Retour sur la majoration du taux de change

La troisième décision de la Banque d’État du Vietnam sur la majoration du taux de change entre le dông et le dollar, et ce, peu de temps après celles de mai et du début de l’année, fait couler beaucoup d’encre. Les experts ont aussi leur avis sur cette politique.

>>Double décision de la BEV en matière de politique du change

>>Il faut veiller à la stabilité du dông vietnamien

Une baisse de 10% sur deux à trois ans serait à envisager
L’économiste Nguyên Tri Hiêu

Depuis le début de cette année, la Banque d’État du Vietnam (BEV) a majoré le taux de change à trois reprises, avec 1% pour chaque augmentation et la plage de variation de 2%. Je pense que ces majorations de taux sont raisonnables et sont positives pour calmer le marché des devises. Ce relèvement du taux permet de soutenir les exportations vietnamiennes et de réduire les importations, et donc d’améliorer la balance du commerce, excepté sur un plan, celui de la dette publique à l’étranger qui, avant cette majoration, était déjà considérée comme élevée, et risque de l’être encore plus puisqu’elle est libellée en dollar.

À mon avis, le taux de change restera d’ici la fin de l’année une problématique pour la BEV. Cette dernière doit continuer de suivre de très près les évolutions du marché et envisager de nouvelles interventions sur la parité du dông avec le dollar en cas de fortes fluctuations sur le marché mondial. Depuis longtemps, le pays prône une politique de maintien d’une monnaie nationale forte. La Chine, qui pratiquait aussi cette politique, a tendance à faire flotter son yuan en fonction du marché. Chez nous, même si la situation a changé, on n’ose pas y penser de peur des incidences possibles sur l'économie nationale. Mais je pense que nous devons toutefois examiner la possibilité d’une dévaluation de 10%, bien sûr, non pas brutalement en une fois, mais sur deux ou trois ans.

Peu d’incidence sur l’investissement étranger en Bourse
Huynh Anh Tuân, directeur général de la société de bourse SJC

Je pense que la majoration du taux de change et l’augmentation de l’amplitude de variation de ce dernier par la BEV ne sont pas si importantes que ceux qui ont été pratiqués par le Japon et l’Union européenne. Concernant les répercussions, cette dévaluation du dông aura une incidence pour les entreprises qui ont souscrit des prêts à l’étranger. Leurs taux d’intérêt du dollar oscillent ordinairement autour des 5%, mais avec la baisse du dông, ils pourraient atteindre 8-10%, ce qui diminuera directement les résultats des entreprises, et donc le cours de leurs titres. Les variations actuelles du taux de change auront une influence sur la psychologie des investisseurs et, par voie de conséquence et à court terme, sur le marché boursier. Sur le long terme, si le taux de change se stabilise, la bourse connaîtra une croissance plus durable.

Les entreprises sont fortement déconseillées d’acheter des dollars
Pham Hông Hai, directeur général de la banque HSBC Vietnam

La BEV a fixé une amplitude de variation du taux de change suffisamment large pour permettre un équilibre de l’offre et de la demande sur le marché des devises. Cela montre que la banque centrale est de plus en plus active devant les fluctuations imprévues du marché, ce qui, au passage, lui permet de ne pas être obligé de diminuer les réserves nationales en vendant des devises pour alimenter le marché, mesure dont la répétition fragiliserait à terme l’économie nationale.

S’agissant des entreprises, mon conseil est de tenir bon psychologiquement et de veiller à leur gestion du risque change, plutôt que de se reposer uniquement sur la banque centrale. Ces fluctuations domestiques montrent que les changements imprévus du marché mondial ont des répercussions sur le marché vietnamien. À l’avenir, il est probable que la Chine continuera de réduire le taux d’intérêt du yuan, et que la FED le relèvera de son côté, entraînant alors une dévaluation de la monnaie chinoise. Si cela se produit, le marché vietnamien en subira encore les conséquences, ce qui obligera la BEV à décider d’ajustements souples. Je conseille donc aux entreprises de revoir leurs politiques de gestion du risque du change dès que le marché reviendra à la stabilité, afin de ne pas subir de plein fouet les fluctuations imprévisibles du marché.


Des décisions prises en un court laps de temps

La BEV a décidé le 19 août de relever son taux de change de 1% et de porter la plage de variation de ce dernier à +/-3%, contre +/-2% auparavant. Cette décision donner plus de possibilités d’initiative tout en constituant un aménagement souple de l’application du taux de change suivant les fluctuations du marché international.
Depuis le 19 août, le taux du marché interbancaire est passé de 21.673 dôngs à 21.890 dôngs, soit une hausse de 1%, et son amplitude de variation est de +/-3% depuis le 13 août. Le taux de change interbancaire est le référent des banques en matière de transactions sur devises entre elles, ce qui donne, en l’occurrence, une amplitude maximale de 21.233 à 22.547 dôngs pour un dollar.
C’est la troisième fois que la banque centrale augmente ce taux de change interbancaire et, selon l’estimation de certains experts, avec cette amplitude supérieure, le taux VND-USD peut augmenter de 3%, soit davantage que les 2% ciblés au début de cette année par la BEV. La Standard Chartered estime que cette décision d’août est bienvenue, même si celle-ci l’a surprise compte tenu de ce que la 2e majoration ne datait que de mai dernier. Elle l’attendait en effet en fin d’année.


Linh Thao/CVN

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