Pour mieux profiter des travailleurs de retour de l’étranger

En 2015, plus de 100.000 travailleurs vietnamiens sont partis travailler à l’étranger, soit 15% de plus que le plan annuel. De retour au pays, cette main-d’œuvre qualifiée a malheureusement bien dû mal à capitaliser son expérience.

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Un cours de japonais pour les travailleurs avant de leur départ au Japon dans le Centre de placement de Quang Ngai (Centre).

Selon le ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales, l’envoi de travailleurs à l’étranger est un canal de création d’emplois efficace qui contribue à réduire la pauvreté en zones rurales.

Rentré au pays après trois ans de mission en Malaisie dans une entreprise japonaise d’électronique, Dang Bich Vân, 27 ans, de la province Yên Bai (Nord), souhaite s’expatrier à nouveau pour acquérir plus d’expériences et mettre de l’argent de côté. «Je voulais continuer de travailler dans cette société japonaise pour améliorer ma qualification ainsi que mon niveau de langue étrangère afin de décrocher un poste dans une entreprise japonaise au Vietnam à l’issue de mon contrat»,  partage Bich Vân.

Revenus élevés et expériences acquises

Hoàng Thanh Son, de la commune de Son Dông, province de Vinh Phuc (Nord), après trois ans en République de Corée, a pu construire une confortable maison de trois étages. «Auparavant, ma famille était la plus pauvre de la commune. En 2006, mon grand frère est parti travailler en République de Corée. Peu de temps après, il nous a envoyé de l’argent», fait savoir Thanh Son. D’ajouter : «Après le baccalauréat, j’ai décidé de partir travailler dans ce pays où j’étais payé 20 millions de dôngs par mois. Une jolie somme selon les critères vietnamiens!». La commune de Son Dông compte actuellement 200 travail- leurs partis à  l’étranger, essentiellement au Japon, en République de Corée et à Taïwan (Chine).

Selon Doan Mâu Diêp, vice-ministre du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales, en 2015, le pays a envoyé 115.000 travailleurs à l’étranger.  La plupart jouissent de revenus élevés et acquièrent une expérience bénéfique à leur recherche d’emploi une fois de retour dans le pays. L’envoi de travailleurs à l’étranger est certes une réussite, mais certaines faiblesses sont à déplorer comme les frais élevés, le manque d’informations sur les marchés à destination des travailleurs, ceux-ci partant sans vraiment savoir ce qui les attend.

Face à cette situation, le Dépar-tement de gestion des travailleurs à l’étranger a proposé une série de nouveaux règlements sur le processus de recrutement, de formation, les contrôles et inspections. «Les entreprises chargées du recrutement doivent être responsables, de la formation des travailleurs jusqu’à leur retour de l’étranger», fait savoir M. Diêp.

Manque de politiques concrètes

En parallèle à l’amélioration des conditions de vie de nombreuses familles rurales, l’envoi de travailleurs à l’étranger vise aussi à former un contingent d’ouvriers qualifiés. Malheureusement, cet objectif est loin d’avoir été atteint. Avec la création de la communauté économique de l’ASEAN, ces travailleurs qualifiés seront utiles pour  élever la compétitivité du pays.

Réception du Centre de placement de la province de Quang Bình (Centre).

La récente foire à l’emploi pour les travailleurs de retour de l’étranger, tenue au Centre de placement de Hanoi, a attiré un grand nombre de candidats. Lê Duc Giap, de la province de Hai Duong, a travaillé cinq ans en République de Corée, avec un revenu de 2.000 dollars par mois. Rentré au pays, il a été embauché dans certaines usines de son village natal. «Les technologies au Vietnam sont arriérées comparées à la République de Corée. Je souhaite travailler pour une entreprise sud-coréenne, pour avoir un revenu stable et capitaliser mon expérience», partage M.Giap.

Environ 560.000 Vietnamiens travaillent dans 50 pays et territoires, dans 30 corps de métier différents. Malheureusement, le pays n’a pas encore de politiques concrètes pour profiter de leurs expériences acquises à l’étranger. La plupart des travailleurs, de retour au pays, doivent en effet trouver par eux-mêmes en emploi. Aucune structure ne les prend en charge ou ne les aide dans leur recherche d’emploi. C’est ainsi que beaucoup peinent à trouver un poste en accord avec leur qualification. Et les entreprises vietnamiennes ne sont pas encore en mesure de leur offrir des conditions à la hauteur de leurs attentes, salariales notamment.

Selon certains recruteurs, les compagnies étrangères ont besoin de travailleurs qualifiés. Ce qu’il manque, c’est une base de données qui répertorierait les travailleurs ayant acquis une expérience à l’étranger, que les compagnies demandeuses pourraient consulter.

«On ne s’intéresse qu’à l’envoi de travailleurs à l’étranger mais pas à leur prise en charge à leur retour. Il n’existe aucun plan d’utilisation de cette ressource humaine, déplore Dào Công Hai, ancien chef adjoint du Département de gestion des travailleurs à l’étranger. On doit élaborer dans les meilleurs délais des politiques pour profiter de cette ressource humaine qualifiée et établir un fichier les répertoriant».

Huong Linh/CVN

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