COVID-19
Quel impact sur le tourisme en Europe ?

Dix pour cent du PIB de l'Union européenne, 27 millions d'emplois : le tourisme est un des secteurs clés de l'économie du continent. Déjà durement touchés par la crise du coronavirus, les professionnels redoutent un été historiquement mauvais, même s'ils tentent de s'adapter.

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Photo aérienne du Lion de Venise, qui surplombe une ville exceptionnellement vidée de ses touristes en raison du confinement, le 25 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Y aura-t-il des vacances d'été ?

En France, première destination touristique mondiale, le président Emmanuel Macron a averti mardi 5 mai qu'il était "trop tôt pour dire si on pourra avoir des vacances" cet été. Le commissaire européen chargé du Marché intérieur, Thierry Breton, a averti que "certaines zones seront ouvertes aux touristes et d'autres non", en fonction de la situation sanitaire. Jeudi 7 mai, l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) a estimé que le nombre de touristes internationaux pourrait reculer de 60 à 80% sur l'année 2020.

De manière générale, citoyens et autorités semblent s'accorder sur des vacances "locales". "Cela va être, dans un premier temps, le temps de l'ultra-proximité", a affirmé fin avril le secrétaire d'État français, Jean-Baptiste Lemoyne. Plusieurs études d'opinion estiment qu'une large majorité de Français pensent rester dans leur pays pour les vacances d'été.

Au Royaume-Uni, important pourvoyeur de touristes en Europe, "les réservations pour cet été ont baissé de manière très significative", explique un porte-parole de l'ABTA, association britannique de professionnels du voyage. Qui veut malgré tout croire que, "lorsque le confinement sera levé, l'envie de voyager pour voir les proches et pour prendre des vacances bien méritées sera renouvelée".

Comment les métiers du tourisme vont faire face ?

Terrasse fermée à Collioure, dans les Pyrénées-Orientales le 29 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Certains hauts lieux du tourisme préparent leur réouverture. L'Acropole d'Athènes, ainsi que tous les sites archéologiques de Grèce, pourront accueillir du public à partir du 18 mai, a annoncé jeudi le pays. Mais, avertit l'ABTA "il faudra que les conditions sanitaires idoines soient en place", notamment pour permettre la distanciation sociale. Cela vaut pour le secteur aérien, également très touché par la fermeture des frontières.

Dans les régions très touristiques, les mêmes questions se posent : comment rassurer les touristes et, incidemment, sauver une saison estivale qui s'annonce historiquement mauvaise ? En Espagne, la ville de Gandia (Sud-Est) prévoit de recruter des surveillants, voire d'interdire la plage aux enfants à certaines heures pour faire respecter la distanciation sociale. Les terrasses de restaurant seront agrandies et les menus consultables sur smartphone, au lieu de passer de main en main. La chaîne RoomMate Hotels, prévoit des paillassons imprégnés de javel pour désinfecter semelles et roulettes de valises à l'arrivée des clients, soumis à un test de température et équipés en masque, gel et gants.

En Italie, le ministre de la Culture, Dario Franceschini, s'est lamenté dans la presse : "de quel tourisme s'agit-il si, par exemple, on ne peut être que quelques-uns à manger au restaurant ou dans une pizzeria ?"

L'ensemble des acteurs est unanime à réclamer des lignes directrices claires et cohérentes. Les institutions européennes travaillent sur des "règles finalisées et harmonisées au niveau européen" pour l'accueil des touristes, a assuré mardi 5 mai Thierry Breton. Réponses attendues "dans les jours qui viennent".

Quel impact économique ?

Post-doctorant à l'ESTHUA d'Angers (Études Supérieures de Tourisme et d'Hôtellerie de l'Université d'Angers), Johan Vincent a travaillé sur la façon dont les crises économiques modifient le secteur du tourisme. "Le tourisme est toujours reparti, parce que les acteurs économiques se sont adaptés aux crises auxquelles ils ont été confrontés", explique-t-il. Toutefois, "un gros effort d'adaptation va être nécessaire".

Un effort qui nécessitera des investissements, alors que le secteur est à l'arrêt depuis plusieurs mois. En Espagne, deuxième destination touristique mondiale, le nombre de visiteurs étrangers a chuté de 64,3% en mars par rapport à un an plus tôt. Et à l'échelle planétaire, l'OMT a estimé que le secteur avait déjà perdu 80 milliards d'USD (74 milliards d'euros) sur les trois premiers mois de l'année. Impact total estimé de la pandémie : plus de 1.000 milliards d'USD !

L'Europe négocie actuellement un fonds de relance au montant "gigantesque", selon Thierry Breton qui a évoqué pour sa part une fourchette de "1.000 à 2.000 milliards d'euros".


AFP/VNA/CVN

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