Présenter l’âme vietnamienne à travers la danse contemporaine

Alexander Tu avait une vie aisée et une belle carrière aux États-Unis. Cependant, il a décidé de rentrer au Vietnam afin d’apporter sa contribution au rayonnement de l’identité culturelle nationale dans le monde.

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Chorégraphe de talent, Alexander Tu s'intéresse à la danse contemporaine depuis des années.
Photo: CTV/CVN

Alexander Tu, 37 ans, fait partie des Américains d’origine vietnamienne de la 2e génération. En 1979, ses parents se sont installés aux États-Unis. Dans un premier temps, ils vivaient au Texas, puis ont déménagé en Californie.

Petit, Alexander Tu aimait déjà le sport, et notamment le basket-ball. Il a connu la danse grâce à son grand frère chorégraphe et y a développé un talent précoce. Cependant, il ne s’attendait pas à s’attacher à cet art. Sa passion pour la danse est née quand il est entré au lycée et est devenu membre du groupe Kaba Modern. Une fois à l’université, son groupe baptisé KM Legacy a été l’un des trois finalistes de la première édition de l’émission de télévision "Best Dance Crew" des États-Unis.

À la découverte du pays d’origine

En 2006, diplômé d’un master en médecine, Alexander Tu est retourné pour la première fois au Vietnam avec son grand frère. Il a été invité à monter des chorégraphies pour un clip vidéo de la chanteuse Hô Ngoc Hà. Dans ce processus de travail, il a rencontré le musicien vietnamien Thanh Bùi. Les deux hommes ont créé en 2012 l’Institut de la musique et de la représentation des arts Soul (SMPAA) à Hô Chi Minh-Ville.

En 2014, Alexander Tu a décidé de s’installer au Vietnam. "La 26e édition du programme +Duyên dang Vietnam+ (Le charme du Vietnam) fut le premier programme auquel j’ai pris part en tant que chorégraphe", se souvient-il. C’est à partir de là qu’il a été invité à participer à une série de programmes artistiques.

Sa décision d’abandonner sa carrière dans la pédiatrie pour la danse a beaucoup préoccupé ses parents. Ils ne sont pas parvenus à le persuader de rester aux États-Unis.

"À cette époque-là, j’avais une vie de rêve même pour des Américains. Mais elle n’avait pas de sens. Je ne parlais pas vietnamien et ne connaissais pas les traditions ni la culture de mon pays d’origine. Je voulais donc retourner au Vietnam pour les découvrir", confie Alexander Tu.

Faire rayonner les arts vietnamiens

Alexander Tu apprend la danse aux enfants à l’Institut SMPAA.
Photo: Ngoc Thach/CVN

Aujourd’hui il est directeur adjoint chargé des arts de représentation de l’Institut SMPAA, où il consacre ses efforts à la formation des jeunes. Il contribue, sans relâche, à faire connaître la danse contemporaine au sein de la population vietnamienne.

"Notre institut réunit maintenant environ 800 enfants âgés de trois à 16 ans, partage-t-il. Je veux présenter les arts et l’identité culturelle vietnamiens au monde à travers la danse".

Après quatre ans au Vietnam, Alexander Tu est plutôt satisfait de son choix. Certains de ses élèves brillent aujourd’hui dans le milieu de la danse contemporaine, prolongeant ainsi son héritage. Sous sa tutelle, le groupe The Young Lyricist de SMPPA est devenu en novembre 2017 l’unique représentant de l’Asie au sein du programme Dance Proms organisé à Royal Albert Hall, l’une des plus prestigieuses salles de concert au Royaume-Uni. Un grand honneur, non seulement pour le SMPAA, mais aussi pour la communauté de la danse au Vietnam. Avec une performance mêlant harmonieusement hip-hop et chorégraphie urbaine sur la symphonie pour piano de la chanson Diêm Xua (Beauté d’antant) du musicien Trinh Công Son et de l’œuvre Sonate au Clair de Lune de Beethoven, The Lyricist a gagné un succès mondial.

Cette performance a également impressionné par sa combinaison entre l’ao dài (robe traditionnelle des Vietnamiennes) et les chorégraphies modernes d’Alexander Tu. Avec cette œuvre, il a souhaité montrer la beauté du Vietnam à travers la musique et les arts de la scène, et offrir l’opportunité d’une aventure internationale aux danseurs vietnamiens.

Mari de la nièce de Trinh Công Son

À son retour du Vietnam ses capacités en vietnamien se sont nettement améliorées. Maintenant, il peut le parler couramment, ce qui pour lui une victoire personnelle importante. Il s’est également rapproché des milieux artistiques vietnamiens à la fin de l’année 2016, lorsqu’il s’est marié avec Lys Nguyên (Nguyên Trinh Nam Phô Lys), fille de la créatrice mode Trinh Hoàng Diêu et petite sœur du compositeur Trinh Công Son.

En juin 2017, il a terminé sa thèse de doctorat autour du thème "Impact positif de la danse sur le développement des enfants vietnamiens". D’ailleurs, il aspire toujours à avoir une activité combinant les arts et la médecine - et les considère comme un moyen de combattre les maladies, notamment mentales. Il travaille également avec une équipe de médecins italiens dans l’apprentissage de la danse aux enfants autistes. En outre, lui et Thanh Bùi ont l’intention de réaliser un projet d’art à destination des enfants en situation difficile au Vietnam.

Cette année, Alexander Tu a l’ambition de porter The Young Lyricist sur la scène internationale, ce qui lui permettra de présenter l’âme vietnamienne à travers la danse.

"Avec environnement artistique comme celui du SMPAA, il va falloir attendre beaucoup de temps pour récolter les fruits de notre labeur. Par conséquent, je vais rester au Vietnam tout le temps qu’il faudra faire de mes rêves une réalité", confie-t-il.

Phuong Nga/CVN

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