Plus de 30 morts lors de l'incendie du "vaisseau fantôme" à Oakland aux États-Unis

Neuf, vingt-quatre, trente, trente-trois : le bilan du terrible incendie qui a ravagé une fête dans le "vaisseau fantôme", un collectif d'artistes à Oakland, près de San Francisco, n'a cessé d'enfler au fil des heures dimanche 4 décembre, et ce n'est pas fini.

>>Un incendie meurtrier dans un collectif d'artistes près de San Francisco

Des personnes venues se recueillir devant un mémorial à la mémoire des victimes, le 4 décembre à Oakland.

Le bilan "est monté à 33" morts, a indiqué le sergent Ray Kelly, au cours d'un bref point presse le 4 décembre, son troisième depuis la matinée.

Il a précisé que seulement 35% à 40% du bâtiment a été ratissé et qu'il reste sans doute des corps à l'intérieur des décombres.

Les autorités ne savent pas combien de personnes participaient à la fête dans le "Ghostship" (NDLR : le vaisseau fantôme), l'immeuble détruit par les flammes dans la nuit de samedi 3 décembre à dimanche 4 décembre, mais elles se préparaient dès le départ à 30 ou 40 morts.

Durant la nuit, les pompiers ont fait une brèche dans un mur pour pouvoir pénétrer dans le bâtiment et commencer enfin à chercher les corps et déblayer les décombres sans risquer leur propre vie.

Peu de familles ont pu être officiellement notifiées du décès d'un proche. Les corps étant méconnaissables, l'identification des victimes est en effet difficile.

Silence

Des détails commencent néanmoins à émerger sur ceux qui ont succombé. "Nous avons retrouvé et identifié des victimes qui sont mineures. Nous avons des enfants de 17 ans, peut-être moins. On n'est pas sûr", a expliqué le sergent. Il y a aussi des victimes d'Asie et d'Europe, mais la police ne veut pas préciser les noms des pays d'origine.

Une personne venue se recueillir devant un memorial à la mémoire des vctimes, le 4 décembre à Oakland.

Pour faciliter leur travail, les autorités demandent aux familles de conserver "dans un sac propre" une brosse à dent ou à cheveux des victimes pour pouvoir comparer l'empreinte génétique et identifier les corps avec certitude.

Les travaux de déblaiement avancent lentement, et les pompiers travaillent à la main, par respect pour les corps qui se trouvent dans les débris, a expliqué une chef de bataillon de pompiers de la ville, Melinda Drayton.

Sa voix s'est étranglée d'émotion quand elle a voulu décrire l'atmosphère sur le lieu du sinistre la nuit dernière. "Tout était silencieux. Cela vous brisait le cœur".

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Les équipes avancent maintenant plus rapidement. Dimanche matin 4 décembre, au bout de 12 heures d'un labeur éprouvant physiquement mais surtout mentalement, les pompiers n'avaient dégagé que 20% de cet entrepôt transformé en collectif d'artistes.

Cette attente est cruelle pour les familles a expliqué un aumônier des pompiers, Jayson Landesa, qui tente de les consoler du mieux qu'il peut dans un centre d'accueil mis en place non loin des lieux du drame.

Le plus dur ? "Maintenant, c'est l'incertitude. Je pense que peut-être les familles souhaitent avoir une forme de certitude" pour faire leur deuil, a-t-il expliqué à quelques journalistes.

Pourquoi est-ce si long ? Les images publiées sur le site Internet du "Ghostship" - corroborées par des témoignages- apportent un début de réponse. Elles montrent un lieu où s'empilent des œuvres d'arts, des pianos et de nombreux objets en bois, expliquant la violence du feu et l'épaisseur de la fumée.

Un pompier sur le site de l'incendie ayant frappé un collectif d'artistes à Oakland (Californie), le 3 décembre.

Samedi 3 décembre, la chef des pompiers d'Oakland, Teresa Deloach-Reed, avait décrit un véritable fatras trouvé par les secours, qui avait fortement gêné leur intervention.

L'accès au premier étage - où se trouvaient la plupart des victimes - était une "cage d'escalier artisanale" avec des "palettes". Une configuration qui pourrait elle aussi expliquer l'ampleur du drame.

Pas aux normes ?

Dès samedi 3 décembre, les autorités municipales ont indiqué que le bâtiment n'était sans doute pas aux normes.

L'enquête devra établir si les propriétaires de l'ancien entrepôt et ses occupants avaient toutes les autorisations nécessaires.

Certains témoignages font état d'artistes vivant sur place, mais le bâtiment n'était prévu que pour être un "lieu de travail", a indiqué Libby Schaaf, la maire d'Oakland lors d'une conférence de presse samedi.

Un autre responsable municipal a indiqué que la mairie enquêtait avant l'accident sur des "constructions illégales" à l'intérieur de l'ancien entrepôt.

Noel Gallo, un élu municipal habitant non loin de là, a d'ailleurs raconté sur la chaîne de télévision KTVU que "les voisins de l'autre côté de la rue et les commerçants de l'autre côté de la rue et des alentours se plaignaient depuis un certain nombre d'années" du bric-à-brac que les occupants du "Ghostship" entassaient dans la cour ou sur le trottoir.

Oakland est une ville de 420.000 habitants située juste de l'autre côté de la baie de San Francisco, qui traîne une réputation d'insécurité. Mais l'explosion des loyers dans toute la région, à cause du boom des entreprises technologiques, a poussé des populations de plus en plus aisées à venir s'y installer, les loyers y étant plus abordables qu'à San Francisco.

L'incendie d'Oakland est d'ores et déjà l'un des plus meurtriers de ces 20 dernières années aux États-Unis.

AFP/VNA/CVN

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