Union européenne
Succession de Juncker: impasse dans les négociations pour trouver le candidat idéal

Les délicates négociations engagées au sommet européen pour trouver une personnalité acceptable pour la présidence de la Commission semblaient dans l'impasse jeudi 20 juin, car aucun des prétendants en lice ne fait consensus.

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La chancelière autrichienne par intérim Brigitte Bierlein et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le 20 juin à Bruxelles.
Photo: AFP/VNA/CVN

Le président du Conseil Donald Tusk, mandaté pour trouver un accord entre les chefs d'États et le Parlement, a refroidi les maigres espoirs de parvenir à une solution au cours de cette réunion.

"Hier j'étais prudemment optimiste. Aujourd'hui je suis davantage prudent qu'optimiste", a-t-il dit dans un tweet, où on le voit dialoguer avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron.

M. Tusk a fait cette déclaration pessimiste après son entretien avec les deux dirigeants, a-t-on souligné dans son entourage.

Le sommet s'est ouvert avec un développement majeur: les chefs des groupes Socialiste et centriste Renew Europe au Parlement européen ont annoncé jeudi matin 20 juin au prétendant du PPE, l'Allemand Manfred Weber, qu'ils ne soutiendraient pas sa candidature en cas de vote, signifiant la fin de ses espoirs de présider la Commission européenne, ont indiqué le président du groupe des Verts Philippe Lamberts et des représentants du groupe PPE.

Le président du Conseil Donald Tusk (droite) avec le vice-président du groupe des Verts au Parlement européen, Philippe Lamberts (gauche), et la députée européenne allemande Ska Keller, le 19 juin à Bruxelles.
Photo: AFP/VNA/CVN

M. Macron, opposé à la nomination de Manfred Weber, s'est dit satisfait de ce lâchage. Mais Mme Merkel a refusé de le donner pour acquis. Elle a reaffirmé son soutien au système des "Spitzenkandidaten" désignés par chaque famille politique pour prétendre à la présidence de la Commission européenne et laissé entendre qu'aucune décision ne serait prise sur les nominations au cours du sommet.

Le PPE a décidé de maintenir la candidature de Manfred Weber, ont expliqué ses dirigeants. "Manfred Weber n'est pas mort, j'ai déjeuné avec lui", a lancé, caustique, le président du Parlement, l'Italien Antonio Tajani, membre du PPE.

Les deux autres prétendants sont le Néerlandais Frans Timmermans pour les Socialistes et la Danoise Margrethe Vestager pour les Libéraux-centristes de Renew Europe.

L'élu, qui succèdera le 1er novembre au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, devra obtenir le soutien de 21 des 28 dirigeants européens et rallier une majorité d'au moins 376 voix au Parlement.

Un coup de Paris et Madrid 

"La personne capable de réunir cette double majorité n'est pas encore connue", a confié un diplomate européen.

Un accord se dessine pour la répartition des quatre postes de pouvoir. Le PPE, premier groupe au Parlement, revendique la présidence de la Commission européenne, et cette exigence n'est pas contestée mais il faudra un autre candidat que Manfred Weber, ont indiqué trois responsables.

Les Libéraux veulent la présidence du Conseil européen et les Socialistes obtiendraient le poste de chef de la diplomatie européenne et se partageraient les cinq années du mandat de présidence du Parlement avec les Verts, à raison de deux ans et demi chacun.

Restent à trouver les noms pour chacune des fonctions. Le Premier ministre libéral du Luxembourg Xavier Bettel a déclaré ne pas être candidat. Le Belge Charles Michel, cité pour la présidence du Conseil, n'a pas fait de déclarations.

L'accord devra respecter des exigences de parité et d'équilibre géographiques. Donald Tusk s'est engagé à faire nommer deux femmes.

Gauche à droite: le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre portugais Antonio Costa, le 20 juin à Bruxelles.
Photo: AFP/VNA/CVN

Plusieurs autres sujets difficiles ont été inscrits à l'ordre du jour de ce sommet. Des discussions animées sont notamment attendues sur l'objectif de neutralité carbone - un équilibre entre les émissions et les absorptions de gaz à effet de serre par les sols et les forêts - à l'horizon 2050.

Dans un projet de conclusions vu par l'AFP, cette date, réclamée par les défenseurs de l'environnement comme gage de bonne volonté politique après la forte progression du vote Verts aux européennes, apparaît, mais sous la forme d'une requête et non d'un engagement. Les dirigeants demandent aux ministres et à la Commission de travailler sur "les conditions, les incitations et le cadre à mettre en place, afin de déterminer comment assurer une transition d'ici 2050" vers cette "neutralité climatique".

L'Allemagne, qui a mis un peu de temps à se déclarer publiquement, a finalement rejoint le clan de ceux qui soutiennent 2050. "Je peux expressément soutenir cet objectif pour l'Allemagne", a déclaré la chancelière Angela Merkel.

Mais le sommet court à l'échec si les dirigeants européens s'écharpent pendant leurs discussion sur les nominations lors du dîner. Les prises de positions de la chancelière et des autres dirigeants du PPE montraient une irritation contre le mauvais coup porté contre leur prétendant.

"La prise de position des chefs des groupes Libéraux et Socialiste a été prise à Paris et à Madrid", accusaient jeudi 20 juin les représentants de la famille PPE.

En cas d'échec sur les noms jeudi 20 juin, un sommet extraordinaire est envisagé le 1er juillet, à la veille de la session inaugurale du nouveau Parlement au cours de laquelle il doit élire son président.

"Il faut trouver rapidement un accord car nous devons avoir une Commission européenne opérationnelle pour gérer le Brexit, surtout si Boris Johnson devient Premier ministre du Royaume-Uni", a insisté un diplomate de haut rang.

Les discussions pourraient se poursuivre en marge du sommet du G20 à Osaka vendredi 21 et samedi 22 juin, où six dirigeants européens seront présents, a estimé un responsable européen.

AFP/VNA/CVN

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