Quand la musique traditionnelle adoucit les mœurs

En ces temps difficiles où le pays entier est sur le pied de guerre pour maîtriser la pandémie, la musique traditionnelle met du baume au cœur et fait l’éloge de la solidarité. De nombreuses œuvres sur ce thème ont vu le jour.

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"Tiêu diêt corona" (Anéantir le corona) du groupe de Xâm Hà Thành.
Photo : My Anh/CVN

La musique traditionnelle prend activement part à la lutte contre l’épidémie. Ces derniers temps, une série d’œuvres de musique folklorique a ainsi été créée.

On peut citer l’air de chèo (théâtre populaire) Chiêc khâu trang nghia tình (Masque d’amour) de Hoàng Thi Du ; celui de xâm (chant des aveugles) intitulé Tiêu diêt corona (Anéantir le corona) du groupe Xâm Hà Thành ; Viêt Nam kêt đoàn chông dich Covid (Le Vietnam s’unit pour lutter contre le COVID), créé sur la base des chants populaires et giam, de Nguyên Trong Tâm ; ou l’œuvre de then (chant et danse folkloriques chez les ethnies minoritaires Tày, Nùng et Thái) Loi then chông dich (Le then contre l’épidémie) de Mai Van Lang, entre autres.

Compositeur de pièces théâtrales populaires, Lê Thê Song est un grand passionné de musique traditionnelle du pays. Il a produit une vingtaine d’œuvre de chèo et de cai luong (théâtre rénové), le tout inspiré d’images inoubliables de la lutte difficile contre le COVID-19. C’est en voyant les médecins s’acharner pour protéger la santé des habitants qu’il a écrit la chanson Bac Ninh - Bac Giang, niêm tin chiên thang (Bac Ninh - Bac Giang, la foi en la victoire) en alternant des mélodies de quan ho (chants alternés) et de cai luong. Lorsque l’épidémie s’est aggravée à Hô Chi Minh-Ville, il a lancé l’œuvre de cai luong Chan dich kiên cuong thành phô yêu thuong (Juguler fermement l’épidémie dans la ville chérie), celle de chèo Gui anh nguoi lính biên phòng (À toi, le garde-frontière), ou encore Hay đoi em vê (Attend mon retour)…

Ces chansons de musique traditionnelle, une fois diffusées sur les plates-formes numériques, ont gagné en notoriété publique. Certaines ont même reçu plusieurs millions de vues et plusieurs milliers de partages, confirmant ainsi une forte envie en spiritualité et en art concernant les questions majeures du pays.

Le then contre l’épidémie

Inscrit en 2019 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, le then est une pratique rituelle essentielle de la vie spirituelle des ethnies Tày, Nùng et Thái au Vietnam, reflétant des concepts relatifs aux êtres humains, à la nature et à l’univers. Il s’agit d’un art ancestral on ne peut plus caractéristique de la culture traditionnelle de ces trois groupes ethniques.

Une représentation de "hát then".
Photo : VNA/CVN

Nguyên Thi Phuong, une Tày à Dak Lak (hauts plateaux du Centre) a ainsi eu l’heureuse idée de faire du then, dont elle est une fervente adepte, un outil de sensibilisation à la lutte contre l’épidémie. Un folklore ancestral au service de la santé publique, pourquoi pas ? Son tính, une sorte de luth, en mains, l’artiste chante des airs envoûtants qui, d’une part, encouragent les personnes en première ligne dans la lutte contre l’épidémie et, d’autre part, rappellent à ses concitoyens qu’ils doivent respecter les consignes sanitaires pour se protéger et protéger leur entourage…

Il a suffi à Mme Phuong de mettre en ligne ses créations, les diffusant sur les réseaux sociaux, pour toucher un public de plus en plus nombreux et, surtout, de plus en plus admiratif…

Nguyên Trung Hai, qui est lui aussi un Tày, ne tarit pas d’éloges à son égard : "Les œuvres de Phuong sont vraiment formidables, vont droit au cœur de tous les Tày dignes de ce nom. Sa voix est magnifique et ses paroles sont très belles… On ne peut que la suivre dans sa volonté et son combat".

Cette adhésion du public fait bien évidemment plaisir à Nguyên Thi Phuong, sans pour autant la détourner de la mission qu’elle s’est fixée… "Je suis très engagée dans la lutte contre l’épidémie au sein de la commune, et en ce moment, nous sommes vraiment sur le pont !", confie-t-elle.

Mme Phuong est effectivement une femme engagée. Non contente d’être à la tête du Comité villageois chargé des activités du Front de la Patrie, elle est également présidente de l’Union des femmes de son hameau.

Passionnée de then et de tính, elle fait partie du groupe folklorique de sa commune. Elle a souvent l’occasion de se produire en public et à force d’écumer les concours qui sont organisés au niveau du district ou même de la province, elle a glané de nombreuses récompenses. Mais pour l’heure, elle s’occupe de l’accueil des personnes qui ont dû quitter le Sud où l’épidémie fait rage et qui se retrouvent dans une situation des plus précaires.

Pour Hô Thi Thanh Hai, présidente de l’antenne du Front de la Patrie de la commune de Cu Mgar, district homonyme, province de Dak Lak, cet engagement est aussi précieux qu’exemplaire. "Mme Phuong est particulièrement active au sein de la commune. Tout le monde lui fait confiance, ici. Le fait qu’elle a su mettre son art au service de la lutte contre l’épidémie montre bien à quel point son sens de l’initiative est en éveil", estime-t-elle.

Tous les vrais stratèges vous le diront : rien n’est plus important que d’entretenir le moral des troupes. C’est exactement ce à quoi s’emploie Nguyên Thi Phuong. Pour elle, c’est déjà… la victoire en musique !

My Anh - VOV/VNA/CVN

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