Pratiques traditionnelles et technologie

Les nouvelles technologies sont un moyen de s'ouvrir au monde. Cependant, elles ont parfois des choses à apprendre de la pratique traditionnelle.

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Dans les régions montagneuses, les paysans cultivent souvent le riz selon des méthodes ancestrales.
Photo : CTV/CVN

Dans les années 1960, la Révolution Verte a sauvé une importante partie de la population mondiale de la famine. Mais il y a le revers de la médaille. Beaucoup de paysans, peu soucieux de l’environnement, ont abusé des engrais chimiques, dont l’emploi massif a provoqué la croissance rapide des insecticides.

Karl Gener, dans la revue Partenaires de Helvetas (Août 2004), a souligné que la diminution de la fécondité masculine à l’échelle mondiale était mise en rapport avec l’utilisation d’insecticides.

Savoirs traditionnels

L’auteur trouve qu’il y a du bon dans les méthodes de culture extensive en citant le cas du Laos où les paysans cultivent le riz pour des besoins domestiques : "On y trouve encore des variétés de riz traditionnelles, à forte croissance et peu exigeantes, dont l’entretien demande peu. Au lieu de grosses machines ou de tracteurs, on laboure encore avec le buffle d’eau, on plante à la main et on utilise essentiellement du fumier pour la fertilisation. Pas besoin de produits phytosanitaires puisque les plantes sont naturellement robustes et résistantes. La chimie joue un rôle très secondaire. Dans ce pays, les paysans cultivent le riz selon des méthodes ancestrales".

Karl Gerner conclut : "Pourtant, ce qui est qualifié de vieillot dans les pays voisins offre des perspectives intéressantes aux paysans laotiens. L’accès au marché international en augmentation pour le riz biologique pourrait représenter une issue à leur pauvreté".

Je voudrais bien partager l’optimisme de l’auteur. En tout cas, pays pluriethnique, essentiellement agricole où 70% de la population habitent la campagne, le Vietnam est riche en pratiques traditionnelles toujours valables et dont il faut tenir compte dans notre effort de modernisation.

Potion magique

La médecine du Sud garde toujours une place importante chez les Vietnamiens bien que la médecine occidentale soit maintenant dominante.
Photo : ST/CVN

Ainsi, l’adoption de la médecine occidentale doit aller de pair avec la valorisation de la "médecine du Sud" (thuôc Nam), proprement vietnamienne (la "médecine du Nord" - thuôc Bac - désigne la médecine chinoise, plus savante). De nombreuses recettes sont transmises au sein des familles (soudure des os de fracture, morsure de serpent, maladies de la peau…). Les médicaments traitent souvent des maladies qui se sont déclarées. Par exemple : infusion de feuilles de ngâu contre le paludisme, infusion de feuilles de goyavier contre le choléra, feuilles de lilas du Japon pilées avec des vers de terre pour faire un cataplasme (à poser sur le nombril) pour guérir l’indigestion chez les enfants, feuilles d’armoise (ngai) mangées avec des œufs de poule comme tonique (pour femme en couches). De nombreuses recettes (secret de famille) se sont perdues. Notre ancêtre de la médecine du Sud, Tuê Tinh (XIVe siècle), a déclaré : "Les médicaments du Sud conviennent aux hommes du Sud".

Concernant la riziculture, nos scientifiques sont d’avis qu’aucune variété de riz nouvellement créée ne vaut en saveur certaines variétés traditionnelles chez les Viêt (par exemple tám thom) ou les ethnies minoritaires Thaï et H’mông. En pédologie, les Thaï distinguaient sept sortes de sol avec 27 critères appropriés à des cultures déterminées, ce qui ne laissait aucun pouce de terre inculte. Les Cham de Ninh Thuân (Centre) ont construit entre les XIIIe et XVIe siècles d’excellents réseaux d’hydraulique dont il reste deux barrages typiques à Nha Trinh et Marên.

L’application inconsidérée d’innovations a causé de nombreux dégâts. Ainsi, en 1998-1999, notre Institut de matières médicales a introduit chez les H’mông le lao quan thao (Herba geranii ou Geranium napalenses) et le cây cai dâu (Brassica napus). L’expérience s’est soldée par un échec parce que les produits de leur culture ne pouvaient être vendus dans une région qui les avait ignorés.

Autre expérience malheureuse en 1985 avec la faillite de la culture intensive sur des milliers d’hectares de cannelier pour l’exportation. On n’avait pas tiré profit de la culture traditionnelle du cannelier par les Cà Dong de Trà Dôn, qui l’ont toujours pratiquée avec succès de façon extensive à une altitude de 800 à 1.000 m. Leur cannelle, qui a fait la réputation de la province de Quang Nam, au Centre, continue à jouir d’un grand prestige sur le marché extérieur.

Huu Ngoc/CVN
(Août 2005)

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