Ressusciter les estampes populaires de Kim Hoàng

Le Têt traditionnel des Vietnamiens est normalement la période pendant laquelle on se retrouve en famille. Les étrangers établis au Vietnam en profitent pour vivre leurs propres expériences. La jeune Française Sarah Vallée, pour sa part, décide de visiter le village de Kim Hoàng, en banlieue de Hanoï.

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Une belle occasion pour Sarah Vallée de rencontrer les instigateurs d’un projet qui tente de faire renaître un métier traditionnel, et d’en savoir un peu plus sur la culture vietnamienne en général.

Les estampes populaires de Kim Hoàng ont connu leur apogée aux XVIIIe et XIXe siècles.

Kim Hoàng est un des villages de la commune de Vân Canh, à l’est du district de Hoài Duc, à environ 15 km du centre-ville de Hanoï. C’est le berceau des estampes sur papier rouge, une des imageries populaires du delta du fleuve Rouge autrefois réputée.

Les estampes de Kim Hoàng ont connu leur apogée aux XVIIIe et XIXe siècles. En 1915, une grande inondation a détruit la digue Liên Mac qui protégeait le village éponyme, emportant la plupart de ses planches. Entre 1945 et 2015, aucune estampe ne fut fabriquée. Seuls quelques exemplaires étaient conservés au Musée des beaux-arts du Vietnam, et d’autres dans les archives françaises.

Une des imageries populaires
réputées du Nord

Les estampes de Kim Hoàng s’appelaient auparavant estampes rouges car elles étaient imprimées sur du papier qui a donc la particularité d’être rouge. Grâce à la planche en bois, l’artisan apposait des images noires sur ce papier. Après ça, il y ajoutait des couleurs et des traits supplémentaires.

Comme toujours, ces images sont inspirées de la vie quotidienne des habitants du delta du fleuve Rouge. Le buffle, le bœuf, le cochon, le coq, les spectacles du village, du Têt y occupent une part prépondérante.

Outre les images, on trouve sur les estampes de Kim Hoàng des vers en idéogrammes chinois écrits dans le coin supérieur gauche. Le dessin est là pour illustrer le message délivré par le poème. Ce qui est du plus bel effet.

"Les estampes de Kim Hoàng se distinguent de leurs deux consœurs de Dông Hô et de Hàng Trông par la couleur de fond, blanche ou blanc nacré pour ces dernières", a fait savoir Dào Dinh Trung, l’artisan de ce village.

Le projet "Faire revivre les estampes populaires de Kim Hoàng" est une initiative de Nguyên Thi Thu Hoà, collectionneuse et directrice du Musée de céramique et de porcelaine de Hanoï, et de ses collègues. Lancé en 2015, il bénéficie du soutien inconditionnel des habitants de la commune de Vân Canh. Ce n’est pas pour rien que le Centre de restauration des estampes populaires a été installé dans la Maison commune de Vân Canh.

Le Centre de restauration des estampes populaires a été installé dans la Maison commune de Vân Canh.

"Jusqu’à maintenant, 30 modèles d’estampes de Kim Hoàng ont été restaurés. La plus chose importante pour moi, c’est que la population fasse revivre ces images. Par exemple, l’an dernier, je les ai vendues au Temple de la Littérature. Les visiteurs se sont rués sur les estampes du Coq, dont c’était l’Année. L’offre ne satisfaisait pas du tout la demande", a affirmé Nguyên Thi Thu Hoà, avant d’ajouter : "Chaque année, du 24e jour du 12e mois lunaire au 4e jour du 1er mois lunaire, je m’efforce d’installer un stand d’estampes populaires pour le Têt au Temple de la Littérature, à côté de la rue des calligraphes, pour que les visiteurs les voient et les achètent. Outre l’image folklorique de Kim Hoàng, le stand en présente d’autres comme les estampes de Dông Hô, du village de Sinh ou de Hàng Trông".

Une expérience inoubliable
pour une jeune Française

À partir d’une seule planche, les artisans de Kim Hoàng peuvent produire de nombreuses images en y ajoutant des couleurs et des traits supplémentaires. Sur chaque image, transparaît une émotion de l’artisan, une autre singularité de ces estampes.

"C’est la première fois que je vois les estampes populaires, et la première fois que je vois les artisans en faire à la main devant moi. Et c’est vrai que quand on voit les estampes, dans les magasins ou affichées, on oublie parfois que ce sont des gens qui, derrière, perpétuent cet art avec dévotion", a partagé Sarah Vallée, une jeune visiteuse française.

À Kim Hoàng, la jeune Française Sarah Vallée est invitée à réaliser ses propres estampes, sous les conseils avisés d’un artisan.

Au village de Kim Hoàng, Sarah Vallée peut observer le travail minutieux de l’artisan. Elle est aussi invitée à réaliser ses propres estampes, sous les conseils avisés d’un artisan. Une expérience inoubliable pour cette jeune femme.

"C’est super intéressant de voir les artisans qui essaient de perpétuer cet art traditionnel qui est assez perdu. Après, à faire soi-même, c’est assez difficile. Ça a l’air super simple lorsqu’ils le font, parce qu’ils ont un coup de poignet très fluide… Mais en réalité, il faut être très rigoureux parce qu’il y a un sens à respecter - de haut en bas, de gauche vers la droite. J’ai essayé de faire du mieux que je pouvais !", a estimé Sarah Vallée.

Auparavant, les estampes populaires de Kim Hoàng étaient un produit culturel particulier de Xu Doài, l’ancien nom de la région de Son Tây, à l’ouest de Hanoï, dont le rayonnement s’étendait à tout le delta du fleuve Rouge. Les habitants s’en procuraient notamment à l’occasion du Têt traditionnel pour décorer leur maison en espérant que la chance et la sérénité soient avec eux pour la nouvelle année. Grâce aux efforts de ces passionnés, nul doute que les estampes populaires de Kim Hoàng regagneront rapidement le cœur des gens.

Texte et photos : Quê Anh/CVN

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