Propos sur la maison traditionnelle des Viêt

Le modèle typique de la maison traditionnelle s’estformé à travers les siècles dans le Nord du Vietnam, essentiellement dans le delta du fleuve Rouge, berceau de la nation au premier millénaire avant J.-C.

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Ce modèle s’est modifié et donne des variants au cours de l’extension territoriale vers le sud après une période de domination chinoise de mille ans. Ces variants sont le fruit de l’acculturation des Viêt avec d’autres peuples, dans le Centre avec les Cham, dans le Sud avec les Khmers et les Chinois émigrés.

 

Un modèle de la maison typique dans le Nord.

Voici comment un étranger, l’écrivain français J. Boissière, a décrit la maison traditionnelle vietnamienne dans la deuxième moitié du XIXe siècle :

«La maison est d’une très simple architecture, que le propriétaire soit pauvre ou aisé, qu’ont ait employé les briques ou le torchis pour les murs et les cloisons. Elle est entourée d’un jardin. La charpente est de bois ou de bambou. Une étroite varangue s’étend sur les quatre faces. La pièce principale se trouve au milieu de la maison ; sur les côtés sont de petites chambres à coucher, guère plus longues et plus larges que le lit de camp qui y est place. Pas de plancher, simplement la terre battue, le sol des cases étant surélevé de 0,25 m à 0,4 m au-dessus du sol du jardin.

En arrière de la maison, on rencontre une petite cour, couverte d’une treille de bambou où grimpent des haricots et des renoncules : dans la cour, un bassin pour recueillir l’eau de pluie ; disposés çà et là, dans les coins, sur la margelle du basin, des pots de faïence blanche et bleue où sont plantés des arbres nains, où s’épanouissent des tournesols et des églantines.

Autour de la maison croissent des plants de bétel, des aréquiers, et souvent aussi quelques pieds de tabac, des plantes potagères, des légumes et des salades.

L’ameublement n’est ni très riche, ni très compliqué ; dans les chambres à coucher on ne trouvera qu’un lit de camp, couvert d’une natte, avec la moustiquaire de coton ; dans la grande chambre, d’autres lits de camp ; des coffres de bois, renfermant les vêtements de la famille, sont dissimulés dans les coins sombres de ces cases sans fenêtres.

Au fond de la pièce, en face de la porte, entre deux colonnes de la charpente, s’élève l’autel des ancêtres : sur une étroite planche, à deux mètres du sol, on a dressé d’étroites tablettes, laquées rouge ou noir, portent en caractères dorés le nom des chers défunts ; et, devant ces tablettes, des chandeliers de cuivre ou d’étain, des brûle-parfums où se consument des bâtonnets odoriférants, des lingots et des monnaies en papier doré et argenté. Aux colonnes de charpente, aux cloisons, sont collées de longues bandes de papier, où des calligraphes peignirent de sages sentences, maximes morales, souhaits de longévité, de fortune et de sagesse, toujours placés, comme un permanent exemple, sous les yeux des habitants de la maison».

Une simple architecture

Comme le modèle classique s’est constitué dans la campagne du Nord, il baigne dans l’espace rural. La campagne est tellement travaillée par l’homme qu’il ne reste plus de traces de nature intacte. La nature s’intègre à un espace culturel caractérisé. Quand on entre dans les maison de village, îlot dans l’océan de plantations, on passé par quatre franges marquées par l’homme : les rizières, la lisière de bambous entourant le village, l’intérieur, les maisons des habitants.

Autour de la maison croissent des plants de bétel, des aréquiers.

D’une manière générale, l’espace rural s’attache aux surfaces planes préférant les lignes horizontales. De là, les toits larges et bas qui évoquent la sérénité, ils semblent arriérés plus par la terre que le ciel. Nos pagodes et nos temples s’étalent en largeur, ne recherchant pas la verticale des églises gothiques. Nos divinités étant proches de l’homme, nos constructions religieuses ne respirent pas le mystique supraterrestre. Il y a aussi des raisons pratiques qui font que les maisons de l’habitant s’élèvent en hauteur : la chaleur torride et les typhons destructeurs favorisent les toits larges et les maisons basses. D’ailleurs, le pouvoir royal et les croyances populaires ne toléraient pas la construction de maisons trop hautes.

Les règles à observer

L’aire d’habitation obéit à certaines règles : enceinte de bambous à épines, de cactus ou de plantes taillées, entrée de devant (công tiên). La porte d’entrée principale pratiquée dans la haie d’enceinte doit éviter l’axe principal de la maison sauf dans le cas d’un édifice religieux pour éviter d’affronter directement les effluves néfastes. Les allées menant à la maison principale sont bordées de plantes de fleurs. Il y a parfois derrière un pagodon pour le culte de génie du Sol, ou dans la cour de devant une colonne portant un récipient pour brûler l’encens à l’intention de ce génie (cây huong).

Selon l’adage «Chuôi sau cau truoc» (Bananiers derrière, aréquiers devant), on plante de préférence les aréquiers devant et les bananiers derrière la maison car les aréquiers n’arrêtent pas les rayons de soleil, n’ayant pas de feuilles larges conne les bananiers qui, d’autres part, occupent trop de place. Seules les familles aisées plantent des jaquiers, sans doute parce qu’ils donnent des fruits très tard.

Répétons que la maison typique comprend trois travées (ba gian) et deux appentis (hai trai). Les travées ne sont pas des chambres fermées, elles sont séparées par des colonnes de bois ou de bambou, ce sont des compartiments qu’on pourrait baptiser entrecolonnements. La travée centrale, la plus large, est réservée à l’autel des ancêtres qui est précédé parfois d’un lit de camp. Le chef de famille reçoit les visiteurs sur ce lit en bois (ou devant ce lit, dans un espace de la véranda où se trouvent une table et deux canapés).

Les deux travées adjacentes ont des lits de camps pour les enfants et les visiteurs. Ces deux appentis latéraux (travées à droite et à gauche) sont des cambres pour le chef de famille et sa femme et aussi des dépôts pour mettre les provisions et des ustensiles d’usage quotidien. Le plancher en terre battue n’est jamais dallé même chez les riches pour permettre l’échange harmonieux entre les principes mâle (yang) et femelle (yin) de l’univers. Aucune ouverture n’est pratiquée dans les murs latéraux et de derrière afin de prévenir les vols, ce qui rend l’intérieur assez obscur mais lui maintient plus de fraîcheur face au soleil tropical. La cuisine ne se trouve pas dans le bâtiment principal comme dans la maison paysanne chinoise.

 

Huu Ngoc/CVN

(À suivre)

 

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