Redorer le blason des maisons de retraite

La société change, mais les besoins des personnes âgées restent les mêmes. Envoyer ses parents en maison de retraite entre donc peu à peu dans les mœurs, malgré le poids des traditions.

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Une personne âgée soignée au Centre de soins des personnes  âgées en situation difficile de Thi Nghè à Hô Chi Minh-Ville.

Les sociologues sont formels. Placer ses parents dans une maison de retraite afin qu’ils profitent de soins de qualité ne doit en aucun cas être considéré comme un refus de responsabilité de la part des enfants. La mauvaise image de ces établissements n’a pas raison d’être.

Mme Lan, enseignante retraitée (2e arrondissement, Hô Chi Minh-Ville), vit depuis plus de deux ans dans une maison de retraite de Cu Chi. Elle a voulu y emménager dès qu’elle a appris son existence. En effet, ses proches travaillaient dur, tout en s’occupant d’elle. «Les soins sont bons. De plus, j’ai pu rencontrer des gens de mon âge et me faire des amis. Je suis satisfaite et heureuse», confie-t-elle.

Modèle familial en mutation

«Ma mère est décédée il y a longtemps. Nous nous occupions de notre père le mieux possible, mais nous n’avions que peu de temps pour lui tenir compagnie en raison de nos horaires de travail. Cela l’attristait, raconte pour sa part Mme Tam, habitant dans l’arrondissement de Phu Nhuân. C’est pourquoi, malgré nos engagements et nos promesses, il a décidé d’entrer dans une maison de retraite. J’étais morte d’inquiétude. Pourtant, tout s’est bien déroulé. Son état de santé est stable et son moral bon. Les maisons de retraite sont un environnement adapté pour nos personnes âgées». Sa famille lui rend visite tous les week-ends et lors des jours fériés. Il retourne aussi chez lui, avec l’aide de ses proches.

Aujourd’hui, la plupart des établissements pour personnes âgées sont financés par l’État.
Photo : An Hiêu/VNA/CVN

Spécialiste de l’Institut de recherche et de développement de Hô Chi Minh-Ville, Trinh Thi Hiên rappelle que dans la culture traditionnelle asiatique, et donc vietnamienne, les personnes âgées sont toujours respectées par les jeunes. Ils doivent s’occuper de leurs parents et de leurs grands-parents à tous les niveaux, matériel et spirituel.

Cependant, le processus d’urbanisation et de modernisation ébranle ce système familial. En ville, on constate que beaucoup de personnes âgées souffrent d’isolement temporaire ou total. Leurs proches font de leur mieux, mais peinent à remplir toutes leurs obligations familiales. Leur carrière professionnelle étant chronophage.

À l’heure actuelle, la société prend en charge la plupart des fonctions de base de la famille traditionnelle : éducation et soins notamment, offrant des services professionnalisés qui ont fait leurs preuves. Dans le cas des personnes âgées, les maisons de retraite sont un environnement favorable aux activités sociales et offrent des soins médicaux de qualité.

Miser sur le secteur privé

Cependant, le Vietnam n’en compte pas suffisamment, notamment celles qui répondent aux attentes de la population.

Or, selon les statistiques du Département général de la démographie et de la planifi-cation familiale (ministère de la Santé), le nombre de personnes de plus de 60 ans représente 10% de la population, soit 9 millions de personnes. D’ici à 2029, il s’élèvera à 17%, soit 16,5 millions de personnes âgées.

Aujourd’hui, la plupart des établissements pour personnes âgées sont financés par l’État. Chaque province en possède de un à  trois. À Hô Chi Minh-Ville, on en compte deux : Thi Nghè (arrondissement de Binh Thanh) et Thanh Lôc (district de Hoc Môn). Les personnes qui y sont admises sont celles qui souffrent de solitude, n’ont pas de famille ou ont donné de leur personne pour le pays. C’est insuffisant.

En outre, une enquête sur «La qualité de vie des personnes âgées dans les maisons de retraite privées», réalisée en 2014, a montré des résultats satisfaisants pour ce type de maison. Au total, 84,8% des résidants sont satisfaits des soins qu’ils y reçoivent et 79,5% sont heureux car ils se sentent soutenus par les aides-soignants, les infirmières et les médecins.

La construction de maisons de retraite privées doit donc être encouragée.

Quang Châu/CVN

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