Sous pression des nationalistes, la Suède se cherche un gouvernement

Une période d'incertitude s'ouvre en Suède après les législatives de dimanche 9 septembre qui ont confirmé l'ancrage de l'extrême droite et accouché d'une équation à trois inconnues: qui a gagné? qui va gouverner? avec qui?

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Jimmie Akesson, des Démocrates de Suède, s'exprime devant ses partisans à Stockholm le 9 septembre.

D'ordinaire, devient Premier ministre le dirigeant du parti qui a rassemblé le plus de suffrages, ou celui jugé le mieux à même de former un gouvernement. Mais le paysage politique de plus en plus fragmenté de la Suède complique tous les calculs.

Aucun des deux grands blocs dominants de l'échiquier politique n'a obtenu la majorité face à une extrême droite qui progresse encore, quoique moins qu'elle n'espérait.

Si les partis traditionnels veulent contenter l'opinion, "il leur faudra beaucoup d'imagination", prédisait dimanche 9 septembre le journal Svenska Dagbladet.

"Quel que soit le résultat de la confrontation dramatique entre les blocs, la Suède aura du mal à se trouver un gouvernement qui puisse bien fonctionner", s'inquiétait lundi 10 septembre le quotidien de référence Dagens Nyheter.

Le bloc "rouge-vert" sortant jouit de la plus petite avance possible sur l'opposition du centre et de droite: un seul siège. Et il reste à dépouiller le vote des Suédois de l'étranger, souvent favorable à la droite. Ce sera fait mercredi 12 septembre.

Les sociaux-démocrates ont perdu 2,8 points par rapport à 2014, et réalisé leur plus mauvais score depuis plus d'un siècle.

"Nous sommes le premier parti de Suède", s'est néanmoins félicité Stefan Löfven dimanche soir (9 septembre), avant de prendre publiquement acte de l'impasse dans laquelle il se trouve, et de tendre la main à l'opposition.

La gauche avec qui?

Comme un seul homme, les dirigeants de l'opposition lui ont au même moment exprimé une fin de non-recevoir.

"Ce gouvernement a fait son temps. Il doit démissionner", a lancé Ulf Kristersson à ses partisans.

La gauche compte rempiler pour un nouveau mandat de quatre ans, mais avec qui?

Stefan Löfven peut tenter de refaire le coup de 2014: former un gouvernement minoritaire avec les écologistes et le soutien au parlement du Parti de gauche (ex-communistes), puisque le camp d'en face est encore plus minoritaire.

Tout dépendra du rapport de force final.

Droite en position délicate

Malgré des divergences, les partis de l'Alliance, au pouvoir entre 2006 et 2014, sont d'accord pour gouverner ensemble.

La partie ne s'annonce pas facile: ils auront forcément besoin de voix de l'extrême droite. Les Démocrates de Suède (SD, anti-immigration) demanderaient alors à insérer leurs propositions dans la plateforme gouvernementale, ou des présidences de commissions parlementaires.

Si M. Kristersson prenait le pouvoir, sa position serait délicate. "Son gouvernement serait dépendant des Démocrates de Suède et ce ne serait pas gratuit. Les Démocrates de Suède présenteraient leurs exigences", analyse pour l'AFP Lisa Pelling du centre d'études Arena Ide.

M. Kristersson privilégie plutôt des compromis avec les sociaux-démocrates, comme ce fut le cas ces quatre dernières années avec la signature de 26 accords, sur l'immigration, l'énergie et le climat notamment.

Au cas où la défaite du centre-droit se confirmerait, cette continuité semble la moins mauvaise des solutions pour lui, estime David Ahlin, directeur du département opinion de l'institut Ipsos.

Mais "la situation est extrêmement incertaine. Seulement 30.000 voix séparent les deux blocs et mercredi (12 septembre) seront comptées les 200.000 votes des Suédois de l'étranger", rappelle-t-il. "Le plus probable est que l'Alliance reste constituée en coalition et essaie d'obtenir un soutien de l'autre côté de la ligne des blocs".

Fort de son score (17,6%, en hausse de près de cinq points), le président des Démocrates de Suède Jimmie Åkesson a de son côté lancé dimanche soir 9 septembre un nouvel ultimatum à la droite: "Kristersson, avec qui veux-tu négocier, Stefan Löfven ou Jimmie Åkesson?"

"Nous sommes prêts à prendre nos responsabilités", a-t-il assuré.

AFP/VNA/CVN

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