Plongée dans les dernières usines de Monaco

Non loin des casinos et des boutiques de luxe, Monaco abrite encore, derrière la façade de sages immeubles aux vitres de bureaux, une poignée d'usines où des ouvriers faisaient les 3x8, rescapés d'une saga industrielle méconnue dont les jours semblent désormais comptés.

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Employées de l'usine Asepta à Monaco le 9 octobre.

Emblématique de ce secteur né à partir des années 1950, sous l'impulsion du prince Rainier III et grâce à l'afflux d'entrepreneurs attirés par la douceur du climat et de la fiscalité, le plasturgiste Foreplast a annoncé la fin de toute fabrication d'ici à février.

Ce fabricant de composants automobiles (poignées de portières, boutons de commandes, etc.) a été fondé en 1955 par un Monégasque pur jus, Charles Manni, grand-père du jeune espoir de F1 Charles Leclerc.

Il y a cinq ans, il a été revendu au groupe Novares. Mais ce dernier ne conservera à Monaco que des bureaux d'études et un service de facturation.

Avec cette usine, c'est un pan d'histoire de Monaco qui disparaît et "un vrai traumatisme", observe Lena Hanns, de l'Union syndicale monégasque (USM).

Grève rarissime

"La tendance est d'aller vers le développement de bureaux d'études, d'une industrie propre, de services, plutôt que la fabrication qui exige beaucoup de place", constate-t-elle.

À Monaco, cité-État hyper-urbanisée d'environ 2 km2 en bord de Méditerranée, le prix moyen du mètre carré approche les 50.000 euros, l'un des plus chers au monde.

"Ca nous poserait moins de problèmes si les salariés étaient considérés et formés pour continuer à travailler à Monaco. Or, aujourd'hui, ils sont simplement renvoyés en France ou en Italie", dit-elle.

Chez Foreplast, où 59 salariés vont être licenciés malgré des années d'ancienneté et une carrière sans accroc, la pilule du plan social a été difficile à avaler. Fait rarissime en Principauté, ils ont fait la grève deux fois, près de quinze jours en tout, pour faire améliorer le plan social, souligne Me Delphine Frahi qui assiste le personnel.

"J'ai eu la boule au ventre, il n'y a plus beaucoup d'usines et elles ont déjà leur personnel", explique Michele (son prénom a été modifié à sa demande), un futur ex-salarié italien de 58 ans, entré en 1979 dans l'entreprise.

Son père travaillait déjà pour le plasturgiste : "Monaco payait mieux qu'en Italie et jusqu'en 2004 on n'était pas imposable. En fait, surtout, il n'y avait pas trop de travail en Italie, c'était notre planche de salut".

"Pour la Principauté, la présence de gens modestes venant travailler véhiculait une autre image que la clientèle menant grand train dans les palaces et Rainier III y était très sensible", remarque un industriel.

Depuis quelques années, Michele sentait le vent tourner. À Fontvieille, un quartier gagné sur la mer près du stade de foot où se concentraient ces usines, "il y a toujours autant de monde, mais ce sont des gens plus qualifiés".

Pourtant, "aux temps héroïques", comme les appelle Pascal Gaussin, du Groupe d'Études des industries de transformation (GIET) de Monaco, la Principauté fabriquait de tout : conserves d'anchois, lave-linge, maillots de bain ou produits de parapharmacie.

Parmi eux, le fameux "dentifrice des pieds" des laboratoires Asepta. Connu sous la marque Akiléïne, ce dernier a été imaginé initialement pour soulager les pieds éprouvés des croupiers du casino.

En 1965, près de la moitié de la main d'œuvre monégasque travaillait dans l'industrie. Le secteur avait décuplé en 15 ans et était cité en exemple : Monaco était la grande ville industrielle de la Côte d'Azur et montrait la voie pour s'affranchir de la mono-industrie du tourisme et des jeux.


AFP/VNA/CVN

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