Peter Lindbergh, le «papa» des super-modèles

Dans le monde glamour de la mode, Peter Lindbergh est un spécimen rare. Cet Allemand modeste, auquel est attribuée l’éclosion du phénomène des super-modèles, est l’ambassadeur d’une photo sans artifices où le vêtement devient presque une arrière-pensée.

Le photographe Peter Lindbergh et l’actrice Milla Jovovich.
Photo : AFP/VNA/CVN

Plus de 220 de ses iconiques photographies mais aussi ses notes de travail, des Polaroïd et des planches contact ont été rassemblés à Rotterdam pour la première exposition majeure retraçant 40 années d’une carrière prolifique.

À 71 ans, le photographe est parfois surnommé le «papa» des mannequins superstars, un phénomène des années 1990 qui vit des tops modèles comme Cindy Crawford, Naomi Campbell, Claudia Schiffer ou Kate Moss devenir des vedettes bien au-delà du monde de la mode.

Avec ses images en noir et blanc au grain prononcé de mannequins à l’attitude un brin rebelle et au visage apparemment presque nu, le photographe a bouleversé la définition de beauté.

«La façon qu’il a de photographier les gens va bien au-delà de la surface artificielle que vous pouvez voir en ouvrant un magazine de mode», a assuré le conservateur Thierry-Maxime Loriot, lors de l’ouverture de l’exposition intitulée Peter Lindbergh, une autre vision sur la photo de mode.

C’est en 1988 que Peter Lindbergh fait décoller les carrières d’une nouvelle génération de mannequins, avec une image les représentant toutes en chemise blanche sur la plage de Malibu, aux États-Unis.

Mais l’éditrice de Vogue qui avait commandé les images n’était pas satisfaite de ce look sans artifices à un moment où l’attention était concentrée sur «beaucoup de cheveux et beaucoup de maquillage», selon les mots du conservateur.

L’image finit à la poubelle jusqu’à ce que la célèbre Anna Wintour ne reprenne les rênes du magazine et ne fasse appel à Peter Lindbergh pour sa première ouverture.

Parmi les mannequins sur la plage se trouvaient notamment Linda Evangelista, Christy Turlington, Tatjana Patitz et Estelle Lefébure, toutes devenues depuis des stars internationales.

Une autre définition de la beauté

Le photographe Peter Lindbergh présente son livre «A different vision on fashion photography» (Une vision différente de la photographie de la mode).
Photo : AFP/VNA/CVN

«Te faire sortir de ta coquille» a toujours été au centre du travail du photographe, selon Tatjana Patitz. Pour Karen Alexander, seule mannequin noire à figurer sur la photo de 1988, «Peter te faisait sentir que tu avais le droit d’être là, que tu méritais d’être là». «J’étais tellement nerveuse», a-t-elle expliqué : «Il n’y avait à l’époque pas beaucoup de mannequins noires et être dans +Vogue+ était donc un pas très important».

Alors que d’autres photogra-phes ont recours à des montagnes de maquillage ou de vêtements «derrière lesquels on peut se cacher, Peter te demande de venir toi, et d’être toi-même», assure-t-elle. «Et c’est beaucoup plus difficile».

Pour Peter Lindbergh, être soi est pourtant «la définition même de la beauté».

Pour les besoins de l’exposition, le conservateur a eu accès à l’ensemble des archives du photographe, installé à Paris. Il y a découvert «des boîtes entières de trésors» mais la sélection, qui a duré plus d’un an, a été ardue pour parvenir à ne retenir que 220 photographies parmi 500.000.

L’exposition est présentée de manière thématique, révélant le travail de celui qui, né en 1944 en Pologne, avait fui son pays avec sa famille alors qu’il était bébé pour s’installer à Duisbourg, dans l’ouest industriel de l’Allemagne.

Ses images, présentées sur de larges tirages, montrent souvent la beauté qu’il a pu observer dans les rues, ponts ou travaux sidérurgiques autour de lui, tout comme son intérêt pour le cinéma allemand de l’entre-deux-guerres.

Son shooting le plus récent ? Un entrepôt abandonné du port de Rotterdam.

À côté des tirages sont aussi présentées des notes couvertes de taches de café, des lettres de créateurs comme John Galliano, de vieux films ou même des sandales, signées par un mannequin.

L’exposition s’est tenue au musée Kunsthal de Rotterdam et ensuite à Munich, en Allemagne.


AFP/VNA/CVN

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