Sur le pont d’Avignon, on y danse, on y danse

Lê Anh Thu est une vraie francophone. Après son diplôme à l’Université d’économie de Hô Chi Minh-Ville, elle a étudié en France et se prépare pour sa soutenance de thèse de doctorat en septembre prochain.

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Lê Anh Thu en plein cœur d’Avignon (France), à deux pas du célèbre pont.
Photo: LAT/CVN

"Sur le pont d’Avignon, on y danse, on y danse. Sur le pont d’Avignon, on y danse tous en rond". Vous connaissez très certainement cette célèbre chanson enfantine française. Depuis le 30 août 2008, la Vietnamienne Lê Anh Thu la fredonne tous les jours, considérant Avignon comme sa deuxième ville natale.

Née en 1986, Lê Anh Thu a fait des études en commerce extérieur à l’Université d’économie de Hô Chi Minh-Ville, après avoir obtenu son bac francophone en 2004 au lycée Nguyên Dinh Chiêu à My Tho, province de Tiên Giang (delta du Mékong). Au cours de ses études, elle a tout réussi avec brio.

Diplômée en 2008, Anh Thu a décroché une bourse du gouvernement français pour aller faire son master en commercialisation internationale des vins à l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, en France.

Premier départ

Son arrivée dans le Vaucluse, au Sud de la France, restera inoubliable pour cette jeune fille dynamique: "J’ai quitté ma famille, mes amis, mon pays, pour aller en France. C’était la première fois que je partais à l’étranger, que j’allais vivre seule dans un nouvel environnement". Rien ne lui fut épargné à l’époque: "J’ai rencontré beaucoup de difficultés dans la compréhension du français. J’ai emprunté les cahiers de mes amis et après chaque cours, je notais ce qui me manquait. Je devais travailler deux fois plus que les autres. Mais, mon français s’est amélioré peu à peu".

Grâce à l’aide du Service de coopération décentralisée du Conseil général de sa région d’adoption, elle fit la connaissance de Max Raspail et de Bernard Vieubled, directeurs de la cave-coopérative Vignerons du Mont Ventoux (VMV), à Bédoin, où elle fit quatre mois de  stage. Cette situation lui permit de réaliser son mémoire de stage et d’obtenir un beau 15/20 en soutenance. Elle se retrouvait ainsi titulaire de son master professionnel, son premier diplôme français tant attendu.

Mais, elle n’en oubliait pas pour autant son cher Vietnam. Elle se devait d’y retourner pour mettre en pratique tout ce qu’elle avait appris pendant cette année de spécialisation. Et quand on pense au vin au Vietnam, on passe à Dà Lat, province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre), haut lieu de recherches dans le domaine vitivinicole. Les premières vignes ont été plantées au Vietnam, dans les années 1880, et c’est Dà Lat qui devint la capitale du vin vietnamien.

Anh Thu est donc rentrée au Vietnam en 2010 et a passé trois ans dans cette ville pour avancer sur toutes ces questions. Parallèlement à son emploi, Anh Thu travailla à la Faculté de tourisme de l’université Van Lang à Hô Chi Minh-Ville, formant à son tour les étudiants au management du service de restauration et à la gestion d’événements. Sa passion pour le vin ne faisait alors que grandir. Il était temps de penser à son doctorat.

Nouveau départ

"J’ai décidé de financer mes études sans demander de bourse pour avoir mon indépendance. Grâce au soutien et à la confiance de mon directeur de thèse, Philippe Bachimon, j’ai pu m’inscrire à l’université d’Avignon pour l’année universitaire 2015-2016". C’est ainsi que depuis trois ans, sa vie est rythmée par la recherche, mais aussi par des sondages et des entretiens avec des personnes concernées par le thème (touristes, administration, agences de voyages, entreprises vitivinicoles).

Elle est revenue deux fois à Dà Lat pour pousser à fond ses enquêtes de terrain. Aujourd’hui, elle est complètement absorbée par la rédaction de sa thèse et ce jusqu’au jour de dépôt du manuscrit, en juin prochain.  Cette dernière portera évidemment sur la station climatique qu’est Dà Lat et tout ce qui tourne autour des problématiques d’évolution, de changement voire de transformation de cette célèbre ville.

Lê Anh Thu au colloque international de Tours en janvier.

On le sait, Dà Lat est souvent associée à de très nombreuses devises qui la caractérisent au fil du temps: "Cette saison, Dà Lat ressemble à l’Europe", "Un petit Paris au cœur du Vietnam", "Dà Lat, la ville aux milliers de fleurs"… Et si toutes ces devises étaient vraiment utiles pour le développement de la ville? Nul doute que ceci sera abordé dans sa thèse.

Mais Anh Thu pense aussi à travailler. Son domaine de prédilection, c’est le tourisme alors elle travaille souvent dans un restaurant français. Il faut dire qu’Avignon est la ville du tourisme par excellence. Ville du festival de théâtre, mais aussi de musique, c’est le terrain de jeu préféré d’Anh Thu: "De ma place, je peux observer les activités touristiques pour illustrer ma thèse, c’est intéressant et utile pour moi".

En juin, juillet, août, elle ne chômera donc pas entre la fin de la rédaction de sa thèse et son travail au restaurant. Fatiguée, elle aura le bonheur de retrouver sa famille d’accueil à Bédoin et le Mont Ventoux, qui est pour elle un espace magique et inoubliable.

Alors, on croise les doigts pour la réussite d’Anh Thu à son grand oral de septembre. De Tiên Giang, à Dà Lat en passant par Bédoin et Avignon, on est tous avec elle avant de fêter son résultat en buvant… mais avec modération.


Hervé Fayet/CVN

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