Ryad tempère l'espoir d'une solution rapide de la crise du Golfe

L'Arabie saoudite a annoncé samedi 9 septembre que le Qatar était prêt au dialogue pour résoudre la dispute qui l'oppose depuis trois mois à quatre pays arabes, avant aussitôt de tempérer l'espoir d'une solution rapide de la crise en exigeant une confirmation de Doha de sa volonté de négocier.

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L'émir koweïtien cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, lors d'une conférence de presse conjointe avec le président américain Donald Trump, le 7 septembre à la Maison Blanche, à Washington.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a appelé au téléphone le prince héritier saoudien, Mohamed ben Salmane, pour exprimer son "désir de s'asseoir à la table du dialogue" et résoudre la crise, a rapporté, dans un premier temps, l'agence saoudienne SPA. Il s'agissait du premier contact officiel à ce niveau entre les deux pays depuis le début de cette crise sans précédent dans le Golfe.

Le prince saoudien a "bien accueilli le désir de l'émir du Qatar", a ajouté l'agence, précisant que "l'annonce des modalités de ce dialogue sera faite après accord" entre l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l'Égypte, les quatre pays qui ont rompu début juin avec le Qatar.

Peu après, un porte-parole officiel saoudien indiquait pourtant la décision de Ryad de "suspend(re) tout dialogue et tout contact avec le Qatar" en attendant qu'il clarifie ses positions.

Ce porte-parole, cité par l'agence SPA, a protesté contre la manière dont Doha aurait rendu compte de l'appel téléphonique de l'émir du Qatar avec le prince héritier saoudien, l'accusant d'avoir "distordu le contenu de la conversation".

Crise de confiance

Dans ce compte-rendu, l'agence QNA du Qatar a indiqué que l'appel avait été passé à la demande du président américain Donald Trump, qui a proposé vendredi 8 septembre sa médiation dans la crise. Ryad affirme par contre qu'il a eu lieu à l'initiative de l'émir du Qatar.

La QNA ne confirme pas non plus le désir de dialogue de l'émir en écrivant vaguement que "les deux parties sont tombées d'accord sur la nécessité de régler la crise, en s'asseyant à la table des négociations, pour préserver l'unité du Conseil de coopération du Golfe (CCG)". Ce conseil réunit l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Qatar, Koweït et Oman.

L'émir koweïtien cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah (gauche) et le président américain Donald Trump, le 7 septembre dans le Bureau Oval de la Maison Blanche, à Washington
Photo : AFP/VNA/CVN

L'agence QNA indique aussi que l'émir du Qatar a accepté une proposition du prince saoudien de charger deux personnalités de chaque pays d'"examiner les points en litige, sans atteinte à la souveraineté des États". Or, Ryad a affirmé que les modalités du dialogue restent à déterminer.

"Ceci prouve que les autorités du Qatar ne sont pas sérieuses dans leur désir de dialogue", a déclaré le porte-parole saoudien, avant d'indiquer que son pays "suspend tout dialogue et tout contact avec le Qatar jusqu'à ce qu'il clarifie sa position".

Selon ce porte-parole, "l'inconsistance de la politique du Qatar n'aide pas à renforcer la confiance nécessaire" au règlement de la crise.

Sanctions et conditions

L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l'Égypte avaient rompu le 5 juin leurs relations avec Doha. Ces pays reprochent au Qatar de soutenir des groupes extrémistes et de s'être trop rapproché de Téhéran, grand rival de Ryad, chef de file des monarchies arabes du Golfe.

Ils ont aussi imposé au riche petit émirat gazier des sanctions sans précédent, notamment un blocage des voies d'accès maritimes, aériennes et terrestres. Le Qatar a nié soutenir des groupes extrémistes et accusé ces pays d'empiéter sur sa souveraineté.

Les pays hostiles au Qatar exigent, avant tout dialogue, la satisfaction par Doha de 13 demandes, dont la fermeture de la télévision Al-Jazeera, accusée d'incitation contre les régimes de ces pays, la fermeture d'une base turque au Qatar et la réduction des relations entre Doha et Téhéran.

Le Qatar, qui voit dans ces demandes une atteinte à sa souveraineté, pose lui comme condition au dialogue la levée des sanctions économiques qui lui ont été imposées.

En dépit de la persistance de la crise de confiance entre Ryad et Doha, la prise de contact est en elle même "significative", estime l'analyste Kristian Ulrichsen, du Rice University's Baker Institute for Public Policy.

"Je suis persuadé que cette percée potentielle est liée à la rencontre de l'émir de Koweït (cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah) avec le président Trump et à l'accord apparent sur le fait que la crise a duré suffisamment longtemps et qu'il faut la résoudre", a-t-il ajouté.

Cheikh Sabah, qui joue le rôle de médiateur, a été reçu vendredi 8 septebmre par le président Trump à la Maison Blanche.

AFP/VNA/CVN

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