Quand les Co Tu font la paix

Pour résoudre leurs différends, ils se jumellent. Et après que deux villages ont scellé un jumelage, leurs habitants seront à jamais frères et sœurs... Cette pratique, originale autant que pacifique, est à mettre à l’actif des Co Tu de Tây Giang, un district montagneux de la province centrale de Quang Nam.

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Les fêtes traditionnelles des Co Tu sont préservées sérieusement.
Photo : Quôc Dung/VNA/CVN

La tradition veut que les jeunes gens et les jeunes filles d’un même village se marient. Du coup, si un garçon d’un village donné veut épouser une fille d’un autre village, ces deux villages se retrouvent plongés dans une situation digne des Capulet et des Montaigu. Les disputes territoriales entre deux villages et les querelles entre individus constituent d’autres sources de désunion que les patriarches Co Tu se doivent d’éliminer. La tradition leur offre un recours, le jumelage, comme nous l’indique Ploong Plenh, l’un de ces sages.

"Le conseil des patriarches de chaque village, élu par les villageois, est chargé de régler les différends avec les villages voisins, qui ont aussi chacun leur conseil des patriarches", explique-t-il.

Les deux conseils se mettent d’accord pour sceller un jumelage entre leurs villages. La cérémonie a obligatoirement lieu le matin, dans la forêt. Un autel est alors érigé en l’honneur des divinités de la nature.

"Lors de la cérémonie, l’un des deux villages se comporte en tant que mari et l’autre, en tant que femme. Le mari apporte un boeuf ou un buffle, des jarres et du riz. La femme apporte des poissons et fait la cuisine. Après le repas scellant le jumelage, les villageois des deux côtés dansent et chantent aux sons des gongs", nous raconte Ploong Plenh.

Aux sons des gongs, donc, le chaman prie les divinités de veiller sur la concorde des deux villages désormais jumelés. Il se tourne vers l’est et accueille les rayons du soleil, symbole de lucidité, qu’il transmet par la suite aux autres personnes présentes. Ses prières tues, les villageois des deux côtés discutent en chantant.

"C’est le chant de la raison car en chantant, nous argumentons pour défendre nos positions respectives sur la préservation des traditions, des limites territoriales du village et des biens précieux du village… Toute la nuit durant, dans la maison sur pilotis, les deux villages échangent ainsi leurs points de vue et finissent toujours par s’entendre", nous dit Ploong Plenh.

Et si une entente ne peut pas être trouvée dès cette première nuit, d’autres discussions suivront. Une fois tous leurs désaccords réglés, les habitants des deux villages iront à la forêt ensemble, les jeunes gens et les jeunes filles étant libres de choisir l’élu de leur cœur sans avoir à jouer les amants de Vérone.

VOV/VNA/CVN

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