Propos sur la tuberculose

Notre médecine traditionnelle classe la tuberculose parmi la liste des Tu chung nan y (Les quatre maladies incurables). Les trois autres sont la folie, l’hydropisie et la lèpre.

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La lutte contre la tuberculose au Vietnam rencontre des difficultés en raison notamment d’une pénurie de médicaments.

Deux cas de tuberculose me reviennent souvent à la mémoire. Le premier me laisse un souvenir plutôt triste. C’était au début des années 1940, vers la fin de la colonisation française, j’étais professeur d’enseignement libre à Huê, la cité impériale. Le métier n’était pas de tout repos. Il fallait parler et parfois crier une trentaine d’heures par semaine pour gagner sa subsistance.

L’enseignant, c’est le métier de «ban chao phôi» (vendre la soupe de ses poumons), un dicton populaire des Vietnamiens de l’époque pour désigner la pénibilité de ce métier quand on doit parler beaucoup. De là, un certain nombre d’enseignants contractaient la tuberculose pulmonaire, tel mon collègue Thuân qui donnait des cours de mathématiques. Je l’entendais souvent en classe tousser à faire pitié, des quintes qui semblaient lui arracher ses alvéoles pulmonaires. Il mourut à plus de 30 ans.

Un traitement curatif personnel efficace

Mon deuxième souvenir est plutôt réconfortant, celui d’un ami qui, à force d’énergie et de sagesse, avait jugulé la tuberculose pour vivre jusqu’à l’âge de 84 ans. Le Docteur Nguyên Khac Viên, Grand Prix de la Francophonie de l’Académie française, fut abandonné par les médecins de Paris qui lui donnèrent six mois à vivre après lui avoir enlevé un poumon et demi. Il a étudié diverses méthodes d’entraînement psychologiques asiatiques, les a combinées avec la science occidentale pour mettre au point un traitement curatif personnel efficace.

La tuberculose existait il y a très longtemps, en Occident et en Orient. Mais son identification remonte seulement au XIXe siècle. C’est une maladie infectieuse, contagieuse commune à l’homme et à certains animaux. Elle est marquée par la présence dans les lésions et leurs exsudats (pus, crachats) des bacilles de Koch, des inflammations causant la formation de lésions dites «tubercules», une tendance à la localisation (pulmonaire osseuse intestinale…) ou à la généralisation rapide.

Actuellement 12e des 22 pays qui comptent le plus de tuberculeux au monde, le Vietnam a redoublé d’effort contre cette maladie.
Photo : Duong Ngoc/VNA/CVN

Au sujet de la tuberculose, les Professeurs C. Chastel et A. Cenac font savoir : «Le dépistage et le traitement médical des malades (de la phase tertiaire) est la base de la stratégie de lutte contre la diffusion de la tuberculose. Les traitements médicamentaux sont très efficaces et correctement appliqués permettent de guérir l’immense majorité des malades. Mais des résistances bactériennes à ces médicaments (isoniazide, rifampicine) sont possibles, souvent dues à des arrêts thérapeutiques intempestifs au cours d’un traitement qui doit être prolongé plusieurs mois.

L’indentification de la tuberculose est récente. La démonstration de l’unicité des différentes atteintes viscérales n’a été possible qu’au terme de nombreuses découvertes, pratiquement traitées, concentrées au XIXe siècle : descriptions cliniques précises, mises en évidence de lésions anatomiques spécifiques (tuberculose, caséum cavernes, follicules caséeux), caractère inoculable à l’animal (Villemin), enfin mise en évidence du bacille de Koch (1882).
Mais la lutte anti-tuberculose ne s’organise vraiment que durant la première moitié du XXe siècle avec l’apparition des dispensaires, des sanatoriums, le développement de la radiologie et d’une médecine spécialisée, enfin d’un vaccin (BCG) en 1924. L’essor des traitements curatifs est contemporain : progrès décisif avec la découverte et la diffusion des médicaments anti-tuberculeux après la fin de la Deuxième Guerre mondiale : streptomycine rifampicine»
. (Histoire de la médecine - Éllipses).

La tuberculose vaincue dans certains pays

Dans les années 1960, la tuberculose est vaincue dans les pays industrialisés, victoire due aussi à une croissance économique extraordinaire. Mais la maladie réapparaît environ trois décennies plus tard en Europe. Les Docteurs Chastel et Cénac qui ont une longue expérience de la médecine tropicale et travaillé au Vietnam et dans d’autre pays du monde soulignaient : «La tuberculose reste un problème majeur de santé dans les pays en voie de développement».

Selon le Professeur Dinh Ngoc Sy, président de l’Association de tuberculose et de maladies pulmonaires du Vietnam, dans notre pays, la tuberculose enlève la vie à deux malades chaque heure, ce qui fait une moyenne de 50 morts par jour. Chaque année, 18.000 Vietnamiens meurent de la tuberculose. Dinh Ngoc Sy montre les difficultés auxquelles la lutte anti-tuberculose doit faire face : le dépistage du mal à temps, le traitement et la résistance du malade aux médicaments.

Le Vietnam est classé 12e parmi les 22 pays ayant un chiffe élevé de tuberculeux et 14e parmi les 27 pays ayant le plus grand nombre de tuberculeux résistant aux médicaments. Après de longs et patients efforts déployés depuis la fin d’une guerre de 30 ans, nous avons réussi à mettre au point un réseau de lutte anti-tuberculeuse, thérapeutique et prophylactique, qui fonctionne efficacement, de l’échelon central aux localités de tout le pays. Dans cette campagne, nous avons bénéficié de généreuses aides étrangères, techniques et financières. Notre programme national de lutte anti-tuberculeuse prévaut l’éradication de la maladie en 2030 (pourcentage de malades : 20/100.000 habitants).

Un véritable défi. En dehors de problèmes techniques, il faut compter avec de nombreuses autres difficultés : investissements financiers de l’État, formation de cadres médicaux, réduction de la pauvreté, conscience prophylactique des citoyens surtout dans les régions reculées, contributions étrangères. Mais nous avons bon espoir.


Huu Ngoc/CVN

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