Pologne: premier tour de la présidentielle à l'issue incertaine

Après une campagne terne, les Polonais votent dimanche 10 mai au 1er tour de l'élection présidentielle, alors que l'avance du favori, le chef de l'État sortant Bronislaw Komorowski, sur le conservateur Andrzej Duda n'aura cessé de fondre.

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Assuré il y a encore quelques mois de l'emporter au premier tour, le chef de l'Etat de centre droit, 62 ans, ne bénéficiait la veille du vote que du soutien de 35% à 40% des Polonais, contre 27-29% pour M. Duda, un juriste de 42 ans, candidat du parti Droit et Justice (PiS, opposition).

Le président polonais Bronislaw Komorowski (c) avec le secrétaire de l'ONU Ban Ki-moon (d) et le président ukrainien Petro Porochenko, à Gdansk le 7 mai 2015.

L'enfant terrible du scrutin, Pawel Kukiz, un ancien rockeur de 51 ans qui veut faire exploser le système politique en place, recueille autour de 15% des intentions de vote, belle progression après environ 6% début avril. Les huit autres, dont cinq populistes anti-européens de droite, ne franchissent guère 5%.

Selon tous les sondages, MM. Komorowski et Duda s'affronteront au second tour prévu le 24 mai et donc les reports de voix des partisans de M. Kukiz y joueront un rôle important.

Pouvoirs limités

Les pouvoirs du chef de l'État sont limités en Pologne, pays de 38 millions d'habitants, poids lourd économique et politique de l'Europe centrale, membre de l'Otan depuis 1999 et de l'UE depuis 2004. Le chef de l'État a la haute main sur la politique étrangère et la défense. Il dispose également de l'initiative législative et peut opposer son véto aux lois adoptées.

"La campagne électorale a confirmé une fracture entre les gens qui ont profité des 25 années écoulée depuis la chute du communisme en 1989, et ceux qui se sentent comme perdants", estime le politologue Eryk Mistewicz. "Bronislaw Komorowski est l'unique candidat de ceux qui pensent que la Pologne a grandement bénéficié de sa liberté retrouvée, alors que tous les autres candidats représentent les mécontents", ajoute-t-il.

Elu pour son premier mandat en 2010, M. Komorowski est soutenu par le parti gouvernemental Plateforme civique (PO), aux commandes depuis bientôt huit ans. Il incarne pour ses électeurs la stabilité, ce qui incite les partisans du changement à se tourner vers ses concurrents, tous adversaires de la politique libérale et pro-européenne du gouvernement. Ces derniers pourraient créer la surprise et entrer au Parlement après les législatives de l'automne.

Peur de la guerre

«Je vote Komorowski, il ressemble à un bon père. Il est modéré et conservateur", explique Katarzyna Oleksowicz, une Varsovienne d'une trentaine d'années qui vient de lancer une boutique de mode pour enfants en ligne. "Et surtout, j'ai peur de la guerre, les autres candidats sont trop agressifs et pourraient pousser à la guerre", ajoute-t-elle.

M. Komorowski, ancien ministre de la Défense, a bâti sa campagne autour des questions de sécurité, dans le contexte du conflit ukrainien. Son principal adversaire, Andrzej Duda, candidat du parti dirigé par Jaroslaw Kaczynski, a misé sur les questions sociales, promettant aux Polonais de vastes avantages.

"À cinq jours du scrutin, il a obtenu l'appui du syndicat Solidarité. Tout au long de sa campagne, il a affiché son attachement à l'Église catholique, très puissante en Pologne. Duda, uniquement Duda", répète Mieczyslaw Jankowski, un ouvrier d'une soixantaine d'années.

"Je me voyais déjà aller à la retraite, alors que Komorowski et ses amis ont reculé l'âge de la retraite à 67 ans. Duda a promis de changer cela", explique-t-il.

Si jusqu'à présent M. Duda stagnait dans les sondages en dessous de 30% des intentions de vote, il pourrait profiter au deuxième tour des voix contestataires.

M. Kukiz, dont le programme se limite à l'introduction d'un scrutin uninominal aux législatives, dans lequel il voit un remède universel à tous les maux, rassemble des jeunes, souvent au chômage ou aux emplois précaires, et qui sont découragés par le système politique en place.

Aussi bien M. Kukiz que M. Duda profitent de la déconfiture de la gauche. Le parti social-démocrate SLD a tout misé sur une jeune candidate, Magdalena Ogorek, historienne de 36 ans. Mais son manque d'expérience de la politique lui a fait mener une campagne désastreuse.

AFP /VNA/CVN

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