Près de Baltimore, un porte-conteneurs échoué ravit les curieux et inquiète les écologistes

Ils sont venus en famille ou avec des amis, apportant jumelles et chaises pliantes, tous tournés vers un même objet : le porte-conteneurs Ever Forward, échoué depuis un mois dans la baie de Chesapeake sur la côte Est américaine

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Des personnes observent le porte-conteneurs Ever Forward échoué dans la baie de Chesapeake, le 13 avril près de Baltimore.
Photo : AFP/VNA/CVN

En cette matinée printanière d'avril, les curieux se massent dans un parc de la ville de Pasadena, dans le Maryland, pour jouir d'un point d'observation privilégié sur le navire, englué dans près de six mètres de vase, à quelques centaines de mètres de la rive.

"Même avec les tempêtes qu'on a ici dans la baie, on n'a pas de navires qui s'échouent comme ça", raconte Frederick Schroeder, un retraité venu de l'est de Baltimore avec son appareil photo et son téléobjectif pour documenter la scène, une occasion qui n'arrive "qu'une fois dans la vie" selon lui.

Dans la nuit du 13 au 14 mars, le géant des mers de la compagnie taïwanaise Evergreen, long de 334 m et qui peut transporter près de 12.000 conteneurs, s'est retrouvé immobilisé au beau milieu de la baie de Chesapeake, après avoir manqué un virage vers des eaux plus profondes.

S'étendant de l'État de Virginie au sud, jusqu'au Maryland au nord, la baie de Chesapeake est un gigantesque estuaire au trafic maritime important.

La baie baigne ainsi Port of Virginia et Baltimore, respectivement deuxième et troisième ports les plus importants de la côte Est des États-Unis.

Drague et remorqueurs

La mésaventure de l'ironiquement nommé Ever Forward ("toujours en avant"), n'est pas sans rappeler celle de l'Ever Given, autre porte-conteneurs d'Evergreen qui était resté coincé en travers du canal de Suez en mars 2021 bloquant le trafic pendant près d'une semaine.

Les garde-côtes américains sont à l'oeuvre pour tenter de remettre l'Ever Forward à flot depuis plus de trois semaines, assistés de remorqueurs et de bateaux de drague. Sans succès jusqu'ici.

Ces derniers jours, des grues se sont affairées autour du navire pour le délester d'un maximum de ses conteneurs et ainsi l'alléger.

Interrogés par l'AFP, les garde-côtes ont précisé que plus de 130 conteneurs avaient déjà été débarqués mais que davantage devaient l'être avant une nouvelle tentative de remise à flot, dont la date reste à déterminer.

"Le capitaine qui s'est échoué doit être très gêné", suppose John Zeglin, un retraité presque octogénaire, venu voir l'Ever Forward "par curiosité" avec sa compagne depuis Bethesda, en banlieue de Washington, à un peu plus d'une heure de route.

Mais si les curieux s'attroupent sur les rivages pour observer le navire, son échouement est surtout source d'inquiétude pour les défenseurs de l'environnement.

"Épicentre" de balbuzards pêcheurs

Un remorqueur pousse une barge de conteneurs en s'éloignant du navire Ever Forward, coincé dans la baie de Chesapeake (États-Unis), le 11 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Doug Myers, un scientifique au sein de l'association environnementale Chesapeake Bay Foundation, s'alarme ainsi auprès de l'AFP d'un risque de rupture de la coque, qui pourrait libérer des centaines de litres de mazout.

"À chaque fois qu'un navire s'échoue, vous avez ce risque", explique l'expert, qui dit avoir beaucoup d'expérience avec les marées noires, après avoir notamment travaillé au Texas dans les années 1990.

Avec les opérations de dragage, Doug Myers s'inquiète également que le navire puisse gîter et perdre des conteneurs dans la baie.

"Il y a déjà des dégâts rien que par l'échouement du navire dans des eaux peu profondes, ces bancs de sable (...) contiennent des palourdes et des vers, et d'autres habitats très importants pour les poissons", déplore-t-il.

En dehors de l'eau, ce sont les oiseaux qui sont le plus à risque d'une fuite de mazout, à une période où les volatiles migrateurs font halte dans la baie ou même y nichent pour l'été.

"La baie est en quelque sorte l'épicentre d'abondance des balbuzards pêcheurs", affirme ainsi Doug Myers, qui se tracasse pour ces rapaces.

Le scientifique regrette que jusqu'ici les autorités n'aient pas pris en compte les risques environnementaux et souhaite à présent qu'un cordon de protection soit mis en place autour de l'Ever Forward afin de prévenir toute fuite de mazout.

Car si selon lui le danger n'est pas "imminent", une telle fuite pourrait atteindre les rives des deux côtés de la baie en une à quelques heures.

"Cette baie représente tout pour les habitants du Maryland", fait valoir Doug Myers.

"Tellement de gens tirent leurs revenus directement ou indirectement de la baie, que ce soit grâce au tourisme, à la pêche, ou bien du fait d'avoir une propriété les pieds dans l'eau".

AFP/VNA/CVN

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