Propagation de la culture nationale et jeunesse

Témoignage de Nhung, une des trois étudiants vietnamiens qui ont fait «vivre» la culture vietnamienne dans le cadre du séjour en France organisé par Des Lions Clubs – une combinaison des Centres Internationaux Francophones qui favorisent la compréhension culturelle entre les peuples via la jeunesse autour de la Francophonie.

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Lê Thi Bao Nhung
20 ans
Ville de Hai Phong.
Troisième Prix

Le centre CIFA – faisant partie des Centres Internationaux Francophones (AMICIF) – a reçu cette année trente-quatre stagiaires représentant vingt-deux pays du monde qui ont un point commun unique : le français. Quelle réunion internationale ! Dans ce cadre-là, «s’intégrer sans perdre son identité» devient la mission la plus difficile à accomplir pour tous.

Trente-quatre personnes, trente-quatre personnalités, trente-quatre modes de vie différents. En effet, ils viennent de vingt-deux pays avec autant de cultures propres à chacun.

Nous - les trois jeunes étudiants vietnamiens – nous nous interrogeons sur la manière de plonger dans cette communauté cosmopolite tout en gardant nos valeurs et nos coutumes. Pour réussir cette tâche, nous avons dressé un plan. Notre but est non seulement de comprendre et de tolérer la diversité culturelle, mais aussi de faire découvrir, comprendre et aimer la culture vietnamienne aux autres. Nous avons vraiment dû faire beaucoup d’efforts, parce que 30 jours, ce n’est vraisemblablement pas assez pour faire connaître une toute nouvelle culture qui est aussi riche et éloignée que celle du Vietnam.

Et encore moins de la comprendre et de l’aimer. Voici donc ce que nous avons fait.

Enseignement du vietnamien

La langue est un formidable moyen d’expression de la culture. Apprendre une langue est la façon la plus rapide pour aborder la culture d’un pays, d’un peuple. C’est pourquoi, nous avons enseigné le vietnamien à nos amis étrangers. Rien de bien compliqué ; nous avons enseigné des mots et des phrases simples et courants de la vie de tous les jours. Parfois, nous leur avons même enseigné de l’argot afin qu’ils puissent comprendre et parler comme de "vrais" jeunes.

Les trois «ambassadeurs» de la culture vietnamienne : An, Noen et Nhung.

La bonne surprise pour nous est que nos amis étrangers aiment apprendre le vietnamien bien qu’ils croient souvent qu’il s’agit de la langue la plus difficile à apprendre au monde (et jusqu’à maintenant, ils ne savent toujours pas prononcer mon nom correctement !). Ces amis nous demandent souvent : "Comment ça s’appelle en vietnamien ?", puis ils écoutent de façon enthousiaste notre réponse et essaient de répéter ces mots de la manière la plus fidèle possible. Du coup, ces jeunes nous font toujours rire en parlant vietnamien. Un ami mexicain s’est empressé d’acheter un livre de vietnamien destiné aux francophones. Ce geste nous a beaucoup touchés. Nous savions ainsi que nous avions réussi notre belle mission qui est de répandre notre langue et notre culture.

La soirée "Cuisine du monde"

Pour partager la saveur du pays à nos amis internationaux, nous avons mis beaucoup de temps à trouver la bonne réponse à la question : "Quel plat vietnamien les étrangers préfèrent-ils ?"

Parce que nous voulions apporter à nos amis un goût vietnamien authentique mais facile à déguster et également créer une bonne première impression pour les «non-vietnamiens». Finalement, nous avons choisi le Bun bo Nam bô (vermicelles au bœuf des Vietnamiens du Sud).

Trente-quatre personnes, trente-quatre personnalités, trente-quatre modes de vie qui viennent de vingt-deux pays et cultures.

Il s’agit d’un plat frugal mais délicieux. Le "bun" - les vermicelles, l’ingrédient principal du "Bun bo" - est un produit à base de riz, l’élément indispensable dans la cuisine vietnamienne. Les vermicelles sont dégustées avec du bœuf, de la salade verte, des cacahuètes et des échalotes frites. Ce plat montre l’harmonie, l’équilibre et l’aisance dans les repas mais également dans la vie quotidienne des Vietnamiens. Le bœuf est mariné avec une multitude d’épices afin de relever sa saveur et se déguste avec une sauce spéciale.

Le "Bun bo" c’est comme la vie : une explosion de saveurs et de couleurs. Les ingrédients du "Bun bo" sont servis séparément ; les convives ajoutent et mélangent les assaisonnements à leur guise. D’une part, cela montre notre respect pour les différentes habitudes et préférences alimentaires de chacun (il y a des végétariens, des personnes qui ne mangent pas de bœuf ou de salade, etc.). D’autre part, cette façon de manger permet de sentir et de goûter clairement la saveur de chaque ingrédient de manière séparée ou dans son ensemble composant ainsi l’harmonie du plat. En effet, "S’intégrer sans perdre son identité" est le message que nous voulons envoyer avec ce plat et c’est également le but de notre participation à l’AMICIF.

Chants folkloriques et costumes traditionnels

Nous devons préparer un spectacle pour la soirée de clôture. Un véritable casse-tête pour nous trois. Cela doit être court mais intéressant, et présenter les caractéristiques de la culture vietnamienne. Pouvez-vous deviner ce que nous avons fait ? Nous n’avons pas dansé, parce qu’aucun d’entre nous n’avait de dispositions pour la danse. Nous n’avons pas chanté de chanson dite "jeune" et trop agitée, parce qu’elle ne correspond pas vraiment à notre critère de "présenter fidèlement les caractéristiques de la culture vietnamienne".

Les Vietnamiens et leur plat lors de la soirée "Cuisine du monde".

Nous n’avons certainement pas choisi une longue chanson, parce que pour les personnes qui ne comprennent pas le vietnamien, ce n’est pas forcément évident à la première écoute sans comprendre les paroles. Nous avons ainsi opté pour Trông com, une chanson courte et charmante. En outre, cette chanson est, d’après nous, très "vietnamienne". Pourquoi ? Tout d’abord car c’est une chanson folklorique du Nord – un type de musique traditionnel et caractéristique du Vietnam.

Ensuite, un Français m’a demandé quel était le sens de cette chanson ? Je lui ai répondu que Trông com avait un sens plus fort dans son origine que dans ses paroles. Cette chanson a été composée par les paysans vietnamiens pendant les travaux champêtres. La mélodie gaie de la chanson chassaient la fatigue, la pression et permettait de donner de l’entrain et de l’enthousiasme aux travailleurs. Cela montre l’optimisme, l’amour des Vietnamiens pour le travail et pour la vie en général.

Enfin, en interprétant Trông com, nous avons pu nous vêtir du fameux ao dài (tunique fendue traditionnelle des Vietnamiennes). Nous ne savons pas si nous sommes parvenus à convaincre nos spectateurs. Nous savons seulement qu’ils ont beaucoup ri et qu’ils ont chaleureusement applaudi notre numéro. Pour moi, c’est suffisant.

Présenter la culture vietnamienne

Lors de notre séjour en France, nous avons souvent commencé nos phrases par : "Au Vietnam,…". Nous avons parlé de ce qui se passe dans notre pays natal. Là, au CIFA, on avait une bonne occasion de découvrir les autres pays par le biais des "témoins vivants" - c’est-à-dire les stagiaires en chair et en os, et non pas par les articles de presse ni par les livres ou les photos. Nous trois, nous voulions dessiner un tableau complet sur le Vietnam, avec des couleurs claires mais aussi sombres. Alors, nous avons raconté des choses dont nous sommes fiers mais aussi les problèmes qu’il reste à résoudre.

La chanson Trông com interprétée au cours de la soirée de clôture.

Pour nous, le Vietnam est merveilleux, mais pas encore parfait. Je voulais justement que mes amis étrangers aient une vue vraiment honnête sur notre pays. D’ailleurs, nous nous sommes toujours conduits le plus "vietnamiennement" possible, parce que c’est cela qui montre le plus clairement nos différences culturelles par rapport à celles des autres. Une fois, lorsque j’utilisais les baguettes lors d’un repas, un Hongrois m’a imitée : il a utilisé sa fourchette et son couteau comme une paire de baguettes ! Cela m’a beaucoup fait rire et, à mon regard, ça montre aussi que cet ami a accepté de faire connaissance avec ma culture. Je voulais vraiment lui expliquer comment utiliser les baguettes, mais je n’avais qu’une paire. Je lui enseignerai plus tard, peut-être dans l’avenir, quand il visitera mon Vietnam.

Conclusion

Je ne suis pas en mesure de vous raconter toute notre belle aventure, parce que l’article est limité en mots. Mais je crois que notre plan a plus ou moins eu du succès. Nous avons affirmé notre fierté, notre amour pour le Vietnam avec nos amis internationaux. Nous ne sommes pas des célébrités de notre pays; mais pendant un mois avec le CIFA, nous avons été les représentants du Vietnam.

Idem pour les autres stagiaires. Nous avons conscience de la mission de diffuser l’image de notre Patrie. Je veux insister sur cela, parce que ces derniers temps, nombreux sont les "adultes" qui pensent que les jeunes de nos jours négligent de plus en plus leur identité, leur caractère national afin de poursuivre de nouvelles tendances ou de nouvelles cultures.

Cependant, la réalité montre que nous, les jeunes, la génération future du Vietnam, allons certainement nous intégrer à de nouvelles cultures, même y vivre - parce que c’est ce que nous demande notre époque - mais finalement, où que nous soyons, qui que nous choisissions de devenir, le sang vietnamien coulera toujours dans nos veines, et le "Việt Nam" restera toujours le lieu sacré où nous sommes nés et où nous reviendrons. Moi, en tout cas, j’en suis sûre !

Texte et photos : Lê Thi Bao Nhung/CVN

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