans ce pays", aurait déclaré le ministre de la Défense Williamson selon le Daily Telegraph.

Alexanda Amon Kotey et El Shafee el-Sheikh faisaient partie d'un quatuor surnommé par leurs otages "les Beatles" en raison de leur accent anglais.

Ils sont accusés d'être responsables de la détention et de la décapitation d'environ une vingtaine d'otages, notamment des Occidentaux parmi lesquels James Foley, son confrère Steven Sotloff et le travailleur humanitaire américain Peter Kassig.

'Crimes ignobles'

Photomontage de victimes décapitées par "Jihadi John": Kenji Goto, Peter "Abdel-Rahman" Kassig, James Foley, Haruna Yukawa, Steven Sotloff, Alan Henning et David Haines.
Photomontage de victimes décapitées par "Jihadi John": Kenji Goto, Peter "Abdel-Rahman" Kassig, James Foley, Haruna Yukawa, Steven Sotloff, Alan Henning et David Haines. Photo : AFP/VNA/CVN

Alexanda Amon Kotey "a été capturé par une unité antiterroriste le 24 janvier, dans la campagne près de Raqa", l'ex-"capitale" de l'EI en Syrie, a indiqué à l'AFP le porte-parole des FDS. Il tentait de fuir vers la Turquie "en coordination avec ses amis et ses contacts du côté turc".

Les FDS, qui comptent des combattants kurdes et arabes, ont chassé les jihadistes de l'EI de Raqa à la mi-octobre 2017, avec l'aide de la coalition internationale conduite par Washington.

Selon le porte-parole des FDS, le jihadiste "est interrogé" mais il n'a pas précisé par qui. Il a affirmé n'avoir aucune information sur le second jihadiste mentionné par le responsable américain, El-Shafee el-Sheik.

L'an dernier, le département d'État américain avait indiqué qu'Alexanda Kotey avait "vraisemblablement" participé à des exécutions et appliqué "des méthodes de torture exceptionnellement cruelles dont des décharges électriques".

Il est soupçonné d'être lié au jihadiste britannique Mohammed Emwazi, lui aussi membre de la cellule dite "The Beatles". Ce dernier était connu pour ses vidéos de décapitation d'otages qui avaient marqué l'opinion publique en 2014 et en 2015, sur lesquelles il apparaissait couteau de boucher à la main et vêtu de noir. Surnommé "Jihadi John", il a été tué en novembre 2015 par un bombardement à Raqa. Un quatrième membre présumé de la "cellule d'exécution", Aisne Davis Davis, est détenu en Turquie.

"L'arrestation de ces hommes est extrêmement importante, car très peu de hauts gradés de l'EI ont été capturés", a déclaré à l'AFP Shiraz Maher, directeur adjoint du Centre international d'étude de la radicalisation au King's College de Londres.

"Ces hommes auront des informations importantes sur le sort des otages occidentaux détenus, y compris certains toujours captifs de l'État islamique".


AFP/VNA/CVN

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