Canada
Réélu mais affaibli, Justin Trudeau entame un troisième mandat

Réélu une nouvelle fois sans majorité, le Premier ministre Justin Trudeau va pouvoir former un gouvernement mais sera contraint de composer avec les petits partis dont déprendra sa survie politique, tout ce qu'il voulait éviter.

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Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime à Montréal, le 21 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les résultats, quasiment complets publiés mardi après-midi 21 septembre, placent les libéraux de Justin Trudeau dans une position quasi-identique à celle d'avant la dissolution du Parlement. Ils ont obtenu 158 des 338 sièges de la Chambre des communes - donc seulement trois sièges de plus qu'avant.

Total statu quo pour le parti conservateur avec 119 députés élus. À cela s'ajoutent 34 sièges pour le Bloc québécois (indépendantiste), 25 pour le Nouveau Parti démocratique (NPD, gauche), et deux seulement pour le Parti vert, dont la cheffe n'a pas réussi à se faire élire.

Justin Trudeau va donc devoir composer avec un gouvernement minoritaire. Mais avant d'entrer dans le vif des consultations, il s'est offert mardi matin 21 septembre un bain de foule dans une station de métro de sa circonscription de Montréal.

"C'est moi qui vous remercie", a-t-il lancé à de nombreuses reprises aux Montréalais venus à sa rencontre. En jean, basket, chemise bleue et masque noir sur le visage, il a multiplié les selfies entre deux escalators glissant quelques mots en français aux uns, en anglais aux autres.

"Je suis très contente de la façon dont il a géré le COVID" et "contente de savoir que c'est lui qui va nous sortir de là", s'enthousiasme Giugetta Iovino qui a fait un détour pour apercevoir M. Trudeau.

"Avenir radieux"

Certains préfèrent lui rappeler qu'il est attendu au tournant : "Je compte sur vous pour agir pour l'environnement !", l'interpelle une jeune femme.

Lundi soir 20 septembre, dans son discours de victoire, Justin Trudeau a promis d'offrir un "avenir radieux" aux Canadiens une fois le pays sorti de la pandémie. "Je vous entends quand vous dites que vous voulez juste revenir aux choses que vous aimez, ne pas vous soucier de cette pandémie ou d'une élection".

Mardi 21 septembre, Justin Trudeau s'est entretenu avec le président américain Joe Biden qui l'a félicité, selon un communiqué de la Maison Blanche.

Composition du nouveau Parlement canadien après les élections législatives anticipées du lundi 20 septembre, chambre sortante.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les deux dirigeants ont évoqué "la profonde amitié" entre les deux pays et discuté de leur volonté "de renforcer la compétitivité" de leurs économies et de "coordonner leur réponse à la pandémie de COVID-19".

Ailleurs dans le monde, le Premier ministre britannique Boris Johnson a lui félicité M. Trudeau et évoqué la grande amitié entre les deux nations.

"Nous partageons les mêmes valeurs et vision d'un multilatéralisme essentiel face aux enjeux globaux", a réagi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

"Échec"

Après des débuts plutôt favorables et des sondages encourageants, Justin Trudeau a connu une campagne électorale particulièrement compliquée, qui a failli tourner au désaveu personnel. L'usure du pouvoir s'est fait sentir et la "Trudeaumanie" de 2015 semblait bien loin...

"Les Canadiens n'ont pas donné à M. Trudeau le mandat majoritaire qu'il voulait", a souligné lundi soir 20 septembre le chef des conservateurs Erin O'Toole après sa défaite.

En déclenchant ces élections anticipées à la mi-août, Justin Trudeau espérait en effet que son bilan de la pandémie (le pays a l'un des taux de vaccination les plus élevés au monde) l'aiderait à retrouver à la Chambre des communes la majorité qu'il avait perdue lors des élections de 2019.

"Pour Justin Trudeau, c'est clairement un échec. On se retrouve avec la même photo avec un angle légèrement différent", commente auprès de l'AFP, André Lamoureux, professeur à l'université du Québec à Montréal.

Et selon lui rien ne va changer étant donné que les libéraux "n'ont pas besoin d'un gouvernement de coalition, car comme depuis deux ans ils pourront négocier à chaque projet" principalement avec le NPD qui a permis au gouvernement de passer toutes les réformes ces derniers mois.

Geneviève Tellier de l'université d'Ottawa estime même que "le parti libéral est dans une position plus favorable, car les conservateurs n'ont pas réussi à gagner de nouvelles circonscriptions".

Mais toute la question est de savoir quel sera "l'avenir politique de Justin Trudeau à plus long terme", estime auprès de l'AFP, Elliot Tepper, professeur à l'université de Carleton à Ottawa. "Il a échoué à regagner la majorité et aussi le vote populaire", souligne-t-il.

En nombre de voix, le parti conservateur est en effet devant les libéraux avec respectivement 34% des votes contre 32%.

Après ces résultats, ajoute Geneviève Tellier, il est clair qu'"au sein du parti, il y a des Premiers ministres en devenir qui vont commencer à piaffer".


AFP/VNA/CVN

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