Ryad promet une enquête "rapide et transparente" après la meurtrière bousculade de La Mecque

Les autorités saoudiennes ont promis une enquête "rapide et transparente" après la bousculade qui a fait plus de 700 morts jeudi 24 septembre à Mina près de La Mecque lors d’un rituel du hajj, le grand pèlerinage dans le premier lieu saint de l’islam.

>>Pèlerinage à La Mecque : 150 morts et 400 blessés dans une bousculade

Il s’agit de la tragédie la plus meurtrière à endeuiller le hajj depuis 25 ans en Arabie saoudite où deux millions de pèlerins sont rassemblés cette année.

La bousculade, qui a coïncidé avec l’Aïd al-Adha, la fête musulmane du sacrifice, s’est produite lors du rituel de la lapidation de Satan qui consiste, pour les pèlerins, à jeter des cailloux vers trois stèles le représentant. Un choc entre une marée humaine quittant l’une des stèles et une foule venant en sens inverse a provoqué le drame, selon un responsable du ministère de la Santé.

Les services de secours saoudiens transportent un blessé de la bousculade meurtrière à Mina, près de La Mecque, le 24 septembre, en Arabie saoudite.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le roi Salmane, qui a reçu en soirée les responsables du hajj, a dit attendre "au plus tôt" les résultats de l’enquête, ajoutant avoir ordonné "une révision des plans" d’organisation du pèlerinage pour que les fidèles "accomplissent leurs rituels en toute sécurité".

Alors que la majorité des pèlerins sont des étrangers, l’Iran chiite, grand rival de l’Arabie saoudite sunnite, a dénoncé des failles dans la sécurité.

Faisant état d’un bilan de 90 morts parmi ses ressortissants, le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a imputé aux autorités saoudiennes la responsabilité de la bousculade, dénonçant une "mauvaise gestion" de Ryad.

Le ministre saoudien de la Santé, Khaled al-Faleh, a promis une enquête "rapide et transparente" sur l’accident qu’il a attribué à un manque de discipline des pèlerins.

Plus prudent, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, le général Mansour Turki, a ensuite recommandé de "ne pas devancer les conclusions de l’enquête", indiquant que "la grande chaleur et l’état de fatigue des pèlerins ont contribué au nombre important des victimes". Il a indiqué par ailleurs que l’identification des morts et des blessés avait commencé et que les nationalités des victimes seraient annoncées ultérieurement.

Pèlerins "déshydratés"

À l’étranger, la Maison Blanche, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, l’Allemagne, la France, le président du Conseil européen Donald Tusk et la Turquie ont fait part de leur tristesse et présenté leurs condoléances.

Le pape François a exprimé sa solidarité avec les musulmans, au début d’une prière du soir à la cathédrale Saint Patrick à New York, où il venait d’arriver pour la deuxième étape de son voyage aux États-Unis.

Selon le dernier bilan fourni par la défense civile, 717 personnes ont péri et 863 ont été blessées dans la bousculade.

Le grand mufti de Turquie, Mehmet Görmez, a indiqué que 18 pèlerins turcs étaient portés disparus. L’Algérie a fait état de trois morts parmi ses ressortissants. Oman a fait état d’un disparu.

Quatre hôpitaux ont été réquisitionnés, ainsi que 220 ambulances et des hélicoptères.

Au Mina Emergency Hospital, dans un chaos indescriptible, les pèlerins étaient transportés les uns après les autres sur des brancards, tandis que des agents tentaient d’éloigner les badauds.

Certains pèlerins discutaient de la bousculade qui a donné lieu à des scènes terribles. Des images vidéo ont montré de nombreux corps inertes jonchant le sol ainsi que des affaires personnelles éparpillées, des chaussures et des parapluies, dont les pèlerins se servent pour se protéger du soleil.

Plus tôt dans la journée, des journalistes ont assisté à des scènes de malaise. Une femme, notamment, s’est presque évanouie en montant des escaliers, alors que deux amies lui aspergeaient le visage et appelaient à l’aide.

Selon un pèlerin soudanais à Mina il s’agissait du hajj le moins bien organisé sur les quatre auxquels il a participé. "Les gens étaient déjà déshydratés et s’évanouissaient. Les pèlerins trébuchaient les uns sur les autres".

Second accident en 13 jours

Des critiques sont lancées régulièrement concernant la sécurité des pèlerins.

Irfan al-Alawi, co-fondateur de l’Islamic Heritage Research Foundation, basée à La Mecque, affirme que le problème réside dans le contrôle des foules. "Ils ont essayé d’améliorer les installations, mais la priorité pour la santé et la sécurité passe toujours après", sit-il.

L’Arabie saoudite a réalisé ces dernières années d’importants travaux d’infrastructure pour faciliter les mouvements des fidèles.

Et cette année, le royaume a mobilisé 100.000 policiers. Tout au long du hajj, le flot des pèlerins a été canalisé par les cordons des forces de sécurité et de volontaires distribuant eau et nourriture.

Ce drame est le deuxième à endeuiller des pèlerins musulmans cette année, après celui du 11 septembre durant lequel 109 personnes ont péri dans l’effondrement d’une énorme grue sur la Grande Mosquée à La Mecque.

Sur les sept accidents majeurs ayant frappé le hajj depuis 1990, six ont eu lieu lors du rituel de lapidation.

La pire tragédie avait eu lieu en juillet 1990 : une gigantesque bousculade s’était produite dans un tunnel de Mina, vraisemblablement à la suite d’une panne du système de ventilation. 1.426 pèlerins étaient morts asphyxiés.

La hajj, l’un des cinq piliers de l’islam, a débuté mardi 22 septembre et rassemble cette année environ deux millions de pèlerins selon des statistiques saoudiennes.

AFP/VNA/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top