Soudan : appels à manifester dimanche 21 novembre, 40 morts depuis le putsch du 25 octobre

Des opposants au putsch au Soudan ont de nouveau manifesté samedi 20 novembre pour réclamer le retour du pouvoir civil et appelé à de nouvelles protestations dimanche 21 novembre, malgré la répression qui a fait au moins 40 morts depuis le 25 octobre, selon des médecins.

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Des Soudanais prennent part le 20 novembre à Khartoum à une procession funéraire d'un manifestant tué.

Les États-Unis et l'Union africaine ont appelé à éviter le recours "excessif" à la force. L'ambassadrice de Norvège, membre de la Troïka à la manœuvre sur le dossier soudanais avec les États-Unis et la Grande-Bretagne, a dénoncé elle une répression "intolérable".

En menant un coup d'État le 25 octobre, le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée, a rebattu les cartes d'une transition chancelante au Soudan. Il a fait arrêter la quasi-totalité des civils au sein du pouvoir, mis un point final à l'union sacrée formée par civils et militaires et décrété l'état d'urgence.

Depuis, des protestations contre l'armée appelant au retour du pouvoir civil ont eu lieu principalement à Khartoum et ont souvent été réprimées.

Samedi 20 novembre, des centaines de manifestants ont défilé à Khartoum-Nord, une banlieue de la capitale, érigé des barricades dans les rues et mis le feu à des pneus, selon un correspondant de l'AFP. "Non au pouvoir militaire", scandaient-ils. D'autres sont sortis dans les rues dans l'est et le sud de la capitale, selon des témoins.

Commissariat incendié

Un commissariat a été incendié dans le secteur. Les protestataires et les forces de l'ordre se sont accusés mutuellement d'être derrière l'incident.

Des militants prodémocratie ont appelé sur les réseaux sociaux à manifester en masse dimanche contre le coup d'État avec le hashtag "La marche du million le 21 novembre".

L'Association des professionnels soudanais (APS), l'un des fers de lance de la révolte populaire de 2019 qui poussa l'armée à écarter le général Omar el-Béchir après 30 ans de règne, a elle appelé les Soudanais à maintenir la pression pour un retour du pouvoir civil.

Et ce malgré l'intervention musclée des forces de l'ordre contre les manifestants.

Mercredi 17 novembre a été la journée la plus meurtrière depuis le coup d'État avec la mort de 16 personnes, la plupart à Khartoum-Nord, une banlieue reliée à la capitale par un pont sur le Nil, selon un syndicat de médecins prodémocratie.

L'une des 16 personnes a succombé samedi 20 novembre à ses blessures. "Un adolescent de 16 ans touché par balle à la tête et à la jambe le 17 novembre est tombé en martyr", a déclaré ce syndicat dans un communiqué.

Son décès porte à 40 le nombre de personnes, parmi lesquelles des adolescents, tuées lors des manifestations depuis le 25 octobre. La grande majorité sont des manifestants.

La police assure qu'elle n'a jamais ouvert le feu contre les protestataires. Elle ne recense qu'un seul mort et 30 blessés parmi eux du fait, selon elle, du gaz lacrymogène, contre 89 policiers blessés.

Samedi 20 novembre, les autorités ont indiqué dans un communiqué qu'une enquête serait lancée sur les manifestants tués.

L'ambassadrice de Norvège au Soudan, Therese Loken Gheziel, s'exprimant lors d'une interview à l'AFP, le 16 novembre.

À Omdurman, la ville jumelle de Khartoum, des manifestants ont dénoncé la répression, scandant : "À bas le pouvoir militaire".

Après l'aggravation des violences, le secrétaire d'État américain Antony Blinken s'est dit jeudi 19 novembre "profondément préoccupé" par la répression et a exhorté l'armée à autoriser les manifestations pacifiques, répétant la nécessité de "rétablir la transition dirigée par les civils".

Journalistes arrêtés

L'Union africaine, qui a suspendu le Soudan, a également condamné "dans les termes les plus forts" la répression de mercredi 17 novembre et appelé à "la transition démocratique", selon un communiqué samedi 20 novembre.

De son côté, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a exigé la libération de reporters arrêtés alors qu'ils couvraient les protestations, y compris Ali Farsab, qui selon l'organisation, a été battu et touché par balle mercredi 17 novembre.

Face aux appels au retour du pouvoir civil, le général Burhane reste inflexible. Il s'est renommé à la tête de la plus haute institution de la transition, le Conseil de souveraineté, et a reconduit tous ses membres militaires ou pro-armée et nommé des civils apolitiques.

Les militaires en revanche tardent à nommer un nouveau gouvernement qu'ils promettaient depuis des semaines après la mise à l'écart du Premier ministre Abdallah Hamdok, placé en résidence surveillée.

Pour l'ambassadrice de Norvège, Therese Loken Gheziel, le monde nourrissait "de grands espoirs" au Soudan, qui ont été douchés par le coup d'État.

AFP/VNA/CVN

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