Sy Hoàng, l’ao dài dans la peau

Le premier musée de l’ao dài - tunique fendue traditionnelle des Vietnamiennes - a vu le jour début 2014 à Hô Chi Minh-Ville, fruit de dix ans de travail du styliste Sy Hoàng. Selon lui, ce vêtement est le porte-drapeau de la culture nationale.

«Cette simple tunique à deux pans est superbe ! Et le pan de derrière, et celui de devant qui laissent transparaître l’âme du pays».

Ces vers improvisés par le Pr.-Dr. de musicologie Trân Van Khê, lors de la séance d’ouverture du premier musée de l’ao dài au Vietnam, en disent long sur la beauté de cette tenue féminine traditionnelle.

Le styliste Sy Hoàng dans le musée qu’il a créé.  

En janvier dernier, au jardin botanique de Long Thuân, en banlieue de Hô Chi Minh-Ville, le peintre et styliste Sy Hoàng a inauguré son musée, fruit d’une dizaine d’années de recherches. Apparaissent ici et là, au milieu d’un vaste espace vert, de belles constructions en bois inspirées d’anciens modèles, dans lesquelles trônent de nombreuses tuniques. «J’ai mis dix ans pour rassembler cette collection de plus de 500 modèles. Elle raconte toute l’histoire de l’ao dài», révèle Sy Hoàng.

Un musée pas comme les autres

On y trouve des modèles représentatifs de chaque époque : l’ao dài à quatre pans du XVIIe siècle, celui à cinq pans du XVIIIe siècle, celui dit cat tuong (moderne) des années 1930, l’ao dài décolleté des années 1950, celui de Saigon de mode «hippie» des années 1960, celui rénové des années 1970-1980 et, bien sûr, des créations plus contemporaines.

Il y a aussi des ao dài liés à des faits ou des personnages historiques, par exemple ceux de la famille royale et des nobles sous la dynastie des Nguyên (XIXe siècle), celui de la femme général Nguyên Thi Dinh, commandante en chef adjointe de l’Armée de libération du Sud du Vietnam avant 1975, celui de la diplomate Nguyên Thi Binh qui prit part aux négociations avec le secrétaire d’État américain Henry Kissinger sur la paix au Vietnam, avant 1973. Devenue après vice-présidente du Vietnam, celui de la diplomate Tôn Nu Thi Ninh… Viennent s’ajouter des ao dài d’artistes de renom : Bay Nam, Trà Giang, Kim Cuong, Bach Tuyêt…

«À remarquer cette tunique de mariage que Tôn Nu Thi Ninh a offerte au musée. Une vieille tunique en brocard qui n’a été portée que trois fois, par trois belles filles de trois générations de sa famille», précise Sy Hoàng.

La danseuse Linh Nga en tenue ao dài conçue par Sy Hoàng.

Outre ces modèles, le musée présente aussi des centaines de photos et autres documents.

Le jardin botanique de Long Thuân s’étend sur 20.000 m² dans le 9e arrondissement, à une vingtaine de kilomètres du centre de Hô Chi Minh-Ville. «Ce terrain, je l’ai acheté en 2002 dans l’intention de le consacrer à la culture et aux arts, au sens large : architecture, gastronomie, mode…», confie Sy Hoàng. Ce musée de l’ao dài, premier du genre, servira aussi de «catwalk» de mode, selon lui, ajoutant que d’autres ouvrages seront construits dans les années à venir.

De la peinture au stylisme

Diplômé de l’Université des beaux-arts, Sy Hoàng, 52 ans, travaille depuis une trentaine d’années dans le stylisme, et figure parmi les inconditionnels de l’ao dài. «Loin d’être formé en stylisme, j’ai choisi ce métier du fait de l’ao dài», avoue-t-il. «Cette tunique féminine est une superbe création qui laisse transparaître la quintessence de la culture vietnamienne. Mon seul souhait est de l’embellir». Son principe de création est d’introduire la peinture dans la tenue traditionnelle, et de chercher les idées puisées dans le folklore national. En effet, agrémentés de dessins originaux, les ao dài de Sy Hoàng apparaissent plus raffinés, plus charmants encore.

Depuis des décennies, le nom de Sy Hoàng est lié à l’ao dài. Un créateur tellement fécond qu’il est entré, en 2007, dans le Livre de records nationaux.

Au fil du temps, il a donné naissance à nombre de collections qui ont impressionné tant les amateurs que les professionnels. À noter les collections Kim - Vân - Kiêu, Danse d’été, Quatre saisons, Vitalité du printemps, Ao dài de mariage, Ao dài parés de verroterie, Ao dài de gala, Gala blanc, Fleurs printanières, Parfum de jadis, Lavis, Couleurs du temps, Jeunesse… Sans oublier une collection pour les enfants dénommée Petit soleil.

Plus d’une fois, le styliste a créé les costumes de scène de troupes de théâtre de Hô Chi Minh-Ville.

La renommée de Sy Hoàng retentit loin des frontières nationales, lui qui a été invité à participer à des défilés de mode aux États-Unis et en Chine. Partout, il a forcé l’admiration des spectateurs pour ses ao dài fascinants. En 2006, sous le thème : «Ao dài, a modern coming-of-age», une collection de 17 modèles a été exposée trois mois au San Jose Museum of Quilts & Textiles.

«Au-delà de l’esthétique, l’ao dài véhicule la culture, l’histoire et les traditions du Vietnam. C’est sans doute l’unique costume capable de transcender le temps et l’espace», estime un expert étranger.

L’esprit créatif de Sy Hoàng ne s’arrête pas là. Il révèle : «J’aimerais qu’en plus de s’extasier devant l’ao dài, les femmes étrangères le portent. Pour cela, je crée des ao dài fantaisistes inspirés des traditions culturelles de certains pays ou régions, par exemple le kimono du Japon ou les robes d’Occident».


Une belle collection de prix

- Premier prix du concours de création d’ao dài au Festival de mode de Hô Chi Minh-Ville (1991)
- Premier prix au concours de création d’ao dài pour Miss Vietnam (1995)
- Prix de l’Association des beaux-arts du Vietnam (1998)
- Prix «Excellence in booth design awards» à la Foire-Expo internationale Magic Show de Las Vegas (2003)
- Divers prix lors de Festivals de mode aux États-Unis et en Chine (2006), et lors d’un défilé d’ao dài en l’honneur du Forum économique d’Asie-Pacifique (APEC), à Hanoi.
- Titre de recordman national pour la création d’ao dài (2007).

Nghia Dàn/CVN

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