Propos sur la maison traditionnelle des Viêt

Les Vietnamiens ont leurs propres règles pour construire leur maison, assez éloignées de celles des Européens. Il y a aussi des différences entre maisons paysanne et citadine. Partons à leur découverte !

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La maison a une armature qui le soutient. L’unité architecturale est la ferme, assemblage d’élément de charpente disposé verticalement pour servir de support à une ouverture. La maison est ainsi un assemblage de bois, aucun clou ou autre pièce métallique, fait de colonnes supportant une poutre faîtière qui, avec son système de solives, supporte à son tour le poids du toit en tuiles ou en paille. L’ensemble tient solidement grâce à un engrenage de mortaises et de tenons. La charpente est indépendante des murs.

 

Maison paysanne.

Les Européens construisent leur maison à l’inverse des Vietnamiens : ils commencent par les fondations. Les Vietnamiens commencent par poser les fermes de la toiture sur leurs colonnes d’appui reposant sur le soubassement (nên). Le toit et la massive charpente constituent la partie essentielle de la maison.

La construction de la demeure des vivant (nhà o) et des morts (mô ma) était un acte quasi-mystique. Celle des vivants pouvait préparer un avenir heureux ou malheureux pour les membres de la famille. Celle des morts pouvait en faire de même pour les descendants, leur donner richesse, honneur, longévité, nombreuse progéniture.

La construction exige des rites spécifiques

La construction, loin d’être un acte simplement matériel, exige en même temps des rites spécifiques. Ils faut choisir l’espace favorable (configuration, terrain, surtout orientation), un temps propice (le jour, l’heure), des dimensions convenable, Pour tout cela, il fallait recourir à la compétence magique du géomancien (thây dia ly) qui appliquait certains rites. Par exemple, au moment de la pose du thuong luong (poutre faîtière), opération inaugurale, on y écrivait la date et y fixait une bande d’étoffe rouge (le rouge éloignait le génie du Feu, l’incendie) et une feuille de la plante thiên tuê = dix mille ans, le cycas) symbolisant la pérennité.

Pour une maison de briques, on dressait deux pans de mur pour y fixer la poutre faîtière, Un festin était offert à cette occasion aux charpentiers qui recevaient une gratification.

Pour l’orientation de la maison, un adage populaire recom-mande : «Lây vo dàn bà, làm nhà huong nam» (Quand on se marie, on prend une femme ; quand on construit un maison, c’est au sud qu’il faut l’orienter). Le sud représente le principe mâle (yang). Sans doute pour bénéficier des vents frais apportés par la mousson d’été venant de l’océan.

Le géomancien, avec sa boussole, déterminait le site et l’orientation de la maison. Mais c’est à l’astrologue (thây phù thuy) de protéger la nouvelle habitation contre tous les malheurs possibles : ce dernier fabriquait une maquette en papier de la future maison sur laquelle il fixait cinq roseaux munis chacun d’un mannequin en paille représentant les cinq diables destructeurs (ngu quy). Le tout était brûlé après le sacrifice.

Dans certaines maisons villageoises comme dans les maisons en ville, il y a des bassins d’eau d’où s’élève une montagne en miniature décorée d’arbres nains et de figurines.

Au cours du XIXe siècle, les cases en torchis à la campagne ont progressivement disparu, remplacées par des maisons en briques ou en préfabriqués.

Maison paysanne et maison citadine

Maison citadine.

Le vietnamologue Louis Bezacier remarque : «Il existe une différence notable entre la maison du paysan et celui de citadin. Tandis que l’une comprend un ensemble de bâtiments édifiés au pourtour d’une cour, la maison urbaine est composée d’un ensemble de bâtiments se succédant en profondeur et séparés par des cours intérieures. La première salle est, suivant la profusion de l’occupant, un magasin ou le salon de réception. Les salle suivantes remplissent le rôle de chambres, cuisine, etc.» (L’art vietnamien, 1955). N’empêche que des traits et l’esprit de la maison paysanne ne se retrouvent dans la maison citadine (Autel des ancêtres et autels secondaires, cour garnie de pots de plantes d’agrément remplaçant le jardin, bassin d’eau de pluie, sentences parallèles fêtes rituelles et cérémonies familiales...). Le village envahit la cité.

La maison traditionnelle à la campagne n’a pas d’étage. En ville, si la maison a un étage, il ne fallait pas pratiquer une fenêtre dans le mur de l’étage donnant sur la rue. Il ne fallait pas d’en haut lorgner le passage à travers la rue d’une procession religieuse, d’un cortège royal ou mandarin.

Au terme d’un processus de modernisation de l’habitation, dès le début de la colonisation française, la maison traditionnelle villageoise et son homologue urbain ont fini par disparaître. C’est le règne de l’acier et du béton, du cosmopolitisme et de l’anarchie architecturale. Les mœurs ont changé dans le sens de l’occidentalisation : égotisme vulgaire, consumérisme. Les voisins s’ignorent. On passe plus de temps hors de la maison, on se voit moins en famille, le repas familial a perdu son caractère sacré. De la spiritualité de la maison traditionnelle, il ne reste pas grande chose hormis la présence de l’autel des ancêtres dans de nombreuses maisons et chez les commerçants et hommes d’affaires, d’un pagodon en bois pour adorer le génie de la Richesse, thân tài.

                                                                                                                           Huu Ngoc/CVN

 

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