Sur les côtes anglaises, les habitants confrontés à des arrivées croissantes de migrants

La tranquillité des plages de galets de Dungeness, cap du Sud-Est de l'Angleterre, est d'habitude rarement troublée en cette période. Mais lundi 6 septembre, Alan Purchase a vu par la fenêtre de son salon une dizaine de migrants s'enfuir après avoir traversé la Manche.

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Des migrants escortés par le secours en mer britannique débarquent d'un bateau à Dungeness, le 7 septembre, dans le Sud-Est de l'Angleterre.
Photo : AFP/VNA/CVN

"C'était un peu intimidant", avoue cet antiquaire retraité de 66 ans rencontré par l'AFP dans ce groupe de hameaux situé à une quarantaine de kilomètres du grand port marchand et passagers de Douvres. La France est à moins de 50 kilomètres de traversée.

Il raconte avoir immédiatement composé le 999, le numéro des services d'urgence après avoir vu le groupe se hâter de quitter la plage, abandonnant en chemin des affaires dans des jardins.

Ces migrants figurent parmi les plus de 750 personnes arrivées illégalement au Royaume-Uni lundi 6 septembre après une périlleuse traversée en mer où le trafic des bateaux est l'un des plus denses au monde, les courants forts et l'eau très froide.

En août, il y a eu jusqu'à 828 traversées en une seule journée, un record, selon Londres.

Après ces flux record ces derniers mois, une nouvelle vague est facilitée depuis quelques jours par le retour du beau temps, portant à plus de 14.000 le nombre des arrivées clandestines à bord de petites embarcations depuis le début de l'année, selon l'agence de presse britannique PA. Soit bien plus qu'en 2020 (plus de 8.000).

À Dungeness, siège d'une centrale nucléaire en fin de vie et dont les étendues de galets quasi-lunaires en ont fait un refuge pour les amoureux de la nature, la vue de policiers et douaniers scrutant l'horizon depuis la plage ou patrouillant le long de la côte est désormais devenue monnaie courante.

"Je n'avais jamais vu ça auparavant", indique Alan Purchase.

"Ça empire. J'ai vu ça plusieurs fois récemment : des bateaux sur la plage, des gens prenant la fuite", décrit Matt Briffit, ouvrier du bâtiment de 27 ans. "Je pense que le gouvernement devrait faire quelque chose mais ils ne font rien" pour empêcher les arrivées, juge-t-il, prônant la manière forte et le recours à l'armée.

Si les arrivées sur les plages près de Douvres sont récurrentes depuis quelques années, la nouveauté tient au nombre des arrivées et à la taille plus imposante des bateaux pneumatiques utilisés.

Dans une lettre adressée à son homologue britannique Priti Patel, le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin souligne ainsi que les passeurs utilisent des bateaux de plus grande capacité pouvant accueillir jusqu'à 65 personnes, plutôt que des embarcations de fortune qui en transportaient une quinzaine entre 2019 et 2020.

Le Premier ministre Boris Johnson a assuré mercredi 8 septembre, devant les députés, que son gouvernement mettait tout en oeuvre pour arrêter les traversées, ayant fait de la lutte contre l'immigration une priorité depuis le Brexit.

"Bonne poire"

Il a renvoyé la balle aux Français, auxquels Londres demande de longue date d'accentuer leurs efforts pour empêcher les traversées.

Des migrants sont escortés par le secours en mer britannique à Dungeness, le 7 septembre, dans le Sud-Est de l'Angleterre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Selon la presse britannique, son gouvernement veut désormais refouler les embarcations vers les eaux françaises et menace de ne pas verser des fonds promis à la France pour la surveillance du littoral.

À Dungeness, le sentiment d'un manque de bonne volonté du côté français est partagé. "Bien évidemment qu'ils n'aident pas - ils ont hâte de s'en débarrasser", assène un riverain sexagénaire en parlant des migrants.

Même s'il éprouve de la "sympathie" pour certaines personnes cherchant l'asile au Royaume-Uni, Alan Purchase, l'antiquaire retraité, estime que son pays est "une bonne poire" en matière d'immigration.

Il ajoute : "Avec le Brexit, on était censé avoir des frontières plus dures : c'est ce pour quoi la plupart des gens ont voté" lors du référendum de 2016 sur l'appartenance à l'Union européenne que le Royaume-Uni a fini par quitter début 2021.


AFP/VNA/CVN

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